La République Démocratique du Congo est en proie à une forte tension. Le pays fait, en effet, face à une tempête de violences qui risquent de l’embraser, si l’on n’y prend garde. Les récentes nominations à la SNCC et à la Gécamines, les décisions de la Haute Cour portant validation et invalidation des députés, l’attente élastique du nouveau Gouvernement… sont là quelques points qui surchauffent déjà des esprits, à Kinshasa comme en provinces, où l’on enregistre des soulèvements en cascade. Interpellé, le Président Félix Tshisekedi est appelé à vite fixer l’opinion.
Il a fallu attendre quatre longs mois pour voir la Cour constitutionnelle trancher, enfin, le cas des contentieux électoraux, relatifs à la députation nationale. Loin d’apaiser les esprits, les arrêts de la Haute Cour ont, au contraire, donné lieu à un lever des boucliers dans les états-majors des regroupements politiques. Pour cause, la validation et l’invalidation de nombre des députés nationaux sont loin de faire l’unanimité.
C’est dans ce cadre que les partisans de la coalition Lamuka, qui se sont sentis directement visés après l’invalidation d’une vingtaine de leurs élus, sont descendus en masse dans la rue la semaine dernière pour crier leur ras-le-bol. Ils s’indignent surtout de voir écartés « leurs candidats populaires » qui, selon eux, ont recueilli beaucoup de voix. Et à la place, tous ces postulants sont remplacés par des prétendants du Front commun pour le Congo (FCC), déplorent-ils.
Ces protestations n’ont pas tardé à captiver l’attention des chancelleries occidentales. Ainsi, réagissant aux arrêts de la Cour constitutionnelle, les chefs des missions des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et de la Suisse ont manifesté leur désolation face à cette mesure qui a provoqué des mouvements de colère à travers le pays, rendant malsain le climat politique, tout en suscitant de la méfiance de part et d’autre.
L’INCIDENT DE CHARLES NAWEJI
Sur un autre registre, les nominations faites par le chef de l’Etat à la SNCC et à la Gécamines quelques semaines plus tôt n’ont pas non plus du goût de tous. Des voix se sont élevées pour décrier la procédure à laquelle a recouru le magistrat suprême pour désigner ces mandataires.
C’est dans cette optique que le député Charles Naweji du Front Commun pour le Congo est monté sur ses grands chevaux pour fustiger cette décision du Président Félix Tshisekedi, à travers une motion à l’hémicycle du Palais du peuple. Son plus grand péché aura été de se demander à haute et intelligible voix si le chef de l’Etat avait « inconsciemment » signé ces ordonnances.
QUAND LA RUE GROMMELLE…
Dans la rue, les militants de l’UDPS se sont montrés ultraviolents, tenant à manifester leur colère contre ce qu’ils considèrent comme des propos outrageants à l’endroit du chef de l’Etat. Ils ont ainsi vandalisé, à Kinshasa, à Lubumbashi, Mbuji-Mayi et Kisangani, les sièges des partis du FCC (PPRD, l’ARC…) et ce, compris le parti du député incriminé.
Loin de s’arrêter aux casses et à l’incendie des édifices qui abritent ces partis politiques du FCC, les combattants se sont attaqués aux hauts cadres de cette plateforme et à leurs véhicules, députés compris. La réplique ne s’est fait pas attendre, d’autant que les bérets rouges du PPRD ont, eux aussi, riposté. Ces incidents ont fini par donner lieu à des altercations violentes que, seule, la police a pu maîtriser.
Cette surchauffe survient dans un contexte où le pays est dans l’attente d’un Gouvernement de plein exercice. Et pourtant, un Premier ministre a été nommé depuis le 20 mai dernier. Dans l’opinion, on se perd en conjecture sur les raisons de ce retard, alors que le pays fait face à des urgences qui abondent et qu’à l’internationale, des partenaires, en quête d’interlocuteurs, s’impatientent.
Garant de l’unité, de la cohésion nationale et du bon fonctionnement des institutions, le Président Félix Tshisekedi, qui est rentré d’une mini-tournée qui l’a conduit successivement au Gabon en Guinée Equatoriale, en Tanzanie et au Burundi, est appelé à fixer l’opinion sur ces sujets majeurs.