Vingt-trois personnes ont été tuées en trois jours d’affrontements entre communautés d’une région de l’est de la République démocratique du Congo théâtre de fréquentes violences meurtrières pour le contrôle des terres, selon le décompte fait mercredi à l’AFP par un responsable local.
« Au total, nous avons enregistré depuis dimanche la mort de seize civils et sept miliciens », dans des affrontements entre Hutu d’un côté, Nande et Hunde de l’autre, a déclaré à l’AFP François Bakundakabo, délégué du gouverneur du Nord-Kivu dans le territoire de Rusthuru.
Dans l’attaque du village Mutanda par des Maï-Maï Nyatura (miliciens hutu) dimanche, « neuf civils et deux miliciens ont trouvé la mort. Lundi, lors de l’attaque de Bwalanda quatre civils et cinq miliciens étaient tués et mardi à Kikuku, il y a eu trois civils tués », a indiqué M. Bakundakabo.
Après une légère accalmie, depuis mi-février, il est constaté un nouveau regain de violence. Dans un précédent bilan lundi, il était fait état de neuf morts à Bwalanda (quatre civils et cinq miliciens).
En 2017, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans des affrontements entre ces communautés de la région.
Située dans le territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, les localités de Bwalanda, Mutanda et Kikuku sont habitées par les communautés hutu, nande et hunde. Ces trois communautés s’affrontent régulièrement pour le contrôle des terres.
Nande et Hunde accusent les Hutu congolais, considérés comme des étrangers, de soutenir les rebelles hutu rwandais de Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Les Hutu congolais, qui ne nient pas être à la recherche de nouvelles terres agricoles, accusent les Nande et les Hunde de violer leur droit constitutionnel à la liberté d’installation.
Nande et Hunde accusent les hutu congolais d’être des complices des rebelles hutu rwandais réfugiés dans l’est de la RDC après le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Certains de leurs chefs sont accusés d’avoir pris une part active au génocide.
La partie orientale de la RDC est déchirée depuis plus de 20 ans par des conflits armés entre divers groupes et communautés, alimentés par des différends fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières et des rivalités entre puissances régionales qui tirent profit de cette instabilité.