Les meurtres par balle en avril de cinq cambistes, non élucidés, provoquent depuis samedi des heurts entre manifestants et forces de sécurité dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris lundi de sources concordantes.
Pendant le mois d’avril, cinq cambistes ont été tués par balle, séparément, par des inconnus sur leurs lieux d’échange d’argent dans la cité de Mahagi, chef-lieu du territoire de Mahagi, dans la province de l’Ituri, frontalière avec l’Ouganda.
L’absence d’enquête de la police sur ces cinq meurtres à bout portant a provoqué la colère des jeunes de la région.
« Des routes ont été barricadées, le poste de douane n’a pu fonctionné, bref des dérapages ont été enregistrées depuis samedi à Mahagi dans les manifestations contre les meurtres de cinq cambistes », a déclaré à l’AFP Pacifique Keta, vice-gouverneur de la province de l’Ituri.
« Lundi, l’armée appelée en renfort et la police elle aussi renforcée ont mis fin aux tentatives de pillages et travaillent pour la consolidation du calme revenu », a-t-il ajouté.
« Des jeunes manifestants de Mahagi, qui protestaient contre les assassinats répétés de changeurs de monnaie (cambistes), ont saccagé le bureau de l’ANR (Agence nationale des renseignements), le commissariat de police et plusieurs autres édifices publics en trois jours de tensions toujours perceptibles ce lundi », a déclaré Louis-David Kisangano, secrétaire rapporteur de la coordination de la société civile du territoire de Mahagi.
Selon lui, « ces cambistes ont été tués à bout portant, sans émouvoir la police et sans que la justice ne réserve une suite quelconque ».
« Nous comptons organiser dès la semaine prochaine des procès à Mahagi parce que quelques suspects ont été appréhendés », a cependant affirmé le vice-gouverneur Keta.
Riche en or, l’Ituri a été le théâtre de violences intercommunautaires attisées par des milices pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003). L’intervention militaire Artémis de soldats de l’Union européenne (essentiellement français) met fin au conflit.
Au moins quatre chefs de guerre accusés d’être à la base de ces violences sont poursuivis ou ont été déjà condamnés par la Cour pénale internationale (CPI).
(AFP 02/05/17)