Rentrée parlementaire : J. Mabunda et A. Thambwe pour marquer la rupture ?

J. Mabunda et A. Thambwe pour marquer la rupture

La session parlementaire de mars 2020 devra être celle de la rupture avec le passé. Ainsi, l’Assemblée nationale et le Sénat seraient jugés sur leur volonté, ou non, de faire réellement du contrôle parlementaire un vecteur de la bonne gouvernance des finances publiques. Mais, pourraient-ils faire oublier l’ancienne logique, partisane et prédatrice, qui consistait, à chaque session, à faire systématiquement obstruction au contrôle parlementaire par des motions incidentielles ?

Exigence constitutionnelle, députés nationaux et sénateurs vont reprendre, dès le 15 mars, le chemin de leur hémicycle respectif au Palais du peuple pour la session ordinaire de mars 2020.

Il s’agit d’une session de plusieurs enjeux pour les élus du peuple, tout comme pour les élus des élus, dès lors que la population attend de ses représentants la rupture avec un passé triste en vue de faire aboutir des dossiers pendants, au travers d’un contrôle parlementaire objectif et sans complaisance.

Pour y parvenir, les présidents de deux Chambres du Parlement, Jeanine Mabunda (Assemblée nationale) et Alexis Thambwe Mwamba (Sénat) doivent se départir de leur casquette des caciques de l’ancienne majorité au pouvoir sous Joseph Kabila, la même casquette qu’ils arborent encore dans la nouvelle majorité détenue par la coalition FCC de l’ancien président de la République et le CACH du président Tshisekedi. Les deux acteurs doivent plutôt jouer un vrai rôle d’animateurs institutionnels engagés sur la voie du changement.

Donner des garanties de bonne gouvernance

2ème et 3ème personnalités du pays, Jeanine Mabunda et Alexis Thambwe ont, cette fois-ci, la carte de la rupture pour différencier la législature actuelle des législatures passées, du reste, caractérisées par la théâtralisation des contrôles parlementaires. Il leur appartient de donner, à leur niveau, des garanties de bonne gouvernance ou de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ce qui implique la responsabilité du Parlement sur l’action gouvernementale.

La rupture signifie également qu’une majorité «mécanique» ne peut plus constituer un obstacle au contrôle de l’Exécutif d’une part, ou une stratégie d’étouffement intempestif des initiatives de contrôle venant de l’Opposition.

Il est temps que le contrôle parlementaire cesse d’être un «rideau de fumée » éloignant ainsi l’Assemblée nationale de sa mission de l’intérêt général pour laquelle elle a été investie par le peuple.

Vu sous cet angle, le Parlement est attendu sur le terrain pour faire réellement du contrôle parlementaire un vecteur de la bonne gouvernance des finances publiques et, aussi, un outil de lutte contre l’impunité. Il devra s’engager à assurer un contrôle parlementaire sérieux et régulier pour faire oublier à toute la République l’ancienne logique partisane qui a longtemps sapé l’estime du peuple et qui consistait, à chaque occasion, à faire systématiquement obstruction au contrôle parlementaire.

Et dans le contexte actuel, le contrôle parlementaire est attendu pour éclairer notamment sur les enquêtes judiciaires relatives à l’exécution des travaux du Programme des 100 jours du chef de l’État.L’opinion est impatiente de connaître les commanditaires de ce qui est perçu aujourd’hui dans ce Programme comme une arnaque. Le contrôle voulu efficace, à ce sujet, devra déboucher sur des sanctions au nom de l’État de droit que promet le chef de l’État Félix Tshisekedi.

Un autre dossier pendant, est celui qui porte sur les allégations d’enrichissement illicite. Il ya peu, la conférence épiscopale avait notamment déploré un «enrichissement injustifié et scandaleux» des acteurs politiques. Au parti présidentiel (UDPS), où la réaction n’avait pas tardé, le secrétariat général avait fait part de son vœu d’enquêter et, le cas échéant, sanctionner dans ses rangs…

Le président de la République dit vouloir lutter de toutes ses forces contre la corruption, laquelle fait perdre chaque année à la nation entre 15 et 20 milliards de dollars. Voici l’occasion pour le Parlement de l’accompagner dans cette bataille. Seuls les élus du peuple détiennent les armes devant leur permettre d’afficher la rigueur de contrôles parlementaires, assortis de la possibilité des sanctions inconditionnelles contre les auteurs des détournements et de la corruption.

Sinon, l’alternance au sommet de l’État n’aura rien changé dans les pratiques prédatrices décriées au Palais du peuple.


mediacongo

 

 

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