Kamerhe arrêté, le Cach au bord de l’implosion!

le Cach au bord de l'implosion!

Plateforme électorale qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir, le Cap pour le Changement (CACH) est au bord de l’implosion. La goutte qui a fait déborder le vase ? L’arrestation, hier mercredi 8 avril, de Vital Kamerhe, le Directeur de cabinet du chef de l’Etat, qui a été auditionné par le Procureur général près la Cour d’appel de Matete. Au terme de cette audition, le Dircab de Fatshi a été placé sous mandat d’arrêt provisoire (MAP).

Selon des médias et certaines indiscrétions, le leader de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) serait soupçonné de malversation financière dans la gestion des fonds mobilisés pour  »les 100 jours du Président de la république ».

En acceptant de se rendre au Parquet hier à la 4ème rue de Limete, Vital Kamerhe était loin d’imaginer qu’il allait passer sa nuit dans les geôles de Makala. Pour vices de forme, la première invitation du Procureur Général Kisula Betika Yeye Adler le convoquait, deux jours plus tôt, à une audition fixée dans le passé : le 6 mars 2020. Bien entendu, le Directeur de cabinet du chef de l’Etat a dû tempérer ses élans, en s’abstenant de répondre à cet rendez-vous… jusqu’à ce que le Procureur Général près la Cour d’appel de Matete a fini par rectifier l’erreur, en adressant à l’allié de Félix Tshisekedi un courrier fixant, cette fois, la date de l’audition au mercredi 8 avril à 13 heures.

AFFRONTEMENT ENTRE COMBATTANTS

Pendant ce temps, dehors, ses combattants de l’UNC, venus le soutenir par centaines et mobilisés comme un seul homme, se regardaient déjà en chiens de faïence avec leurs désormais adversaires de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) qui, quoique minoritaires dans la rue, tiraient à boulets rouges sur celui qu’ils considèrent comme l’auteur de l’échec du programme de  »100 jours » de  »leur » Président.
Vexés par ce qu’ils considèrent comme  »provocations », les militants de l’UNC se sont versés, à leur tour, dans des joutes verbales, avant de répliquer aux jets de pierres, ont rapporté à  »Forum des As » quelques témoins présents sur place. Loin de Kinshasa, cette guéguerre entre partisans de deux partis de la coalition au sommet de l’Etat s’est prolongée à Bukavu, bastion électoral de Vital Kamerhe, où des inconditionnels de  »Mopepe ya sika » s’en sont pris au siège de l’UDPS, renseignent des sources locales.

REUNION DE CACH SANS VITAL

Pourtant, dans une correspondance de la Direction politique nationale de l’UNC datée du 7 avril et portant la signature du Secrétaire général ai, l’honorable Aimé Boji Sangara, il était demandé aux cadres et militants du parti d’observer  »la discipline » et de rester  »solidaires » à l’alliance UDPS-UNC, à travers la coalition CACH, pour  »garantir la réussite de l’action du chef de l’Etat ».

C’est d’ailleurs le même honorable Aimé Boji Sangara, conduisant hier une délégation de l’UNC à la réunion de CACH qu’a convoquée Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine, en l’absence de Vital Kamerhe, qui a rassuré que  »la coalition se porte plutôt bien ».
Visiblement souriant comme les cinq autres membres de sa délégation qui l’ont accompagné auprès de Fatshi, l’honorable Aimé Boji donnait plutôt un air optimiste, décontracté devant les médias. « Regardez, dit-il, les visages des camarades qui m’accompagnent. Ils sont tous souriants. Ce qui veut dire que la coalition se porte bien ».

Face à la presse, il a curieusement soutenu qu’il n’existe jusque-là aucune dissension au sein de cette coalition au pouvoir. Ce qui, selon lui, explique le climat détendu qui a caractérisé cette rencontre avec Félix Tshisekedi. Mais, de quoi ont-ils parlé ? Aimé Boji use de la langue de bois. « C’est normal que les gens d’une même coalition se rencontrent ! Avec le chef de l’Etat, autorité morale de notre plateforme, on a parcouru certaines questions liées à notre famille politique », a-t-il lâché. Interrogé sur l’audition de Vital Kamerhe qui suscite des tensions au sein de sa formation politique, le Secrétaire général intérimaire de l’UNC a soutenu que  »la justice doit fonctionner en toute indépendance ». « Le chef de l’Etat ne s’implique pas dans de questions liées à la justice. C’est une discipline que nous nous imposons au sein de notre famille politique. Et je crois qu’il n’était pas opportun pour nous de discuter de cette question-là. Elle n’est pas d’intérêt pour nous pour le moment. (De toutes les façons), la justice est indépendante… ».

EXPLOSION

De l’avis des observateurs, loin de ces apaisements de surface, le CACH est bel et bien au bord de l’implosion. Le fait que Félix Tshisekedi se soit décidé à convoquer une réunion de la plateforme le jour même de l’audition de son directeur de cabinet, n’est pas anodin, notent des analystes politiques.

Même si les décisions de justice ne relèvent pas de l’Exécutif – séparation de pouvoir oblige – la détention préventive du premier collaborateur et partenaire politique du chef de l’Etat ne peut que sonner comme le début, sinon d’une rupture, du moins d’une crise de confiance au sein du CACH.

On verrait difficilement les proches de l’homme fort de Bukavu accepter le sort, quoique provisoire, réservé à leur leader, d’autant que, vu des kamerhistes, il y avait comme une campagne de déstabilisation de VK en l’air. A l’UNC, certains attribuaient les attaques à peine voilées de leur leader aux enjeux liés aux élections de 2023. Le numéro 2 du CACH, devant cette fois-ci enfiler le costume de candidat à la présidentielle Une ambition qui risque de souffrir de la séquence  »séjour à Makala ».

Un analyste ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare : « A cette allure, quoique Kamerhe bénéficie encore de la présomption d’innocence et que l’affaire soit encore qu’à la phase d’instruction préjuridictionnelle, le fait qu’il soit en détention provisoire à Makala pour soupçons de  »détournement des deniers publics » est de nature à gêner son agenda politique ».

Même si le mandat d’arrêt provisoire à l’encontre du chef de son cabinet peut paraître comme une preuve du changement de gouvernance, Félix Tshisekedi court le risque de perdre son allié politique le plus précieux et, par ricochet, d’affaiblir sa plateforme. D’abord par rapport aux équilibres internes au sein de la coalition FCC-CACH, mais aussi par rapport à la base politique de son pouvoir. Vital Kamerhe jouissant d’un encrage réel dans cet Est de la RDC qui fait et défait électoralement les présidents.


mediacongo

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