RDC: quatre banques de développement visées par Human Rights Watch

quatre banques de développement visées par Human Rights Watch

Elles sont dénoncées par l’ONG pour leurs investissements dans les plantations de Feronia et sa filiale, les plantations et huileries du Congo. Il s’agit des banques BIO de Belgique, DEG d’Allemagne, FMO des Pays-Bas et CDC de Grande-Bretagne. Le constat, c’est que depuis que ces banques européennes de développement ont investi il y a cinq ans, cette société ne respecte pas les lois congolaises et les conditions de vie des employés comme des riverains de ces plantations restent extrêmement dures et leur santé est menacée.

Trois plantations sont visées. Elles sont situées dans les provinces de la Tshopo, de l’Équateur et de la Mongala et appartiennent à une filiale de Feronia, une société basée à Toronto. Malgré les investissements faits par ces banques européennes de développement, les employés n’ont toujours ni gants et ni bottes pour éviter les morsures de serpent ou d’araignée, et encore moins la tenue de protection nécessaire à l’emploi de produits chimiques et notamment les pesticides, souligne Human Rights. La plupart des employés restent payés à la journée et moins de deux dollars par jour, selon l’ONG, ce qui les maintient sous le seuil d’extrême pauvreté. Plus grave encore pour la santé publique, poursuit le rapport, deux de ces trois plantations polluent les cours et points d’eau dans lesquels les riverains boivent, se baignent ou lavent vêtements et ustensiles de cuisine.

Cent millions de dollars

Or, depuis 2013, ce sont au moins 100 millions de dollars qui ont été investis par ces quatre banques. La banque anglaise CDC qui est financée par le gouvernement britannique possède même 38% des parts de Feronia. Sur son site, en tout cas, CDC – qui a participé ces dernières années à une vingtaine de projets au Congo – assure que son investissement dans ces plantations a permis d’améliorer la paie des employés et les conditions de vie des populations riveraines.

Les banques « savent »

Pourtant, depuis septembre, l’ONG de défense des droits de l’homme a partagé ses craintes, en vain. « Nous avons partagé les résultats de nos enquêtes en septembre et leurs réponses, c’était qu’ils étaient au courant de tous les problèmes que nous posions. Ces banques savent par exemple que cette société jette ces déchets industriels et elles le savent depuis qu’elles ont investi. Elles disent simplement qu’elles se sont données comme priorité d’autres investissements à caractère social. Mais ce ne sont pas des manquements qui peuvent attendre. En particulier quand ces déchets contaminent les seules sources d’eau potable de communautés. C’est vrai qu’il y a parfois des mesures qui peuvent attendre, mais si la société a un impératif commercial à retarder la mise en place de ces mesures. Elle est dans l’obligation de mettre en place un plan défini en coordination avec les autorités environnementales congolaises pour se mettre petit à petit en conformité avec la loi. Parce que la manière dont cette société opère ne se fait même pas dans le respect de la loi congolaise », conclut Luciana Tellez-Chavez, chercheuse pour HRW.

RFI