Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, la situation en République démocratique du Congo (RDC) est à la fois satisfaisante et préoccupante, a indiqué mercredi la Représentante spéciale de l’ONU dans le pays.
« Le Président Tshisekedi a clairement exprimé son intention d’initier des réformes audacieuses, lesquelles, si elles sont totalement mises en œuvre, devraient conduire au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie des Congolaises et des Congolais », s’est félicitée Leila Zerrougui lors de son exposé devant le Conseil de sécurité.
La Représentante spéciale qui intervenait par vidéoconférence a également noté une amélioration progressive des relations entre la République démocratique du Congo et ses voisins depuis la prise de fonction de Félix Tshisekedi, soulignant que le Chef de l’État est activement engagé dans des initiatives diplomatiques afin de faire de la région des Grands Lacs « un havre de paix et de développement grâce à la promotion de bonnes relations de voisinage et d’une intégration économique régionale ».
Mme Zerrougui a toutefois regretté que le nouveau gouvernement ne soit toujours pas formé, malgré la nomination du Premier ministre le 20 mai dernier.
« L’absence d’un gouvernement opérationnel est préjudiciable à la mise en place de relations solides avec les partenaires et à la mise en œuvre d’importantes réformes de la gouvernance et des institutions, qui pourraient contribuer à la consolidation d’un processus de transition encore fragile », a averti la cheffe de la Mission de l’ONU en RDC.
La Représentante spéciale a dit avoir rencontré les principales parties prenantes à ce processus, les encourageant « à préserver les acquis engrangés lors des élections et de la passation pacifique du pouvoir et à faire les concessions nécessaires pour finaliser la composition du gouvernement ». Elle estime avoir observé des démarches constructives.
La violence demeure la principale cause des besoins humanitaires
La violence interethnique ravage la province de l’Ituri dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, causant d’importants déplacements de populations. (© UNICEF/Madjiangar)
Mme Zerrougui s’est inquiétée des violences qui persistent dans l’est du pays, y compris les attaques par les ADF, les groupes armés de Masisi et les violences intercommunautaires en Ituri, où plus de 350.000 personnes ont été déplacées et 733.000 ont besoin d’une assistance humanitaire.
« Je m’inquiète de la situation dans la province de l’Ituri où les perturbateurs alimentent les tensions ethniques en tentant de provoquer les violences intercommunautaires », a déploré la Représentante spéciale.
Elle a souligné que les violences demeurent la principale cause des besoins humanitaires en République démocratique du Congo. Le pays se retrouve ainsi confronté à de multiples situations d’urgence y compris des déplacements forcés et des menaces sécuritaires.
Epidémie d’Ebola
Un agent de santé examine un enfant potentiellement infecté par le virus Ebola dans le Centre de traitement de Beni, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 24 mars 2019 (© UNICEF/Vincent Tremeau)
Leila Zerrougui a remercié les donateurs de leur généreuse contribution dans la riposte contre l’épidémie d’Ebola qui sévit également à l’est du pays et qui a tué au moins 1.700 personnes.
Elle a expliqué que l’apparition de cas à Goma et en Ouganda, en dehors de Beni et Butembo, avait mené l’Organisation mondiale de la santé à déclarer l’épidémie une « urgence de santé internationale ».
« Je saisis cette occasion pour souligner que les problèmes rencontrés dans l’éradication de cette maladie ne sont pas seulement de nature épidémiologique, mais qu’ils sont également liés à divers facteurs politiques et sociaux, dont les activités de groupes armés tels que l’ADF et les Maï-Maï, ainsi que la méfiance persistante de la communauté envers la réponse à l’épidémie », a déclaré Mme Zerrougui.
Face à ces situations, a affirmé la Représentante spéciale, la Mission des Nations Unies pour stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) utilise au mieux les fonds mis à sa disposition, même si nos défis budgétaires poussent nos ressources à l’extrême, a-t-elle fait valoir.