Le député national, élu de la ville de Mbuji-Mayi, voit dans les manœuvres de la CENI une tentative de permettre à Joseph Kabila d’achever frauduleusement un troisième mandat.
« A l’heure actuelle, le peuple congolais commence à prendre conscience de ses responsabilités sur la situation du pays, étant donné que la population constate de plus en plus que ceux qui dirigent aujourd’hui le Congo ne respectent pas les droits de l’homme, ni la Constitution.
Par conséquent, ce peuple se prend en charge ». C’est en ces termes que le député national Alexis Mutanda, élu de la ville de Mbuji-Mayi, a vite fait de réagir devant la presse lundi dernier, après la seconde marche pacifique organisée le 21 janvier 2018 par les laïcs catholiques à travers le pays. Marche qui a été réprimée dans le sang, comme en témoignent les morts, de nombreux blessés et arrestations enregistrés dans les rangs des manifestants.
Pour l’Ingénieur civil Alexis Mutanda, à travers les marches des 31 décembre et 21 janvier, le peuple congolais s’est remis en route pour réclamer sa conviction politique, balayant ainsi l’opinion selon laquelle « le peuple Congolais serait peureux ».
Alors que le pays se trouve dans une année électorale, l’élu de Mbuji-Mayi a indiqué que le grand souci du peuple congolais est de faire barrage aux subterfuges utilisés pour favoriser le glissement de mandat du président Kabila, et même lorsque celui-ci cherche à réviser la Constitution.
Et d’ajouter « les élections devaient avoir lieu en décembre 2016, on nous a dit qu’avec l’Accord de la Saint Sylvestre elles seraient finalement organisées en décembre 2017, et maintenant ces élections sont reportées en décembre 2018. Cela fait déjà 2 ans de glissement », a fait remarquer le député national Alexis Mutanda.
Parlant des contraintes que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) évoque pour l’organisation des élections, l’élu de Mbuji-Mayi sur la liste UDPS dira : « ils sont entrain de préparer encore une année supplémentaire, pour que M. Kabila puisse terminer son 3ème mandat d’une manière frauduleuse ».
Selon Alexis Mutanda, le peuple congolais a bien compris ces astuces. C’est pourquoi il n’hésite plus à descendre dans la rue à chaque appel. Et d’ajouter : « le peuple ne peut pas désespérer de son sort. Car, un peuple brave est celui qui prend sa destinée en mains. Ce peuple a compris le sens historique de ses responsabilités ».
Que faut-il attendre de la communauté internationale ?
Concernant l’appel lancé par la Communauté internationale au gouvernement pour éviter la violence et garantir la liberté de manifester du peuple Congolais, le député national Alexis Mutanda pense que cette liberté n’a jamais existé pour les Congolais. « S’il y avait réellement la liberté et le respect des droits de l’homme en RDC, personne ne descendrait dans la rue.
Puisque cette liberté n’est pas respectée, les gens manifestent leur volonté en faisant ce qu’ils doivent faire », a-t-il déclaré. Deuxièmement, il est d’avis que « c’est une grande honte pour nous les Congolais de faire toujours intervenir la communauté internationale à chaque occasion qu’il y a un problème.
C’est comme si le peuple avait renoncé à sa souveraineté et que les autorités qui dirigent le pays les fait tout simplement sous les ordres de cette communauté internationale. On a demandé qu’on puisse respecter les droits de chacun parce que le droit de manifester est constitutionnel. Il faut donc que nos amis étrangers viennent nous répéter ce qui se trouve dans nos propres lois, alors je ne sais pas si nous devons être fiers de personnes qui nous dirigent ».
Comme certaines personnes souhaitaient l’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation de la République Démocratique du Congo (MONUSCO) lors de cette marche, l’homme politique Mutanda soutient qu’il s’agit encore d’une force internationale qui a des exigences bien déterminées.
Le peuple, renseigne-t-il, compte maintenant sur la protection de la MONUSCO du moment où il est tué par les militaires de sa propre armée et les éléments de sa propre police sous les ordres de ses propres autorités administratives et politiques. « Il faut comprendre évidemment que ce peuple est réellement abandonné à lui-même », a fait remarquer le député National.
Interrogé sur la coupure du réseau internet, des SMS et son entrave sur le fonctionnement de son groupe de presse, le PDG de CNTV-La Tempête des Tropiques-Trinitas FM, reconnait l’évidence des choses, avant de souligner que plusieurs autres entreprises en pâtissent également. « Les communications ne sont pas faites pour être coupé, surtout que cela se fait de manière illégale », déplore-t-il.
A la question de savoir sur des solutions à trouver en vue de sécuriser la population pendant la marche, le SG honoraire de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) note qu’il faut tout simplement respecter les droits constitutionnels de chaque citoyen. Lorsqu’un président de la République prête serment sur la Constitution ou la Bible, il s’agit d’un engagement réel non pas une formalité.
Face à la répression des manifestants dans le pays, M.Mutanda a fait référence d’un rapport de Human Rights Watch (HRW) sur des événements de décembre 2016 pour signifier « ce que nous sommes en train de vivre, c’est la reproduction exacte de ce qui s’est passé en décembre 2016 lorsque le pouvoir en place avait fait appel aux combattants de M23 pour pouvoir réprimer les manifestations ».
Dans le souci d’éveiller la conscience collective, il a également fait mention d’un rapport élaboré par Honoré Ngbanda où il parlait du fonctionnement de réseau d’infiltration et du système d’occupation de la RDC par certains pays voisins directs.
Cette étude, révèle le député National, montre à quel point plusieurs structures nationales ont été infiltrées . Et de conclure « ce sont les sujets de préoccupation et le peuple Congolais a vraiment du pain sur la planche pour remettre le train sur le rail ».
(mediacongo.net)