Le réchauffement climatique, la paix, la sécurité, l’intolérance…autant de questions urgentes sur lesquelles le nouveau chef de l’Etat congolais devra se prononcer.
Le Président Félix-Antoine Tshisekedi parlera ce jeudi 26 septembre 2019 à la tribune de la 74ème Assemblée générale des Nations-Unies, ouverte depuis hier lundi 23 septembre à New York. Le grand oral du chef de l’Etat interviendra à 17 heures, heure de Kinshasa. Le réchauffement climatique, la sécurité, la paix, l’intolérance, les inégalités…sont autant de questions urgentes, parmi tant d’autres, sur lesquels se focalise le débat général de cette réunion.
Si pour certains Chefs d’Etat, les débats ouverts lundi procèdent d’un classique diplomatique au parfum d’une routine, ce n’est sans doute pas le cas pour Félix Tshisekedi qui, depuis son investiture le 24 janvier dernier, participe pour la toute première fois à une réunion de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Baptême de feu ? Ça y ressemble. Mais que va dire le Président rd congolais devant ses pairs ? Là est donc toute la question.
Sans anticiper, des analystes estiment d’ores et déjà que Félix Tshisekedi a dévoilé les principaux axes de son discours de jeudi, dans l’interview qu’il a accordée le dimanche dernier à TV5 Monde. A savoir la lutte contre la corruption, l’insécurité causée par l’activisme des groupes armés dans certains coins du pays, la dixième épidémie de la Maladie à virus Ebola (MVE). S’ajoutent à cela, des questions de politique interne, la coopération entre la RD Congo et ses partenaires extérieurs, la sempiternelle problématique du départ des troupes de la Mission des Nations-Unies pour la stabilité au Congo (Monusco).
Des observateurs pensent qu’après qu’il a abordé toutes ces questions, Félix Tshisekedi ne pourra pas clore son grand oral sans pour autant donner le point de vue de son pays sur le principal thème de la 74ème Assemblée générale de la plus grande organisation planétaire. A savoir le réchauffement climatique. Normal, quand on sait que la RD Congo est le deuxième poumon vert, après l’Amazonie. Alors, inutile donc de rappeler l’enjeu qu’elle représente dans la biodiversité ainsi que dans la sauvegarde d’un patrimoine universel.
BASSIN DU CONGO : UN PATRIMOINE MONDIAL MENACE
Selon des statistiques disponibles, la forêt constitue 60 % du territoire de la RDC. Soit 10 % de la surface forestière du monde et représente 90 % des besoins énergétiques du pays (10 % du PNB, 20 % du PIB). Bien plus. Le Bassin du Congo compte 480 espèces de mammifères, 1.090 espèces d’oiseaux, 350 reptiles et 11.000 espèces de plantes.
Malheureusement. La forêt du Bassin du Congo en RD Congo hissé -non sans raison- au rang de patrimoine mondial, est victime d’une déforestation constante qui présage sa disparition. Ce, à l’indifférence presque manifeste de la même Communauté internationale. Inexplicable ! On rappelle qu’en son temps, l’Ong Greenpeace avait expliqué cette déforestation comme ancrée dans l’histoire coloniale et serait à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effets de serre au niveau mondial.
A plus d’une occasion, des associations n’ont de cesse de se mobiliser dans la lutte pour un plus grand respect de l’environnement, espace vital aussi bien pour les populations et que pour un bon nombre d’espèces. Hélas. Sur le terrain, les résultats de ce combat semblent être bien maigres. Sinon, loin des attentes communes.
Par ailleurs, des sources renseignent à ce propos que depuis plusieurs années, un lent dépeçage via des permis artisanaux détournés, une exploitation intensive illégale ainsi que des trafics se sont mis en place. Résultat : le Wenge (bois noir et veiné) par exemple, concentre ainsi toutes les envies et se vend très bien dans les pays du Nord. Le pillage prend alors la forme d’une latte de parquet, une table ou tout autre objet permettant à l’industrie de se faire de l’argent sur les ressources d’un pays qui en a pourtant fort besoin.
« Un mètre cube de Wenge vaut 5 dollars américains dans la forêt lors de l’achat légal auprès des communautés locales », avait confié sous couvert de l’anonymat, un expert interrogé par Greenpeace. Ce denier ajoute qu’ « au port où le même mètre cube de Wenge sera acheminé, la taxe s’élèvera à 450 dollars et le prix de vente en Europe se positionnera entre 4 et 8.000 dollars ». Dès lors, on imagine bien le manque à gagner pour l’Etat Congolais et les populations qui en vivent.
