Les ministres Kitebi et Musungayi échappent de justesse à la motion de défiance lancée contre eux à l’Assemblée nationale

La grande agitation qui a prévalu depuis deux semaines à la Représentation nationale autour de la motion de défiance lancée contre les ministres Kitebi et Musungayi vient de se révéler une tempête dans un verre d’e qui n’a plus emporté les membres du gouvernement visés et ela grâce au sursaut des députés de la Majorité soudés pour sauver leur camp.

Le ciel n’est pas tombé hier à l’Assemblée nationale sur les ministres Patrice Kitebi et Rémy Musungayi. Le ministre Délégué auprès du Premier ministre, en charge des Finances et son collègue de l’Industrie ont quitté l’Hémicycle tête haute. Parce que les motions de défiance qui pesaient sur eux ont été rejetées par l’assemblée plénière présidée par le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Charles Mwando, étant donné que le speaker de la Chambre avait représenté le Président de la République aux obsèques du Président zambien. Face à une Majorité soudée et réarmée, le piège de l’Opposition a été déjoué par la plénière.

Sereine hier dans la salle des Congrès, face à une Opposition vivement agitée, la Majorité a réussi à démonter en pièces les manœuvres des signataires de la motion de défiance contre le ministre Kitebi. Et c’est le député Henri-Thomas Lokondo qui est monté sur la tribune. C’était pour présenter une motion incidentielle.  » Cette motion de défiance contre Patrice Kitebi est illégale et irresponsable « , a-t-il déclaré.

Pour lui, le problème se pose dans la procédure. Parce que ce qui est reproché au ministre délégué se trouve dans le travail que l’Assemblée nationale avait confié à sa commission Economique et financière (Ecofin). Dans son argumentaire, le député Lokondo a clairement démontré que la discussion du projet de loi de reddition des comptes étant déjà envoyée à la Commission, aucun député ou groupe de députés ne pouvait envisager une telle démarche avant que le rapport de la commission ne soit présenté en plénière.

Henri-Thomas Lokondo a estimé que cette motion devrait être adressée au Gouvernement. Car la loi des Finances, le projet de loi de reddition des comptes ou la loi de rectification ont la même valeur au point qu’elles sont présentées par le Premier ministre qui a la responsabilité devant la Chambre. Lokondo a encore évoqué la raison d’ordre moral.  » Pourquoi avoir signé librement pour se rétracter après », a-t-il martelé avant d’inviter la plénière à rejeter carrément la motion de défiance contre le ministre Kitebi.

Quand la motion incidentielle déstabilise l’opposition

Les députés de l’Opposition n’ont pas supporté la motion incidentielle au regard des raisons avancées par l’élu Lokondo. Sachant que leur initiative ne passerait pas face à une Majorité réarmée, ils ont simplement décidé de claquer la porte. Et ce, après avoir délégué deux de leur membres à contrecarrer la motion incidentielle qui poursuivait normalement son examen. Devant les arguments fondés, la plénière a simplement rejeté la motion de défiance contre le ministre Kitebi surtout que le bureau de la Chambre a opté pour la responsabilité de la plénière.

L’honneur du ministre Musungayi préservé dans son fief

Dans le même esprit, la Majorité a réussi à sauver le ministre de l’Industrie. Rémy Musungayi qui a été lavé par une motion incidentielle du député Valentin Senga. Celui-ci a estimé que le ministre de l’Industrie est irresponsable dans tout ce qui lui est reproché dans la motion de défiance. Pour lui, 90 % de matériels devant concourir à la construction de la Cimenterie de Kisangani sont déjà acheminés dans la ville boyomaise.

Les inciviques qui avaient volé ces matériels ont été mis aux arrêts. L’autre raison qui justifie l’invalidité de cette motion est le retrait des 18 signatures des députés de la Province Orientale, a souligné le député Valentin Senga, président du Caucus des élus de cette province. Devant toutes ces raisons, la plénière a jugé utile de rejeter la motion contre le ministre Musungayi étant donné que le nombre des signatures requises ne répondait plus aux exigences voulues pour la validité d’une motion de défiance. Car sur les 63 députés qui avaient signé, 18 s’étaient rétractés. Voilà qui a permis à la Majorité de sauver le ministre de l’Industrie, issu de l’opposition politique.

Mwando Nsimba le 1er Vice président de l’Assemblée nationale fait peser la Majorité pour déjouer le plan de l’Opposition

La plénière lundi 10 novembre a failli se terminer par un énorme clash. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le débat sur les motions contre les ministres Kitebi et Musungayi tourne à la confusion totale. Surtout que manifestement nombre de députés ne se sont pas montrés à la hauteur de leurs responsabilités. Plus particulièrement lors du débat sur la motion contre le ministre Kitebi. On a vu des députés s’accrocher à des positions alors qu’ils avaient tous les éléments officiels d’appréciation des tenants et des aboutissants du montant affecté par imputation à l’Opposition.

