Plusieurs dizaines de détenus se sont échappés d’une prison située au sud-ouest de Kinshasa dans la nuit de jeudi à vendredi, moins de 48 heures après une spectaculaire évasion dans la capitale congolaise, selon des sources concordantes.
« Sur les 74 détenus que comptait la vétuste prison de Kasangulu, 68 se sont évadés » vers 01h00 du matin, a déclaré à l’AFP Jean-Claude Vuemba, député de cette cité rurale de la province du Kongo-central située à environ 40 km au sud-ouest de la capitale.
Dix d’entre eux ont ensuite été « récupérés », a précisé cet élu d’opposition, dénonçant les conditions de vie des détenus. « Ils n’ont pas à manger, les malades ne sont pas soignés ».
Jointe plus tôt dans la matinée, une militante locale d’une ONG de défense des droits de l’Homme avait déclaré avoir « visité la prison avec les autorités ». « Nous avons vu seulement quatre personnes dont deux femmes », avait-elle dit.
Selon cette militante et M. Vuemba, aucun mort ou blessé n’a été signalé.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la police nationale a seulement indiqué que des enquêteurs avaient été envoyés de Kinshasa pour s’enquérir de la situation sur place.
Mercredi matin avant l’aube, la prison centrale de Makala, à Kinshasa, a été attaquée dans des circonstances non élucidées, provoquant une évasion massive de détenus.
Alors que certaines source évoquent la fuite de plus de 4.000 personnes (soit environ la moitié des effectifs de cette prison très largement surpeuplée), les autorités n’ont fourni aucun bilan sur cet incident dans lequel au moins huit personnes ont trouvé la mort, selon une source officielle.
Le gouvernement a accusé les adeptes de Bundu Dia Kongo (BDK, « Royaume du Kongo » en kikongo), un mouvement politico-religieux sécessionniste, d’être responsables de l’assaut contre le pénitencier, qui a conduit à l’évasion de leur chef, Ne Muanda Nsemi.
Député de Kinshasa, Ne Muanda Nsemi est originaire du Kongo-central. Son mouvement est accusé d’une série d’attaques contre des symboles et des représentants de l’État au début de l’année dans cette province.
Il avait été arrêté début mars après avoir appelé à un soulèvement contre le président Joseph Kabila, dont le mandat est échu depuis décembre, mais qui se maintient à son poste dans un climat de tension politique exacerbée par une recrudescences des troubles dans plusieurs provinces du pays.
M. Vuemba appelle néanmoins a ne pas dresser un parallèle trop rapide entre les évasions de Kinshasa et celles de Kasangulu.
(AFP 19/05/17)