Une tragédie silencieuse se joue dans le territoire de Lupatapata. Près de 6 000 personnes déplacées, ayant fui les affrontements sanglants entre les communautés Basonge et Bakua Luntu dans le territoire de Dibelenge, sont aujourd’hui abandonnées à leur triste sort. Alidor Malumba, administrateur de Lupatapata, a lancé des appels désespérés aux autorités et aux organismes internationaux, mais ces cris d’alarme restent tristement sans réponse.
Depuis trois semaines, ces familles vivent dans des conditions inimaginables. Les localités de Tshintumuanza, Tshimeta et les foyers agricoles du groupement de Bajila Kasanga sont devenues des camps de fortune pour ces âmes désespérées. Leurs champs, jadis sources de subsistance, ont été ravagés ; leurs maigres troupeaux, pillés. Aujourd’hui, ils n’ont rien. Absolument rien.
« Voyez que ce sont des gens qui faisaient les travaux champêtres, ils ont abandonné leurs champs pour venir se réfugier chez nous. Vous savez comment ils doivent vivre », déplore Alidor Malumba. Mais la réalité est encore plus cruelle que ces mots. Ces hommes, femmes et enfants n’ont ni nourriture, ni vêtements, ni abris. Ils sont livrés aux éléments, vulnérables face à la faim, aux maladies et à la violence.
La communauté internationale reste silencieuse, les autorités provinciales et nationales semblent indifférentes. Malgré les demandes incessantes de M. Malumba, aucune aide humanitaire n’a été envoyée. C’est une véritable trahison de ces personnes qui ont tout perdu et qui comptent sur l’humanité pour un secours qu’ils ne voient pas venir.
Ce silence assourdissant des responsables met en lumière l’inefficacité et l’incompétence des structures chargées de gérer les crises humanitaires en RDC. Les déplacés, qui ont déjà subi la terreur des conflits ethniques, sont maintenant condamnés à une lutte pour la survie, une lutte qu’ils ne peuvent pas gagner seuls.
Il est scandaleux que dans un monde où les ressources et les capacités d’intervention existent, des milliers de personnes puissent être ainsi abandonnées. La situation à Lupatapata est une honte, un rappel brutal de l’indifférence et de la négligence qui caractérisent trop souvent la réponse aux crises en Afrique.
Les jours passent et l’espoir s’amenuise pour ces déplacés de Dibelenge. Chaque jour sans aide est une condamnation supplémentaire à la souffrance et à la misère. Les enfants, particulièrement vulnérables, risquent de mourir de malnutrition ou de maladies évitables. Les adultes, épuisés par la fuite et la perte, voient leur dignité écrasée par l’inaction de ceux qui devraient les protéger.
Il est urgent que cette situation de délaissement honteux prenne fin. Les autorités doivent agir immédiatement, et les organismes internationaux doivent intervenir sans plus tarder. Sans une mobilisation rapide, ce drame humain ne fera qu’empirer, ajoutant une nouvelle page sombre à l’histoire déjà tragique des crises humanitaires dans notre pays.
La Rédaction.