La Ligue congolaise de lutte contre la corruption appelle les nouveaux dirigeants de la société des chemins de fer, tous deux d’ex-opposants, à demander un audit de l’entreprise, non seulement sur les fonds versés par le gouvernement congolais, mais aussi par la Banque mondiale. Dans un rapport dont RFI a obtenue copie, l’institution, qui avait investi dans les transports dans le pays, se plaignait du peu de résultats alors que cette société d’État était dirigée par celui qui est devenu Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Pour la Banque mondiale, le bilan à l’issue de cinq années de soutien, c’est que la situation financière à la SNCC est « malsaine ». La Société nationale des chemins de fer du Congo est même « en faillite », selon le rapport de fin de projet de l’institution, dont RFI a obtenu une copie.
Il a fallu se séparer d’un tiers des employés – quelque 4 000 –, réhabiliter des wagons et locomotives… Malgré cela, les auteurs de ce rapport se disent « hautement insatisfaits » des résultats et redoutent que les investissements ne survivent pas à la fin du projet. L’institution de Bretton Woods avait investi dans le secteur du transport en République démocratique du Congo près de 400 millions de dollars en cinq ans.
Du côté des nouveaux dirigeants nommés par Félix Tshisekedi, on dit être informé du caractère « kamikaze » de la mission confiée par le chef de l’État, mais on se dit prêt à « faire une autopsie sans complaisance » de la société d’État. Avec déjà quelques objectifs en tête : utiliser le rail pour les exportations minières et travailler à l’interconnexion, notamment avec le voisin angolais.
Pour la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco), il faut arracher un audit, non seulement sur les fonds versés par le gouvernement congolais, mais aussi sur ceux versés par la Banque mondiale, même si cela risque d’éclabousser le tout nouveau Premier ministre.
Nous réclamons qu’il y ait un audit et que les coupables soient traduits devant les tribunaux.
Du côté du FCC, la coalition pro-Kabila dont il est issu, on assure ne rien redouter d’une éventuelle enquête sur la gestion de Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Dans l’opposition, on dit attendre de voir si les nouveaux dirigeants, Gabriel Kyungu, proche de Moïse Katumbi, et Fabien Mutomb, ancien président du groupe UDPS à l’Assemblée, consacreront ou non l’impunité.
Une autre organisation, l’Observatoire de la dépense publique, dénonce elle les nominations à la Gécamines, qu’elle qualifie de « choix de la continuité et de la mauvaise gouvernance ». Félix Tshisekedi a reconduit Albert Yuma, proche de Joseph Kabila, qui a été particulièrementpointé du doigt par les ONG ces dernières années.