Au moins quatre personnes ont été tuées vendredi dans des violences entre partisans d’un chef coutumier défunt et forces de l’ordre à Kananga, dans le centre de la République démocratique du Congo, a-t-on appris de sources concordantes.
Capitale de la province du Kasaï-Central, Kananga est le théâtre depuis septembre 2016 de violences à répétitions entre miliciens du chef Kamwina Nsapu, tué dans une opération de police le mois précédent après avoir contesté l’autorité du pouvoir central, à Kinshasa.
« Quatre miliciens ont été tués, cinq autres blessés et deux policiers ont aussi été blessés par balles », a déclaré à l’AFP Martin Kabuya, député national élu du Kasaï, joint par téléphone de Kinshasa.
Le drame s’est produit « pendant que nous étions en audience auprès du gouverneur de province », a ajouté M. Kabuya, membre d’une délégation officielle missionnée par le gouvernement pour « essayer de mettre un terme » à la violence.
« Aux environs de 14h00 (12h00 GMT) (…) j’ai vu deux colonnes d’une vingtaine » d’hommes et de femmes habillés comme les partisans de Kamwina Nsapu (bandeau rouge autour de la tête ou brassard de même couleur) « se diriger vers le gouvernorat » avant que des policiers et des soldats n’ouvrent le feu sur eux, a rapporté à l’AFP un habitant joint par téléphone, affirmant que les fidèles du chef coutumier étaient « non armés ».
« J’ai compté cinq corps » (morts, ndlr) dans le périmètre autour du gouvernorat. Un autre habitant, joint également par téléphone, a affirmé avoir vu « quatre corps sans vie présentant des traces des balles ».
Selon M. Kabuya, les partisans de Kamwina Nsapu « sont sortis pour protester contre l’arrivée du Premier ministre », Samy Badibanga. Ils « demandent le départ du gouverneur » de province, Alex Kande, qu’ils tiennent pour responsable de l’élimination de leur chef, a ajouté le député.
Originaire du Kasaï, M. Badibanga a pris ses fonctions en décembre. Sa venue avait été annoncé à Kananga pour jeudi, mais sa visite a finalement été annulée.
Après plusieurs années passées en Afrique du Sud, Kamwina Nsapu, médecin âgé d’une trentaine d’années, était rentré en avril 2016 en RDC, où il avait lancé des appels à l’insurrection et à la « libération du Congo ». Selon l’ONU, 140 personnes au moins ont été tuées dans des affrontement entre les forces de l’ordre et ses partisans.