Affaire Scott Campbell : l’ONU, l’UE et l’Asadho invitent la RDC à revoir sa décision

La décision prise par le gouvernement d’expulser M. Scott Campbell,  Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme établi à Kinshasa par la Monusco continue de susciter de vives réactions de la part de la communauté internationale, notamment les Nations-Unies, l’Union européenne, les Etats-Unis et des Ong  congolaises  des droits de l’homme, particulièrement l’Asadho. Toutes ces prises de positions doivent nécessairement interpeller le gouvernement  pour calmer la tempête suscitée par l’expulsion de ce haut-fonctionnaire des Nations Unies.
Dans une  récente déclaration, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon  qui a condamné  cette décision  s’est dit préoccupé par les menaces liées aux fonctions officielles de M. Scott Campbell et   d’autres employés du BCNUDH. Le secrétaire général de l’ONU  a, par ailleurs, encouragé  le Conseil de sécurité à examiner   »  les implications d’un tel traitement du personnel onusien sur son travail et ses objectifs, et à envisager d’éventuelles actions « . Ban Ki-moon   a rappelé également  qu’au fil des ans le peuple congolais a souffert de graves violations des droits de l’homme documentées par le Bureau conjoint dans le souci de promouvoir et protéger ses droits tout en soutenant le système judiciaire dans la lutte contre l’impunité. Pour lui, le BCNUDH  et l’ensemble de la Monusco ont été mandatés par le Conseil de sécurité d’aider le gouvernement de la RDC et son peuple à cette fin.  »  En entravant le travail de  promotion et protection des droits de l’homme de l’ONU, le gouvernement a failli à ses obligations en la matière « , a souligné le secrétaire général de l’Onu qui a estimé que  »  cela ne peut que nuire au progrès du pays « . Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon   a rappelé, par ailleurs, que le personnel des Nations Unies ne doit être ni menacé ni sanctionné pour avoir fait son travail, qui repose sur la Charte de l’ONU et dans ce cas particulier, le mandat du Conseil de sécurité. Il a  enfin exprimé  sa pleine confiance  à Scott Campbell et a exhorté le gouvernement  de la RDC à revoir sa position sur son expulsion et à prendre des mesures urgentes face aux menaces visant d’autres membres du personnel des Nations Unies.
Pour leur part, les Etats-Unis se sont dits  inquiets   et ont exhorté la RDC à investiguer sur les allégations relatives aux exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées documentées dans le rapport du BCNUDH. Washington  a demandé à Kinshasa d’en établir  les responsabilités pour tout membre des forces de sécurité qui se serait compromis dans cette opération. De la même  manière, l’Union européenne espère que les autorités congolaises  conduiront des enquêtes approfondies. Elle s’attend à ce que ces enquêtes soient suivies d’effet et que justice soit faite. L’UE rappelle que la lutte contre l’impunité fait partie des engagements pris par la RDC au titre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Pour les Etats-Unis et l’Union européenne, la publication de ces rapports réguliers sur la situation des droits de l’homme en RDC, constitue un mandat spécial confié   à la Monusco par le Conseil sécurité.
 Enfin,  dans un communiqué publié à Kinshasa,  l’Asadho, une  ONG congolaise des droits de l’homme  affiliée à la Commission Internationale des Juristes et à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, a condamné également la décision d’expulsion de M. Scott Campbell. L’Asadho  est surprise par la réaction du gouvernement congolais d’autant plus qu’elle avait déjà dénoncé les exécutions sommaires et extrajudiciaires commises par certains policiers congolais impliqués dans l’opération  »  Likofi « . A l’époque, l’Asadho avait déjà demandé à l’auditorat général des FARDC  d’ouvrir une enquête judiciaire pour identifier, arrêter et traduire devant la justice tous les éléments de la police nationale impliqués dans les exécutions sommaires et extrajudiciaires commises dans le cadre de l’opération  »  Likofi « . Le communiqué de l’Asadho   déplore l’impunité et l’indifférence  dont les autorités congolaises ont fait preuve dans ce dossier. Pour l’Asadho, le rapport du Bureau des droits de l’homme de la Monusco vient  seulement appuyer certains faits qui avaient déjà été dénoncés par les organisations des droits de l’homme de la RDC.  D’où la surprise   et la  consternation   exprimées par l’Asadho face à la décision d’expulsion de M.  Scott Campbell prise par le gouvernement congolais, car elle est de nature à protéger des  policiers qui se sont rendus coupables des graves violations des droits de l’homme dans le cadre de l’opération  »  Likofi « .
 Face à ce qui précède, l’Asadho a recommandé au gouvernement congolais de  revenir sur sa décision  d’expulsion de M.  Scott Campbell et de diligenter, en collaboration avec la  Monusco et les organisations des droits de l’homme, une enquête  devant documenter tous les cas  de violation des droits de l’homme survenus lors de l’opération  » Likofi « , d’identifier les victimes et de traduire les auteurs devant la justice.

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