Il ne fait l’ombre du doute que la crise politique en Rdc a emprunté un tournant décisif après le constat général des atermoiements et écueils dressés sur la voie de la mise en application effective et totale des prescrits de l’Accord de la Saint Sylvestre par la partie au pouvoir. Le déplacement en masse des acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et des mouvements citoyens vers des capitales occidentales s’abreuve dans le constat d’échec des négociations entre Congolais devant – espérait-on – résorber la crise consécutive à la non organisation des élections (présidentielle, singulièrement) dans les délais constitutionnels.
La solution est donc loin de jaillir de la palabre africaine, comme d’aucuns l’avaient prétendu en son temps pour justifi er la convocation d’un Dialogue national biaisé sur l’autel d’agendas cachés. Tournons plutôt le front vers l’extérieur, les arbitres et faiseurs de rois, en dépit de l’alibi de « souveraineté nationale constamment rabâché ! Cet échiquier bipolaire semble acquis aux deux camps. Si le pouvoir a naturellement trouvé des béquilles dans les amitiés africaines, bâties sur la culture de conservation du poste sur fond de violation des textes et règlements du pays, l’opposition grappille dans la sphère occidentale supposée ouverte à la vertu démocratique.
Kinshasa se sent requinqué par le soutien obtenu de l’Union Africaine et de la SADC – qualifiés de syndicats de présidents africains en fonction – , ainsi que d’une partie des pays asiatiques, dont la Chine, alors que Paris a vé- ritablement déroulé le tapis rouge pour les chantres de l’alternance. Tout un symbole quand le Manifeste du citoyen congolais doit sortir des cuisses du siège de la FIDH dans la capitale fran- çaise ! Il faut être naïf pour gaspiller pareille opportunité. Moral requinqué, les dirigeants du Rassemblement se sont portés à l’assaut de la Maison blanche pour une offensive de charme. Avec un argument massue : le désir de tous les Congolais de vivre une alternance pacifi que de pouvoir !
On sait que la communauté internationale a assez investi dans le processus démocratique en Rdc, depuis les concertations de Lusaka, en Zambie, ancêtre des Accords de Sun-City, en Afrique du Sud, à la base de la réunifi cation du pays et du recul de la guerre. Les capitales occidentales seraient-elles prêtes à cracher sur un aussi précieux investissement ayant englouti le fruit des contribuables de leurs pays ? Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi ont bonne conscience du respect qu’accordent les dirigeants occidentaux au fonds venant du sacrifi ce de leurs concitoyens.
Aussi prêchent-ils constamment la vertu dé- mocratique à instaurer en Rdc au travers le respect de la Constitution qui, dans le cas actuel, prône l’alternance au bout de deux mandats. Un dénominateur commun partagé presque intuitivement par Washington, Paris, Londres, Bruxelles, Ottawa…D’où le succès récolté par le duo Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi dans le pays de l’oncle Sam déterminé à accompagner ce nouvel espoir d’une gouvernance démocratique en Rdc. Désormais, les plus importants interlocuteurs de Washington sont ces deux personnes qui jouissent, à n’en point douter, d’une popularité au sein de l’opinion nationale.
D’où l’arrogance de ce jeune Turc qui refuse de tendre la perche à l’adversaire, en acceptant par exemple le poste de Premier ministre en ce moment. « La kabilie doit se dédouaner seule », lance Félix sur un ton moqueur. « Il a eu l’occasion d’organiser les élections en 2016 et de partir avec les honneurs, il ne l’a pas fait. Il a eu une petite chance de sauver sa peau grâce à la Cenco, il a gaspillé cette chance. On ne peut pas continuer avec un tel interlocuteur », rappelle le secrétaire général adjoint de l’UDPS.
Plus de prolongation
En guise de riposte aux atermoiements et aux ballons d’essai pour un nouveau glissement en douceur, le président du Rassemblement rappelle : « pour nous, la limite c’est le 31 décembre, mais bien avant, nous allons monter en puissance pour qu’avec la pression, après le 31 dé- cembre nous n’ayons plus Joseph Kabila à la tête du pays ». Ce faisant, le Rassemblement écarte toute opportunité d’un 3ème dialogue comme le suggèrent certaines langues, d’autant que l’interrogation principale se décline en termes de matière à traiter, après les rendez-vous de la cité de l’UA et du Centre interdiocésain. Aussi la plateforme promet-elle d’user de la résistance jusqu’à trouver gain de cause.
Le duo prend appui également sur la force intérieure qu’incarnent les mouvements citoyens et l’église catholique. Accordant leur tempo, ces compatriotes, à la base du Manifeste du citoyen congolais, invitent les Congolais à plus d’engagement pour obtenir l’alternance tant rêvée. Sindika Dokolo, géniteur du nouveau mouvement citoyen baptisé « Les Congolais debout » compte parmi les personnalités à avoir signé ce document lancé à partir de Paris, en France. Le fi ls de l’ancien banquier Dokolo Sanu, offre sa contribution au travers son mouvement de masse, organisé non pas autour de personne mais autour de certaines valeurs, à un moment où notre pays est vraiment en danger.
Dans le même registre se retrouve l’abbé Joseph Lukelu, de France qui, dans un message vidéo, exhorte les Congolais à rejoindre l’esprit du Manifeste afi n de desserrer l’étau de la misè- re sur le peuple congolais. Il rappelle le message de l’église catholique, au travers la Cenco, qui invite le peuple congolais à se mettre debout et à prendre son destin en main. Ce message est également celui contenu dans le Manifeste. Aussi convie-t-il les sœurs religieuses, les prêtres à vulgariser le Manifeste, à en assurer la sensibilisation afi n que ça devienne une affaire de plusieurs millions de Congolais, question de chasser ce pouvoir qui nous a plongés dans la honte, la pauvreté, le chômage…Le prélat catholique prévient cependant sur le caractère citoyen et pacifi que de « Debout Congolais ». Le mouvement exclut ainsi dans ses stratégies la violence, les pillages mais prône une action effi cace en vue d’obtenir une alternance en douceur !