«Veni, vidi, vici». Comme Jules César en son temps, Moïse Katumbi Chapwe a toutes les raisons de se dire qu’il est arrivé à Kinshasa, qu’il a vu les Kinois et qu’il les a convaincus.
Désormais , aucun doute n’est permis sur la signature d’un pacte tacite entre le leader d’Ensemble pour la République et les Congolais vivant dans la capitale.
Cela s’est traduit par l’accueil délirant qui lui a été réservé vendredi 6 novembre 2020 depuis l’aéroport international de N’djili jusqu’à sa résidence. Preuve de leur attachement à l’homme qui, le premier, avait bloqué le troisième faux pénalty que comptait réaliser Joseph Kabila en 2016, ont bravé la pluie et le soleil avant de se déployer pour une longue procession de plus de quatre heures.
De mieux en mieux, le lendemain 7 novembre 2020, c’était le clou de son séjour kinois, à savoir, sa rencontre avec le chef de l’Etat au palais de la nation. Selon des sources proches de la présidence de la République, c’était un moment plein d’émotion. Les deux personnalités se retrouvaient après années de séparation. Les accolades ont manqué du fait de la Covid 19 , pandémie qui exige le respect des gestes barrières pour éviter sa propagation. N’a-t-il pas declaré a la fin des echanges qu’il était d’abord venu voir son frère ? Ces retrouvailles ont rappelé le deal de Genève que Joseph Kabila avait cassé pour imposer son propre deal qui a du mal aujourd’hui à tenir la route. Il a attendu le déraillement pour pouvoir dévoiler le fameux accord signé à la veille des élections qui ont mis un terme à ses dix-huit ans de règne sur fond de détournement éhonté de deniers publics. Toute honte bue, le Pprd, à travers le Fcc , fait du chantage au chef de l’Etat au lieu de faire profil bas.
Mis mal à l’aise par toutes les prétentions outrancières de Joseph Kabila, Félix Tshisekedi a fini par crier son ras-le-bol. Il était donc temps de remettre en cause une alliance qui bloquait la marche des institutions. Que des peaux de banane, des bâtons dans les roues et autres humiliations à l’endroit de l’institution président de la république. Exaspéré après plusieurs rencontres infructueuses, le magistrat suprême a décidé d’ignorer la coalition au pouvoir et de repartir à zéro pour une nouvelle configuration politique qu’il a dénommée « Union de la nation ». Pour y arriver, il a initié des consultations avec toutes les forces politiques et sociales représentatives du pays. Sans ambages, il a annoncé dans la foulée qu’il n’excluait aucun de figure pour asseoir sa nouvelle vision jusqu’aux prochaines échéances. Ce qui sous-entendait, de l’avis de tous les observateurs avisés, la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette éventualité a secoué le Fcc dans ses fondements au point qu’il a improvisé une retraite pour préparer la réplique à Fatshi.
Foncièrement républicain, Moïse Katumbi a accepté volontiers cet appel de son ancien partenaire de l’opposition et a répondu présent le 7 novembre 2020 au palais de la nation. A sa sortie d’audience, il a déclaré avoir rempli sa part du contrat et qu’il revenait au chef de l’Etat de faire la restitution de toutes les contributions le moment venu.
A tout prendre, le séjour kinois du leader d’Ensemble pour la république est un pari gagné. L’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga a déjoué tous les pronostics défavorables et autres imprécations du Fcc. Il est arrivé dans la capitale, non la nuit mais en pleine journée afin que tous constatent qu’il n’a jamais été l’ennemi des Kinois.
LR
A lire dans le numéro 1069 du Quotidien La République
