« C’est un grand défi. Le président a fait confiance à notre secrétariat technique, nos experts nationaux. Nous devons mériter cette confiance et travailler sérieusement avec toute la population. Nous devons travailler ensemble pour vaincre cette épidémie d’Ebola, le plus rapidement possible », a annoncé Dr Muyembe Tamfum, l’expert congolais qui coordonne, depuis la démission du ministre de la santé en début de semaine, les opérations de la riposte de l’épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Le responsable de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), qui a eu une séance de travail avec Basile Olongo, vice-premier ministre en charge l’intérieur, indique avoir proposé au gouvernement de tout mettre en œuvre pour « que la Police accompagne les équipes de lutte, surtout lorsqu’on fait la recherche des contacts qui sont dans les zones non sécurisées ».
À cette séance de travail, ont aussi pris part les responsables des services de sécurité, de l’armée congolaise, de la Présidence de République et les membres du secrétariat technique, chargé de superviser la riposte à cette maladie.
Un renforcement de la riposte par la formation des locaux
« Notre première stratégie serait de mobiliser toute la population. Les experts nationaux et internationaux qui arrivent [au Nord-Kivu et Ituri] vont former et encadrer les locaux. Les jeunes de la faculté de médecine et des écoles infirmières seront formés, puisqu’ils parlent la langue Nande, ils seront mieux reçus dans la communauté que nous les experts extérieurs. Nous allons faire appel aux médecins, au système de santé qui existe actuellement ainsi qu’aux autorités, à la société civile. Ça sera vraiment une lutte globale », explique Dr Muyembe Tamfum.
« Nous allons vraiment nous appuyer sur les personnes que nous allons former, parce qu’ils vont devenir des spécialistes en matière d’Ebola, soit dans la surveillance, soit dans la vaccination ou même, soit dans la recherche même des cas », indique le responsable du secrétariat technique rattaché à la Présidence de la République en charge de la riposte à Ebola.
« La lutte contre ebola, actuellement, a deux goulots d’étranglement. Le premier cest le non engagement de la population. Le deuxième c’est l’insécurité. La lutte contre Ebola n’est pas seulement un problème de santé publique, mais un problème multisectoriel », explique le directeur de l’INRB.
Vaincre Ebola a tout prix, la contrainte du temps
« Le président de la République nous a accordé un temps très court. Son objectif c’est terminer, le plus rapidement possible, cette épidémie parce que nous voulons capitaliser tout ce que nous allons faire pour renforcer notre système de santé, surtout dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri », a révélé Dr Muyembe Tamfum.
La démission de Dr Oly Ilungae de ses fonctions de ministre de la santé, en début de semaine, a mis fin à la diffusion, près de trois jours plus tard, du bulletin d’information sur la situation épidémiologique de la maladie à virus Ebola dans cette partie du pays.
L’une des conséquences est que personne n’a communiqué sur l’identification des nouveaux cas, décès ou localisation. L’équipe conduite par Dr Muyembe Tamfum auprès du Vice-premier ministre en charge de l’intérieur, avant sa première mission dans ces zones touchées, est appelée à restaurer la transparence en reprenant le contrôle de l’information épidémiologique de cette maladie.
Intensification des actions du PAM dans les régions touchées Face à cette deuxième épidémie la plus meurtrière de la maladie à virus Ebola, le Programme alimentaire mondial (PAM) compte intensifier ses opérations dans les zones touchées, notamment pour y quadrupler le nombre d’écoles et doubler l’aide nutritionnelle pour les personnes atteintes par le virus et leurs contacts.
« Nous nous adaptons bien sûr à la situation. Et nous avons, en collaboration avec nos collègues de l’OMS et du gouvernement et d’autres agences, calculé que nous allons probablement ou potentiellement doubler le nombre des personnes, dans les prochains cinq mois, qui recevront de la part du PAM un support alimentaire spécifique, que nous donnons aux personnes qui contractent Ebola pu qui sont à risque de lavoir contracté, qui sont dans la période d’incubation ainsi qu’à leurs contacts. Ce qui veut dire que nous allons aider plus de 444 000 personnes dans les 5 à 6 mois qui viennent avec ce support alimentaire« , a précisé Hervé Verhoosel, porte-parole du PAM.