Entretien imminent entre Tshisekedi et Kabila, contenu de leur accord secret, nomination du ministre de la Justice… Néhémie MwilanyaWilondja a fait le point face aux parlementaires du FCC sur les pourparlers avec Cach.
Selon nos informations, Néhémie MwilanyaWilondja, le coordonnateur du Front Commun pour le Congo (FCC, de Joseph Kabila) a réuni les députés et les sénateurs de sa famille politique à vingtquatre heures de la rentrée parlementaire, qui avait lieu ce 15 septembre. Il souhaitait
faire un point sur les négociations en cours avec Cap pour le changement (Cach), la coalition de Félix
Tshisekedi – des discussions pilotées par une commission mise en place mi-août afin de tenter d’aplanir leurs divergences. Mwilanya a listé les griefs de chaque camp, de la gestion du gouvernement aux ordonnances de nomination dans la magistrature et dans l’administration des vingt-six provinces du pays. Le FCC est convaincu que Cach n’est pas disposé à respecter ses engagements.
Il sied de rappeler qu’il y a bien longtemps que Félix Tshisekedi, Président de la République et Autorité morale du CACH et le Raïs Joseph Kabila, le boss du FCC qui tient la majorité parlementaire se sont rencontrés. Pourtant les sujets à discorde et les divergences sur la gestion de l’Etat s’amoncellent.
La dernière en date qui a conduit à la levée des boucliers entre les deux camps, c’est le projet de nomination par Arrêté du Vice-Premier (VPM) ministre de l’Intérieur, l’UDPS Gilbert Kakonde, des
Administrateurs de Territoires, des Maires des villes et des Bourgmestres des communes, intérimaires.
Côté FCC, c’est Dieudonné Mwenze, l’un de ses communicateurs attitrés qui est sorti du bois pour dénoncer ce projet de nomination par le VPM Kankonde qui n’ont pas préalablement été discutées à la coalition, comme il se doit pour faire l’objet d’un partage car il s’agit là des postes administratifs ultra stratégiques dans l’organisation des élections. Car ce sont ces entités qui gèrent de fait les élections à
la base et il n’est pas du tout indiqué qu’un seul camp de la coalition puisse en avoir le contrôle total seul, sans associer les autres partenaires comme c’est le cas avec ce projet de nomination du VPM Gilbert Kankonde.
Côté UDPS, c’est Me Peter Kazadi qui répond au FCC, sur ces questions précises de projet de nomination
des Administrateurs de Territoires, des Maires et des Bourgmestres par un Arrêté du VPM Kankonde. Pour lui, ce projet de nomination est de la seule compétence du ministre de l’Intérieur de par
les textes régissant le fonctionnement du gouvernement. Il n’y a rien à redire à cet effet. En plus, il s’agit bien des fonctions administratives qui ne peuvent aucunement faire l’objet d‘un quelconque partage à la coalition en plus, ajoute-t-il, ils sont nommés à titre intérimaire même si Dieudonné Mwenze du FCC
estime qu’en RDC les intérimaires sont des effectifs.
L’UDPS Peter Kazadi lui pose la question de savoir comment se fait-il que leurs propres ministres ont procédé à des nominations sectorielles sans en référer à la coalition. C’est le cas entre autres du ministre de l’Enneigement supérieure et universitaire qui venait de procéder à des mises en place des Comités de gestion dans des Universités et Instituts supérieurs publics. Il n’y a pas eu partage avec l‘autre partenaire qui est le CACH comme on veut l’exiger lorsqu’il s’agit des ministres de cette plateforme.
Le FCC Dieudonné Mwenze persiste et signe, que ce projet de nomination qui n’a pas reçu le quitus de
la coalition du fait que les deux partenaires gèrent ensemble les affaires publiques, doit être annulé comme c’était le cas avec les nominations des secrétaires généraux de l’Administration publique par le ministre FCC de la Fonction publique. Ils pourront continuer à épiloguer à longueur de journée
sur cette question précise, ils ne se mettront pas d’accord.
C’est là qu’il faut l’implication des deux leaders pour tirer les choses au clair sur tous ces points de divergences à la coalition au pouvoir qui met un grain de sable dans la machine institutionnelle. Cela dépasse le ressort du Comité de suivi de la coalition révisé à huit membres sans l’UNC de Vital Kamerhe.
Autre sujet sur lequel les Romains continuent à s’empoigner à la coalition, ce sont les Ordonnances du Président de la République sur la magistrature, que le FCC continue à qualifier d’anticonstitutionnelles en accusant le chef de l’Etat de violation intentionnelle de la Constitution. Un sujet qui a même
débordé le cadre de la coalition pour entrainer d’autres acteurs politiques comme Martin FayuluMadidi de LAMUKA ou Théodore Ngoy, qui assure la défense des deux Juges contestataires. Le Comité de suivi ne s’est jamais réuni pour statuer sur ces Ordonnances taxées d’«illégales » du Président de la République portant organisation judicaire. Même si c’était le cas, quatre contre quatre, ils discuteront du sexe des anges et il n’y aura personne pour les départager. Cette question dépasse ce cadre
très limité du Comité de suivi. Il serait à l’agenda des deux leaders Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Il faudra aussi y ajouter l’annonce faite par Néhémie Mwilanya, le Coordonnateur des FCC qui révèle que dans l’Accord FCC CACH signé par Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, en 2019, le poste de Président de la République revient au FCC alors qu’à l’UDPS, pour des raisons évidentes on pense le contraire.
On apprend qu’une rencontre entre les deux leaders est en perspective. D’autant plus que les deux partenaires qui convolent en justes noces péniblement sont au moins convaincus d’une chose à ce jour, c’est que leur alliance incestueuse ne va pas connaitre de divorce.
Louis-Paul Eyenga