Hier, dimanche 24 janvier 2021, Félix Tshisekedi (Fatshi) a totalisé deux années depuis son accession à la Magistrature suprême du pays. Ce jour, il reprenait le flambeau de commandement des mains de son prédécesseur, devant la Cour suprême de justice et des témoins venus de pays étrangers. Un anniversaire passé sous silence, vraisemblablement en raison de son bilan peu reluisant, le parcours du régime Tshisekedi ayant, pendant ces deux premières années, échoué sur la mauvaise foi de son « allié » de circonstance, le Front commun pour le Congo (FCC).
Pesanteur
En dépit d’une prétendue « passation pacifique et civilisée » du pouvoir, le chef de l’Etat n’a de cesse, pendant cette période, essuyé les attaques, les crocs-en-jambe d’un « allié » sournois et hypocrite. Fort heureusement, le président de la République est parvenu à desserrer l’étau en jetant en pâtures le regroupement politique qui s’était érigé en pesanteur sur toute action du nouveau pouvoir. Non seulement Fatshi hérite d’une situation chaotique sur tous les plans, mais il doit faire face à des pièges de tous ordres qui tire son régime vers le bas. En clair, les prédécesseurs se montrent hostiles à l’impératif du changement afin de se départir des tares qui ont été à la base du divorce d’entre le régime Kabila et la population.
N’est-ce pas vrai qu’en dépit de la passation pacifique et du deal qui en était résulté, Félix Tshisekedi était obligé d’affirmer urbi et orbi son souci primordial de « déboulonner » le système hérité de son prédécesseur ? Oui, comme les cultivateurs se donnent du temps pour défricher la surface arable, les deux premières années de Fatshi auront été plus consacrées à « dessoucher » les antivaleurs, les écueils placés sur son parcours par ses « alliés » de fortune.
Ainsi, en termes de bilan, l’on peut retenir en premier lieu, la chute de la famille politique (PPRD-FCC), connue à juste titre comme ennemi numéro un du bien-être du Congolais. Une œuvre titanesque ayant coûté au président Félix Tshisekedi deux années de patience, de contre-coups, d’humiliation pour enfin venir à bout de la « grande bête ». Comme diraient des chrétiens congolais. On dirait un sacrifice d’un Félix Tshisekedi déterminé, non seulement à donner un contenu à son passage à la tête du pays, mais aussi à remettre les terres de ses ancêtres sur l’orbite du développement, à l’instar d’autres pays du continent.
Point d’alibi
Il n’en demeure pas moins vrai que tout pas réalisé en avant génère un nouveau défi pour le chef de l’Etat. Ainsi, après avoir défait le nébuleux FCC de triste souvenir, Félix Tshisekedi se voit ôté tout excuse – du moins dans l’opinion populaire – de justifier tout le moindre échec dans un seul secteur de la vie nationale. La sécurité attendue à l’Est du pays, la relance économique au travers le retour des investisseurs, le développement de l’agriculture par la réhabilitation des routes de desserte, l’amélioration de la qualité des soins de santé, de l’éducation comptent parmi les chantiers servant de thermomètre à l’action du président de la République.
On peut toutefois saluer les premiers résultats incarnés par l’affirmation de l’indépendance de la justice, la liberté d’expression, l’absence de détenu politique. Il faut souligner l’importance pour le chef de l’Etat de s’entourer de compétences avérées et partageant sa vision politique. Fatshi ne saurait tout faire seul ; il lui serait utile, ce faisant, de se débarrasser de simples courtisans qui pullulent dans son pré-carré avec une conduite qui frise la trahison. Ces derniers constituent, jusqu’à présent, des obstacles certains à la démarche du chef de l’Etat.
Le ver dans le fruit
Autant Félix Tshisekedi est invité à bien gérer la transhumance saluée par tous, autant il lui serait plus utile de recourir aux mêmes ressources psychologiques pour passer un coup de balai dans sa cour. Seul aux commandes et sur tous les dossiers, mêmes élémentaires, le chef de l’Etat use trop sa santé, comme il l’a reconnu lui-même. La parade réside ainsi dans le recours à des technocrates bien rodés et capables de réaliser des prouesses, quitte à rendre compte opportunément au Président de la République. Autrement, le Président Tshisekedi se retrouvera devant un nouveau mur contre la mise en branle de son programme !
A lire dans le numéro 1099 du Quotidien La République