La tension est encore montée d’un cran, mercredi 12 juin 2019 à Kinshasa, entre les partisans de l’UDPS du président Félix Tshisekedi et ceux du PPRD de Joseph Kabila. La police a dû intervenir à plusieurs reprises pour éviter de possibles affrontements. Elle dit avoir interpellé sept « voyous », mais n’était pas en mesure mercredi soir de confirmer leur appartenance politique.
Selon le chef de la police de Kinshasa, les sièges de plusieurs partis congolais membres de la coalition Front commun pour le Congo (FCC), celle de l’ancien président Kabila, ont été attaqués mercredi. Le siège du CNC de Pius Mualibu a été saccagé. Celui de l’ARC/Original du député Charles Nawej, incendié. Des dégâts ont été constatés au siège de la Ligue des jeunes du PPRD.
Tout commence au Palais du peuple mercredi matin. Près de 300 jeunes du parti de M. Kabila, coiffés de bérets rouges ou de foulards jaunes, déposent un mémo au rapporteur de l’Assemblée nationale de RDC, à l’endroit même où, deux jours plus tôt, des partisans de l’UDPS de Félix Tshisekedi s’en sont pris à plusieurs élus pro-Kabila qu’ils accusent d’avoir outragé le nouveau chef de l’État.
« Nous avons d’abord condamné les actes de vandalisme et de barbarie orchestrés par l’UDPS, nous les avons mis en garde, relate Papy Pungu, président de la Ligue des jeunes du PPRD. Dès maintenant, nous allons lancer les actions de grande envergure sur toute l’étendue du territoire. Ils n’ont pas le monopole de la violence et encore moins de la rue. Si les autorités, qui sont appelées à protéger le bien des personnes ne le font pas, eh bien nous allons le prendre en charge. »
Dans la foulée, une partie de ces jeunes du PPRD exprime son intention de marcher jusqu’au siège de l’UDPS situé à Limete où, là aussi, des centaines de militants se sont rassemblés. La police intervient de part et d’autre pour éviter des affrontements. C’est ainsi que plusieurs sièges de partis du FCC seront pris pour cibles de violences au cours de la journée.
En fin d’après-midi, la tension restait vive à l’UDPS. Là aussi, le discours est à la défiance. « On a accepté de faire alliance avec M. Kabila, mais voyant l’allure où ses hommes sont en train de nous amener, ça ne va pas, ça ne va pas, ça ne va pas aller », confie un homme. « Nous sommes aux aguets ; si Kabila veut être en paix, qu’il dise à ses poulains de se calmer », lance un second.
De part et d’autre, des propos virulents et une volonté exprimée : en finir avec l’alliance entre leurs deux coaltions.
Sur son compte Twitter, Patrick Nkanga, rapporteur et porte-parole du bureau politique du PPRD, a annoncé la mise en place d’une cellule de crise commune aux deux coalitions FCC et Cash de Félix Tshisekedi et Joseph Kabila pour « promouvoir une désescalade et aplanir les appréhensions diverses ».
Les relations entre les deux coalitions au pouvoir se sont dégradées depuis un débat survenu vendredi dernier à l’Assemblée nationale, au cours duquel des pro-Joseph Kabila avaient remis en cause la régularité de deux ordonnances du président Tshisekedi nommant des responsables de deux entreprises publiques. Les deux coalitions peinent également à se mettre d’accord sur la composition du prochain gouvernement.