Le porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé vendredi 08 août 2014 à Kinshasa que « le président Joseph Kabila a le droit de choisir le jour qu’il va se prononcer » sur l’élection présidentielle prévue constitutionnellement en 2016.
« A Washington, le président Joseph Kabila n’a pas jugé opportun de se prononcer là-dessus. Il attend que la majorité présidentielle se réunisse et puisse se prononcer (sur la question de la présidentielle). Le jour qu’il va décider de se prononcer, il se prononcera. Il a le droit de choisir le jour qu’il va se prononcer », a déclaré Lambert Mende Omalanga, ministre des Médias.
Il répondait à une question de la presse et – par-delà son cabinet de travail de la commune de la Gombe – aux leaders de l’opposition politique et à tous ceux qui reprochent au chef de l’Etat rd-congolais de ne vouloir « pas se prononcer ».
En effet, ils l’accusent d’entretenir un « silence » autour de « sa position » relative à « sa candidature (supposée) ou non à la présidentielle de 2016 à la fin de son 2ème mandat présidentiel ».
Aux termes de l’article 70 de la Constitution congolaise, « le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ».
Et c’est de cette disposition constitutionnelle qu’est née, au sein de l’opposition politique et de la société civile rd-congolaises, la polémique selon laquelle la majorité présidentielle tenterait de « modifier la Constitution pour vider l’article 220 de sa substance pour accorder un troisième mandat au président Joseph Kabila en 2016 ».
« Au moment où le président de la République, Joseph Kabila Kabange participait sur invitation de son homologue américain Barack Obama au Sommet qui a réuni dans la capitale fédérale des Etats-Unis une cinquantaine de chefs d’Etat du continent, une controverse a enflammé l’arène politique à Kinshasa, les interprétations les plus diverses ont été entendues sur l’objet de cette conférence, sur son déroulement et sur ses conclusions », a rappelé vendredi Lambert Mende.
Il a relevé qu’« à en croire certains, les cinquante leaders africains sont allés rencontrer le président Obama pour parler des inquiétudes des opposants au régime du président Kabila quant à la perspective de modifier la Constitution du 18 février 2006 et de voir l’élu de 2006 et 2011 se représentait à l’élection présidentielle de 2016 ».
« Une révision de la Constitution est projetée. Nos collègues de l’opposition radicale estiment que ce serait une violation de celle-ci. Nous avons déclaré au forum du NED que cette position n’était pas recevable dans la mesure où la constitution elle-même prévoyait qu’elle peut être révisée », a-t-il indiqué.
« Une révision constitutionnelle est parfaitement justifiée dès lors qu’elle se destine à faire rimer démocratie, facilitations institutionnelles (en ce comprises les économies de moyens) et stabilité dans le pays et qu’elle respecte les mécanismes prévus à cet effet », a soutenu le porte-parole du gouvernement congolais.
Lambert Mende a fait remarquer que, « du reste, en 2006, quelques jours après le référendum constitutionnel, la Conférence épiscopale de l’Eglise catholique de RDC, qui remettait en cause le fait que ce texte était le fruit d’un consensus entre belligérants, avait engagé les assemblées parlementaires à élire par la suite à le revisiter ».
La RDC, « un Etat différent des autres »
« Pourquoi le président Joseph Kabila ne se prononce-t-il pas, comme l’ont fait les présidents congolais et burkinabè qui ont déclaré qu’ils vont modifier la Constitution pour parachever leur vision ? », telle est la question posée par la presse au ministre Mende.
« Ce n’est pas la même chose que les autres. Nous sommes un Etat différent. Nous sommes différents des autres », a-t-il expliqué.
A la question de savoir s’il pense que « le président Joseph Kabila va tout faire pour se représenter en 2016 », Samy Badibanga dit être convaincu qu’« il essaiera ».
Dans un entretien avec Jeune Afrique, vendredi 17 juillet 2014 à Paris (France), le député national de l’Union pour la démocratie et le progrès social et président du groupe parlementaire UDPS et Alliés (opposition) se dit convaincu que « le président Joseph Kabila va tout faire pour se représenter en 2016 ».
« Mais sur ça, nous comptons avec la pression intérieure que nous faisons au niveau de l’opposition et les pressions extérieures aussi au niveau de la communauté internationale », a indiqué Samy Badibanga.
Toutefois, il a estimé que la pression de la communauté internationale sur le pouvoir n’est pas assez forte, trouvant qu’« ils n’en font pas suffisamment ».
« J’ai eu l’occasion de rencontrer les différentes autorités en Belgique, à Paris et même à Londres. J’ai eu la possibilité de le leur dire en face qu’ils devaient continuer avec des pressions. Et je pense même qu’on doit passer du stade des souhaits à celui des conditions, et voire même à une phase des sanctions », a-t-il souhaité.
Via Le Potentiel