Selon plusieurs sources crédibles, le gouvernement de la République et les groupes armés actifs à l’Est se retrouveront très prochainement pour un nouveau round de dialogue. Le mandataire spécial du chef de l’Etat, la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), en cours de déploiement, s’occupera de ces groupes, nationaux et étrangers, qui se montreront réfractaires au processus politique que constitue ce dialogue. Dans le lot, il cite les ADF, ces rebelles ougandais très forts dans les tueries des civils congolais. « Ce que je vais vous dire c’est ce que la force régionale ne fera pas : s’interposer entre le M23 et les FARDC. Depuis le premier conclave des chefs d’Etats, qui s’est tenu le 21 avril, vous avez le communiqué qui a suivi ce sommet des chefs d’Etats d’Afrique de l’Est, il était bien défini que la force régionale, était mise sur pied pour éradiquer : 1. les groupes armés réfractaires c’est-à-dire ceux qui ne rejoindraient pas le processus politique, processus de Nairobi et 2. les forces négatives, par exemple, on parle des ADF, on parle des autres forces étrangères qui sont en train d’opérer sur notre territoire, » a-t-il explicité sur les antennes de Radio Okapi.
La vérité est que cette position conforte bien le fameux M23 accroché à un échange d’égal à égal avec le pouvoir de Kinshasa. Une recette sempiternelle dont la matérialisation, par le passé, a buté devant l’impossibilité de donner corps à un « complot » contre les attributs de l’Etat congolais. Relancer le dialogue en cet instant précis accrédite le triomphe de Washington accroché hermétiquement à une solution qui fragilise Kinshasa.
La rengaine, on le sait, a été fredonnée inlassablement par les différents émissaires de l’administration américaine à Kinshasa et dans la sous-région. Une façon de rendre nulle la pertinence de la force régionale dont on attendait la mission de réduire au silence les groupes armés, indistinctement. Pour autant que le M23 sera le premier à se hâter vers la capitale kenyane, il sera exclu d’une éventuelle attaque de la force de l’EAC. Seuls resteront sur la liste, les FDLR, les Interhamwe, les ADF et les différents groupes Maï-Maï congolais. Au finish, les pseudo-rebelles du M23 (véritables soldats rwandais) seront bénéficiaires de la neutralisation des résistants congolais.
Le piège indiscutablement porte le seing de Washington, le véritable artisan de la tragédie congolaise depuis plus de deux décennies. Il en sera de même sur le second plateau où Kinshasa sera seul contre tous (manipulés par les Etats-Unis) face aux revendications traditionnelles des pseudo-rebelles. Ces revendications articulées autour du brassage ou mixage des éléments armés, de l’amnistie générale pour les crimes commis, de l’intégration des civils au sein de l’appareil de l’Etat. Etc.
Cette recette, on ne le dira jamais assez, a nourri la déliquescence de l’Etat congolais infiltré par des sujets rwandais depuis des lustres. Les dernières accusations contre des officiers des FARDC sur la situation à l’Est, traduit justement l’infiltration des cadres congolais par Washington via Kigali. N’eût été ce démantèlement, la ville de Goma serait déjà passée aux mains des soldats rwandais aux fins de forcer Kinshasa à avaler la couleuvre.
Pour peu que l’on se reconnait Homme, Kinshasa aurait mieux à gagner à repousser le schéma d’un dialogue alors que la force conjointe est en plein déploiement. Quitte à se prendre en charge en exploitant d’autres tours de manche à sa portée. Force est de reconnaitre ainsi que la force régionale est une mascarade alors que le dialogue se veut une véritable distraction, éloignant Kinshasa d’un schéma devant lui permettre de s’assumer !
LR