Rappelons que le Bassin du Congo s’étend sur le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et la Guinée équatoriale. Il a fait l’objet à de nombreuses reprises de sommet sur l’Environnement. En 1999 à Yaoundé, ces pays s’étaient réunis afin d’établir des normes sur la régénération de la forêt victime de déforestation qui causait énormément de dommage à la biodiversité.
En 2002, un sommet de la Terre avait été organisé à Johannesburg en partenariat avec les Etats-Unis et la France ainsi que des pays membres de la COMIFAC (Commission des Forêt d’Afrique Centrale) afin d’établir une aide financière et une zone de protection (10 à 15 % de la forêt) en créant, notamment, des parcs nationaux (11,25 % du territoire). En 2005 encore, à Brazzaville, un traité avait mis à jour les mesures entreprises par la COMIFAC. Une taxe sur la faune et les produits forestiers exportés avait même été créé. Mais pour quelle issue ?
DES ENJEUX DIPLOMATIQUES
Sur le plan politique, la 74ème Assemblée générale des Nations-Unies se tient dans un contexte d’alternance au sommet de l’Etat congolais. Un changement de régime concrétisé par la passation civilisée de pouvoir entre un Président élu sortant, Joseph Kabila et un autre Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, élu au terme de l’élection présidentielle organisée le 30 décembre 2018.
Partant, des analystes avertis estiment que la grand’messe de New York représente de grands enjeux diplomatiques pour Félix Tshisekedi qui devra bien jouer sa carte. Car, la puissance d’un Etat est aussi fonction de sa politique étrangère. Pour la première fois au sommet de l’Etat, le Président congolais a donc le devoir légitime de nouer des relations diplomatiques avec les grandes puissances de la terre, sur fond du principe sacrosaint de respect mutuel de la souveraineté.
En ce qui concerne la sécurité interne, la 74ème Assemblée nationale de l’ONU sera sans doute, l’occasion pour Félix Tshisekedi, de solliciter l’appui de la communauté internationale, dans la traque et l’anéantissement des groupes armés qui, depuis plusieurs années, sèment terreur et désolation dans certains coins du pays. En l’occurrence le mouvement terroriste ougandais ADF-NALU et la nébuleuse FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), présents sur le sol congolais depuis plusieurs décennies.
En ce qui concerne la problématique du départ des troupes onusiennes de la RD Congo, par exemple, l’opinion tant nationale qu’internationale comprend depuis le dimanche dernier, la position de Félix Tshisekedi. Pour le président congolais, les casques bleus de la Monusco doivent encore rester pour quelques temps dans le pays, compte tenu du déficit que ce dernier accuse sur le plan logistique.
A plus d’un égard, le sommet de New York constitue une étape déterminante dans la coopération politique internationale et incite, sans doute, de vastes mouvements de soutien au cœur de l’économie réelle. Selon des sources, il s’est tenu au premier jour du débat hier lundi, une réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle. Un accent particulier a été mis sur le Sommet Action Climat, organisé par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
60 CHEFS D’ETAT SEULEMENT SUR LES 136
A en croire des sources sur place à New York, sur les 136 chefs d’État présents à New York, seulement 60 ont répondu favorablement à la nouvelle réunion d’hier sur le climat. Parmi les grands absents, le Président américain Donal Trump. « C’est pour ça qu’il a convoqué cette réunion notamment sous pression citoyenne. Le secrétaire général de l’ONU attend un vrai geste. Après l’Accord de Paris en 2015, on était tous les gagnants du loto », propos que des médias attribuent au Premier Yankee américain.
Problème : l’Accord de Paris n’est pas contraignant. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse ces dernières années, augmentant de 1,6 % en 2017 et 2,7 % en 2018. En France, elle est 4,5 % plus élevée que nos objectifs fixés. António Guterres veut des actes concrets, notamment une neutralité carbone en 2050. Il pense ensuite que cela pourra faire boule de neige.
De l’avis de certains analystes, on sentait déjà la difficulté de mobiliser. Beaucoup de diplomates n’ont pas voulu se rendre à cette réunion tout simplement parce qu’ils n’ont pas envie de se faire souffler dans les bronches. Car, pour l’instant, la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un grand succès. Toutefois, le secrétaire général de l’ONU veut de nouveaux engagements alors que les précédents n’ont pas été respectés.