La conférence épiscopale congolaise (CENCO) réaffirme son engagement de médiateur entre le gouvernement de Kinshasa et l’opposition, malgré les tensions croissantes, et s’inquiète de la multiplication des foyers de violences dans le pays.
Dans un message intitulé « non au blocage ! », publié à l’issue de son assemblée plénière extraordinaire, la CENCO revient sur la crise politique qui prévaut dans le pays depuis quelques mois, suite à la non-tenue d’élections et le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Un accord de principe a été signé in extremis le 31 décembre dernier, sous l’égide de la CENCO, mais «peine à se conclure», note le message. En cause, plusieurs points de divergence tels que le mode de désignation du Premier ministre et la répartition des portefeuilles ministériels. Les évêques insistent sur la nécessité d’un «dialogue franc, basé sur la bonne foi et la confiance mutuelle», et rappelle aux deux parties que « la recherche du bien commun va bien au-delà des intérêts privés».
Cette situation de blocage, note la CENCO, « se manifeste par l’impatience et la montée de tension », même à son égard. Depuis ces derniers jours en effet, des actes de vandalisme se multiplient contre des églises catholiques dans le pays. Pour les évêques, ces actes de violences et d’intimidations sont «le fruit des manipulations dirigées contre l’Eglise catholique pour des raisons inavouées». La CENCO rappelle qu’elle ne tient que le rôle de médiateur, et ne peut donc être tenue responsable du blocage actuel. Malgré ces tensions, les évêques se disent décidés à «accompagner le peuple congolais dans la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre».
La conférence épiscopale de RDC exprime enfin son inquiétude devant la multiplication des foyers d’insécurité dans tout le pays, citant les violences récurrentes dans le Nord-Kivu, le Tanganyka, ou celles survenues plus récemment dans les régions du Kasaï, Kasaï-central et oriental. Autant d’événements qui «donnent à penser à un plan de balkanisation de la République démocratique du Congo». Dans ces zones, les évêques déplorent des milliers de morts, «l’instrumentalisation des mineurs» souvent enrôlés pour se battre, le «manque d’assistance humanitaire et le risque imminent de famine». Cette conjonction de violences n’est pas un hasard, selon la CENCO qui redoute une «planification en vue d’empêcher la tenue d’élections».