Il commence ce soir, Couvre-feu : dangereux

Couvre feu

Ainsi qu’on l’a appris, le couvre-feu commence ce soir sur toute l’étendue de la ville de Kinshasa, et s’étend de 21 heures à 5 heures du matin. La décision rentre dans le cadre des mesures édictées par le gouvernement pour prévenir et contrer la propagation de la deuxième vague du coronavirus dont les effets semblent plus graves que lors du premier round.

Le premier son discordant vient cependant de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) qui redoute un ralentissement des activités économiques consécutivement à ce couvre-feu. A peine sorti du confinement, Kinshasa connaîtra une sorte de reconfinement qui ne dit pas son nom avec un impact néfaste sur le marché de biens et services ainsi que sur les finances publiques. Ce faisant, le patronat congolais conseille aux autorités provinciales de concevoir des mesures dérogatoires adaptées. « Nous vous demandons de bien vouloir accorder aux secteurs de transport des marchandises, les télécommunications, les boulangeries, les brasseries, les minoteries… des dérogations pour leur permettre de poursuivre leurs activités d’exploitation en leur autorisant de circuler pendant la période de couvre-feu », a écrit au gouverneur de la ville de Kinshasa, l’administrateur de la FEC.

Pour autant, les membres de la FEC se disent disposés à souscrire aux mesures gouvernementales, en ce qu’elles concourent à la noble mission de lutter contre cette virulente deuxième vague de covid-19. Mais cet impératif, bien géré, peut éviter de perturber la chaîne d’approvisionnement de certains produits de grande consommation et de services de livraison de marchandises, de gardiennage, d’entretien et de maintenance, de télécommunications, de transport aérien, etc.

Les effets pervers des premières mesures auraient bien inspiré les autorités dans la définition des nouvelles mesures, fait-on remarquer ; car le dernier confinement d’activités économiques avait occasionné d’énormes pertes à des grandes sociétés, l’asphyxie des PME, la mise au chômage de plusieurs employés, et par conséquent, la chute des recettes publiques.

Même au sein de l’opinion, le couvre-feu ne tient pas la roue au regard des pesanteurs liées notamment au transport en commun dans la capitale. Une fois de plus, le gouvernement de la République donne l’impression de jouer à l’amateur. Pour bien faire, l’Exécutif national aurait dû associer dans ses cogitations des partenaires intéressés en vue d’amortir les conséquences des mesures à prendre utilement. A titre d’illustration, l’on devrait hâter la mise en circulation des autobus récemment acquis par l’entreprise publique Transco. Sans cette prudence, les frictions seront inévitables entre la police et la population qui sera contrainte de se déplacer à pied, incapable de souscrire au chantage des conducteurs qui ne manqueront pas de capitaliser l’opportunité en relevant le prix de la course en taxi, comme en taxi-bus.

Dans le même lot s’inscrit l’exploitation des sauts-de-mouton déjà achevés et qui auraient pu faciliter la circulation sur des chaussées de la capitale. On note que des bouchons occasionnés par ces travaux retiennent des véhicules jusqu’au-delà de 23 heures !

Sur ce chapitre, les autorités de la police devraient être invitées à imprimer la discipline des agents affectés à la régulation de la circulation, très souvent à la base de la constipation des routes. Sans vouloir faire la pub de certaines personnes, on doit se rappeler cependant de la réussite du Général Célestin Kanyama sur ce chapitre grâce à la sanction infligée avec fermeté à des agents de la PCR. Plus en arrière encore, le nom de Célestin Kifwa est associé à la discipline dans le chef des policiers dans la capitale, voir dans d’autres provinces du pays.

Sans certaines mesures de prudence, de réajustement, le couvre-feu se révélera une source de frictions graves entre les agents de l’ordre et la population. Une aubaine pour les policiers, alors que des Kinois seront contraints de passer la nuit, on ne sait trop où.

A lire dans le numéro 1086 du Quotidien La République