Kinshasa qualifie d’«ingérence inacceptable» un rapport de HRW

La publication mardi d’un rapport de l’ONG Human Rights Watch accusant la police congolaise d’exécutions a fait réagir les autorités. Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a dénoncé une « ingérence inacceptable », et estimé que HRW n’apporte pas de preuves pour étayer ses accusations.

Après les Nations unies il y a un mois, c’était mardi au tour de l’organisation de protection des droits de l’homme HRW de publier un rapport pour s’inquiéter de dérives de la police.

L’ONG accuse des policiers d’avoir exécuté 51 citoyens congolais, et fait disparaître 33 autres au cours d’une opération de lutte contre la délinquance menée de novembre 2013 à février 2014 à Kinshasa.

« C’est à nous de décider qui est coupable et qui est innocent »

Le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende voit dans ce rapport une « ingérence inacceptable ».

Pour les autorités congolaises, le fait que Human Rights Watch demande à ce que le commandant de l’opération policière – le général Celestin Kanyama – soit suspendu et qu’une enquête soit ouverte passe mal.

« De quel droit une ONG demande-t-elle à un Etat de suspendre un responsable, sans fournir des preuves de ce qu’elle avance ? », a réagi Lambert Mende, joint par téléphone par RFI, ajoutant : « C’est à nous de décider qui est coupable et qui est innocent. »

Le porte-parole du gouvernement affirme qu’aucun élément impliquant directement le général Kanyama dans ces exécutions sommaires n’a été trouvé à ce jour.

HRW, dans son rapport, fait pourtant état de témoignages concordants de policiers, qui décrivent une opération « bien organisée » au cours de laquelle le général Kanyama aurait donné des ordres pour désigner qui devait être tué. Ces témoignages ont été soumis aux autorités.

Sanctions

Autre critique : le porte-parole du gouvernement affirme que HRW ne prend pas en compte les mesures prises par les autorités. Une commission d’enquête a en effet été créée en septembre. Selon Lambert Mende, 34 policiers ont été sanctionnés, avec des condamnations allant d’un an de prison à la peine de mort.

Mais l’organisation de protection des droits de l’homme cite dans son rapport six magistrats chargés des enquêtes sur l’opération policière ; selon eux, huit policiers ont bien été condamnés pour homicide, mais aucun d’entre eux ne travaillait sur l’opération Likofi. Ces homicides auraient été commis dans d’autres circonstances.

Le rapport de l’ONU publié il y a un mois et s’inquiétant également de violences policières avait déjà provoqué la colère de Kinshasa. En réaction, les autorités avaient expulsé le représentant du bureau des Droits de l’homme des Nations unies en RDC.

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