Le Parlement a voté. L’état d’urgence sanitaire est prorogé en RDC. Il avait fallu de peu que le président de la République et les deux chambres du Parlement entrent en conflit pour une matière que les constitutionalistes ont voulu récupérer pour alimenter le feu. Heureusement que les élus du peuple et la chambre de sages sont revenus, in extremis, à la raison pour faire prévaloir l’intérêt supérieur de la nation.
Ça y est. Le suspense n’a pas eu lieu. La proposition de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence pour faire face à la pandémie du covid-19 en République démocratique du Congo a été déclarée « recevable » par les députés nationaux et les sénateurs. En effet, les deux Chambres du Parlement ont adopté, lors de deux plénières tenues séparément, hier jeudi 23 avril, ce projet de loi dont le président de la République avait besoin pour proclamer la prorogation de l’état d’urgence, le premier ayant expiré le 23 avril à minuit.
Le décor était particulier, le vote également. L’Assemblée nationale, du moins sous son format réduit à 66 députés nationaux (présidents des groupes parlementaires, présidents des commissions permanentes, et les non inscrits), a examiné et voté la loi portant prorogation de l’état d’urgence sanitaire pour une durée de 15 jours, proposée par l’honorable Mbosokodia Kwanga, sans tumultes habituelles reconnues aux locataires de cet hémicycle. C’est à l’unanimité que les députés nationaux ont levé l’option de prendre une loi, comme l’ont proposé Henri-Thomas Lokondo et François Nzekuye, en lieu et place de la résolution, comme indiquée dans la demande du chef de l’Etat adressée aux présidents de deux Chambres.
Le sénat l’a fait avec autant de fair-play qu’il n’était pas possible reconnaitre les tendances politiques qui orientent les choix des votes.
L’important, c’est que avec cette loi votée en mode urgence, la RDC a encore 15 beaux jours pour faire face à la pandémie du covid-19 qui poursuit son ascension en RDC – le pays comptait, jeudi, un cumul de 377 cas confirmés, 25 décès et 47 personnes guéries.
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
Ce qui est sûr, c’est que la crise qui avait précédé le vote de cette loi au Parlement, a permis de renforcer le patriotisme parmi les Congolais de tous bords. La preuve, tous les députés et sénateurs, toutes tendances confondues, ont accordé leurs violons pour sauver la nation d’une crise « inutile et artificielle » qui n’arrangerait personne en ce temps de la grande crise contre le covid-19.
En réalité, ceux qui avaient tenté de monter des enchères quelques jours auparavant, ont dû se rendre compte qu’ils n’en sortiraient pas gagnants, en voulant s’engager dans un choc frontal face au président de la République, garant de la nation.
Au-delà de son côté politique, la speaker de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a suffisamment peint le tableau des dégâts matériels, économiques, financiers et humains causés par le covid-19 aussi bien en RDC que dans le monde, sans oublier d’autres fléaux qui déciment le pays, notamment les pluies diluviennes d’uvira, l’insécurité au Nord-Kivu, Haut-Katanga, Ituri, et Kongo central.
Outre le vote du projet de loi sur la prorogation de l’état d’urgence, la plénière du parlement a voté, suivant l’ordre du jour, le calendrier des matières prévues à cette session de mars 2020. Plusieurs propositions de loi ont été retenues, notamment la proposition de loi portant création de l’agence nationale de lutte contre la corruption (œuvre de Thomas-Henri Lokondo) ; la proposition de loi portant protection des personnes vivant avec handicap (œuvre d’Ève Bazaiba) ; le contrôle parlementaire…