Quarante-huit heures après la répression sanglante des marches des chrétiens, organisées dimanche à Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC, le général Sylvano Kasongo Kitenge, commandant de la police dans la capitale congolaise, s’explique.
Une fois de plus, c’est dans le sang que des manifestations anti-Kabila ont été réprimées, le dimanche 31 décembre, à Kinshasa. Au moins cinq personnes sont décédées, selon le dernier décompte des Nations unies. Ce jour-là, un an exactement après la signature du compromis politique dit de la Saint-Sylvestre, des chrétiens catholiques avaient prévu de descendre dans les rues de la capitale congolaise et des autres villes de la RDC, pour réclamer la mise en oeuvre intégrale de cet accord, conclu sous l’égide des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Le texte prévoyait, entre autres, une gestion consensuelle du pays et une prolongation d’une année minimum du règne du président Joseph Kabila, dont le second et dernier mandat constitutionnel est arrivé à terme le 19 décembre 2016. Mais l’élection de son successeur se fait toujours attendre. Et des mesures de décrispation politique prévues n’ont pas suivi, malgré les recommandations répétées du Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres partenaires internationaux du pays.
Face à ces manifestants, le pouvoir avait dépêché des policiers et des militaires lourdement armés. « La police n’a fait que son travail », soutient le général Sylvano Kasongo Kitenge, chef de la police à Kinshasa.
Jeune Afrique : Quel bilan définitif et officiel faites-vous de ces marches des chrétiens réprimées, le dimanche 31 décembre, à Kinshasa ?
Général Sylvano Kasongo Kitenge : Il y a eu deux morts à Matete [commune située dans le sud de la ville de Kinshasa, ndlr], mais ces personnes n’ont pas été tuées par la police. Nous ne savons pas comment elles sont mortes. En tout cas, ce sont leurs amis Kuluna (membres des gangs à Kinshasa) qui ont emmené leurs corps à la paroisse de Matete. Nous disposons de l’aveu du curé qui l’atteste sur un enregistrement.
C’est d’ailleurs parce qu’il était dans la panique que ce curé a appelé la Monusco. Et sans attendre un procès-verbal de magistrats, comme c’est exigé dans ce genre de circonstances, ces corps ont été levés. Sans procédure judiciaire en amont !