La commission économico-financière de l’Assemblée nationale est du reste en possession de tous les documents prouvant qu’il n’y a pas eu détournement dans le sens de l’utilisation de l’argent publique à des fins privées. C’est là que bon nombre d’observateurs expriment leurs inquiétudes quant à la tournure que prend l’exercice de contrôle de l’exécutif pourtant salutaire, car sous prétexte de contrôler le Gouvernement, certains députés s’adonnent à des règlements de compte sur fond d’une gestion mal maîtrisée des ambitions.

Si cette propension à se servir de l’hémicycle pour accomplir des agendas obscurs se poursuit, c’est l’image même du Parlement qui prendrait un sacré coup. Ce n’est pas tout. Le risque de fragmentation de la Majorité parlementaire ne serait pas non plus une vue de l’esprit. A preuve, la séance d’hier. Il a fallu toute la sagesse, l’expérience et la maîtrise de l’abc des us et coutumes parlementaires du vice-président de l’Assemblée nationale Mwando Nsimba pour que la plénière atterrisse à la régulière.

Henri-Thomas Lokondo pourfendeur de la morion de défiance contre le ministre Kitebi

C’est hier que la motion de défiance contre le ministre délégué chargé des Finances Patrice Kitebi a été examinée à la plénière de l’Assemblée nationale où elle a été rejetée sans autre forme de procès. Auparavant, Henri-Thomas Lokondo Yoka, l’élu de Mbandaka à l’Equateur avait déposé une motion incidencielle dans laquelle il dénonce des vices de forme dans la procédure enclenchée contre le ministre délégué Patrice Kitebi, ce qui empêche de connaître le fond de la question.

Au sortir de la salle des Congrès, Lokondo Yoka a à chaud explicité sa pensée exprimée dans l’hémicycle. Ses propos remettent le débat au milieu du village. Il argumente sur le respect des textes. Ceux-ci veulent que l’examen d’une motion de défiance comme celle qui est adressée contre le ministre délégué Patrice Kitebi sur des fonds décaissés dans le cadre du Budget 2013 puissent être examinée sur la base de la loi de reddition de comptes.

Or, celle-ci est encore examinée au niveau de la Commission  » Economique et financière  » (ECOFIN). Mais comment discuter d’une matière dont les éléments d’éclairage ne sont encore disponibles ? Sur quoi va-t-on tabler sans le rapport de l’ECOFIN. Cela viole toute rationalité. Comme d’habitude, Henri-Thomas Lokondo a tenté de placer tout le monde, Opposition et Majorité, au centre du village, c’est-à-dire dans la lecture des textes qui régissent l’activité parlementaire. N’est-ce pas qu’on est dans ce qui est bon d’appeler la rationalité que nul, surtout dans l’Opposition, ne peut aujourd’hui méconnaître à Henri-Thomas Lokondo Yoka ? Oui, l’homme ne s’est pas du tout départi de sa rationalité habituelle reconnue dans ses interventions dans l’hémicycle.

Donner du grain à moudre

La preuve de cette assertion est que parmi certains députés de l’Opposition qui sont restés dans l’hémicycle, l’un d’eux, l’honorable Zangi du Mlc est monté au perchoir pour donner du grain à moudre à la motion incindencielle de l’élu de Mbandaka en soutenant que la motion contre Patrice Kitebi est prématurée. Là, c’est sur le plan juridique au niveau de la forme.

Sur le plan politique, Henri-Thomas Lokondo Yoka estime que la motion contre Kitebi n’a aucun fondement et est injustifiée. Car en relisant l’Ordonnance présidentielle sur le fonctionnement du gouvernement, on se rend bien compte que le ministre délégué auprès du Premier ministre est irresponsable et ne prend aucune décision.

Seul le Premier ministre Matata répond de tous ses actes. C’est plutôt contre le chef du gouvernement que la motion de défiance devrait être adressée et non à un ministre délégué qui est rattaché au Premier ministre, l’Ordonnance présidentielle est claire là-dessus. Autre aspect relevé par Henri-Thomas Lokondo Yoka c’est sur le plan moral. Il rappelle et dénonce ce qui a circulé à travers la ville sur des masses d’argent qui ont circulé pour cette motion. Cela est immoral, assène-t-il à brûle-pourpoint avant de demander ce qui resterait alors de la motion de défiance contre Patrice Kitebi. 
Henri-Thomas Lokondo Yoka est un politologue de l’ULB.

C’est un ancien Officier des Renseignements, ancien ministre, ancien député de la transition 1+4 pour le compte de la Majorité de l’époque de Joseph Kabila dont il devient Conseiller privé quelques temps après. C’est un fin tacticien politique. Ses interventions cartésiennes continuent à lui valoir le respect de ses pairs au point que certains s’interrogent s’il est vraiment de la Majorité ou de l’Opposition. Oui Lokondo est toujours de la Majorité de Joseph Kabila.

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