Le ver est dans le fruit. Telle est la conclusion à laquelle est abouti le président Félix Tshisekedi à l’issue de sa dernière tournée dans les régions troubles de l’Ituri et du Nord-Kivu. C’est au retour d’un séjour dans les villes de Beni (Nord-Kivu), de Bunia (Ituri) et un passage à Butembo, ville commerciale du Nord-Kivu, que le chef de l’Etat a livré cette sentence à Goma – sur le chemin de retour dans la capitale certes. Mais selon d’autres sources, le président de la République compte prolonger son séjour dans la capitale du Nord-Kivu jusqu’à la fin du mois en cours.
En attendant, et devant livrer les conclusions de son séjour de travail, Félix Tshisekedi a retenu, entre autres raisons de la persistance des tueries dans ces régions, les magouilles au sein de l’armée, de la police et des institutions de l’Etat. « Il y a un problème d’effectifs dans notre armée. On se rend compte, en fait, qu’il y a beaucoup de magouilles qui minent nos forces de sécurité. Il s’est développé en même temps que la mafia, ici, la même mafia dans l’armée, dans nos institutions. Il n’y a pas que l’armée et la police. On l’a vu, regardez, au Sénat récemment. C’est toute cette loi de l’omerta, la loi du silence. On tue en silence, on magouille en silence, » a dénoncé le chef de l’Etat samedi dernier.
C’est depuis plus d’une année que Félix Tshisekedi avait lancé des opérations particulières contre les forces négatives dans les provinces de l’Est aux fins de ramener la paix, conformément à ses engagements électoraux. Le résultat n’est certainement pas à la hauteur des espérances ; et tout le monde soupçonnait ce que le chef de l’Etat dénonce aujourd’hui publiquement. Peut-être manipulés par l’ennemi, la populations les acteurs de la société civile et d’autres s’en sont pris à l’Etat pour insuffisance de gestion de la crise. Ce que Félix Tshisekedi récuse : « Il faut voir la manière dont nos militaires sont pris en charge, organisés, structurés. Quelqu’un a même donné des chiffres et j’ai apprécié. C’est vrai : il n’y a pas 21 000 hommes ici. C’est vrai, il n’y en a pas. Et diriger tout cela depuis Kinshasa, c’est compliqué. » Une façon pour lui de détrôner les bobards, la démagogie, la manipulation de l’opinion.
Dans les jours à venir, le chef de l’Etat compte apporter le correctif nécessaire. Il s’agit de bien plonger son œil dans le fonctionnement de l’armée héritée en l’état. « Il fallait un représentant du président de la République qui soit militaire pour percer ces secrets, ces confidences, ces magouilles, disons-le comme ça, ces magouilles. Il y a des gens qui trouvent plaisir à jouer avec la vie des autres pour leurs propres intérêts. » Le doigt est bien ainsi placé sur la plaie, sur la vraie raison du résultat négatif obtenu jusque-là. Autant dire que les instants à venir seront enrichis d’un travail de toilettage de l’armée afin d’obtenir les résultats escomptés contre les groupes armés.
Coopération belge
Les prétentions du chef de l’Etat se cristallisent certainement dans le programme mis ensemble avec les partenaires belges pour le recyclage des effectifs actuellement déployés dans l’Est du pays. « Je suis ici dans le cadre de la coopération militaire entre nos pays respectifs à la demande du président son Excellence Tshisekedi qui a souhaité la présence d’un officier général belge au sein de l’État-major pour justement démarrer la reprise de coopération entre nos 2 pays », a dit cet officier belge à la presse. Avant de poursuivre : « Nous allons évaluer dans un premier temps à quelle mesure nous allons redémarrer cette formation ici à Kindu. Nous avions quitté le pays il y a quelques années. Nous devons voir dans quel état se trouvent les installations. Nous allons remettre une partie de ces installations en état et redémarrer la formation des unités qui sont pour l’instant déployées à l’Est du pays ».
La délégation du commandement de l’armée belge et celle des Forces Armées de la République Démocratique du Congo séjourne depuis le samedi 19 juin dernier à Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, où se trouvent des centres de formation exploités depuis par des instructeurs belges, singulièrement à Lukando. On le sait, ce sont des commandos sortis de ce centre de formation qui ont occupé la première ligne dans l’offensive qui avait permis la neutralisation des pseudo-rebelles du M23 de triste souvenir. Dans le cadre de la pression contre le glissement du second mandat de Joseph Kabila, le régime de Kinshasa avait rompu la coopération militaire avec le Royaume de Belgique, obligeant les formateurs à rentrer à Bruxelles.
LR