En République démocratique du Congo, Médecins sans frontières demande la création d’un comité indépendant pour coordonner la vaccination contre le virus Ebola. L’ONG dénonce l’opacité de la gestion des stocks de vaccins par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’organisation Médecins sans frontières pousse un coup de gueule contre la gestion du premier vaccin contre le virus Ebola par l’Organisation mondiale de la santé, accusée de faire cavalier seul. Elle dénonce « le contrôle extrême » imposé par l’OMS sur la filière de vaccination. MSF, qui note le fait que le taux de mortalité est toujours très élevé, estime qu’« un des problèmes majeurs » auxquels ils font face est le rationnement de fait du vaccin par l’OMS aujourd’hui.
« On a un désaccord important avec l’OMS, notamment sur la vaccination en RDC, explique Isabelle Defourny, la directrice des opérations de MSF. On est face à une épidémie qui continue, qui a déjà fait 3 000 malades dont 2 000 sont décédés. Donc, on est face à une mortalité extrêmement élevée, 67% de mortalité. Et ceci, malgré l’existence de traitements et de vaccins efficaces. Voilà le constat. Pour le moment, ce n’est pas celui d’une réussite, même si on sait que c’est un combat long et compliqué évidemment, la lutte contre Ebola. Et concernant le vaccin, on pense qu’il y a besoin d’un vrai changement parce qu’il est possible aujourd’hui de doubler le nombre de personnes vaccinées. »
MSF en appelle donc à la mise en place d’un comité de coordination international indépendant du vaccin. « Cela fait des mois et des mois qu’on leur demande d’avoir un débat transparent et de pouvoir travailler avec eux à la résolution de ce problème qui est à un rythme trop faible de vaccination. Et la création d’un comité indépendant international serait une très bonne chose pour réussir à délivrer à plus de monde ce vaccin qui semble extrêmement efficace », ajoute Isabelle Defourny.
Vaccin encore au stade expérimental
L’OMS se justifie en rappelant qu’ils appliquent le principe de précaution en suivant un protocole « rigoureux » pour un vaccin encore au stade expérimental. « Il ne peut donc pas être utilisé comme d’autres vaccins, explique docteur Michel Yao, coordinateur de l’OMS pour la riposte contre Ebola dans le Nord-Kivu et l’Ituri.
« Ce vaccin, n’ayant pas encore eu l’autorisation de mise sur le marché, doit être encadré par un protocole strict, poursuit-il. Il doit être approuvé par des comités d’éthique. Son utilisation ne peut pas être la même que pour d’autres vaccins en-dehors de ce protocole autorisé par un groupe d’experts scientifiques indépendants. Un vaccin qui n’a pas encore eu sa licence ne peut pas non plus être produit en grande quantité. Les quantités que nous avons nous permettent de mettre en place le protocole conseillé par le groupe d’experts scientifiques ».