Venu récemment dans l’opposition, Martin Fayulu, président du parti ECIDE, a incontestablement conquit la place jadis occupée par les tonitruants Joseph Olenghankoy, Docteurs Sonji et Kabamba, Me Kinkela, christian Badibangi… L’homme a compté parmi les nouveaux jeunes Turcs de l’opposition dite radicale fédérés autour de la personne d’Etienne Tshisekedi et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Mais la casquette « radical », tel que définie par le lider maximo n’est pas du gout de la nouvelle génération qui ambitionne de mener le combat politique au sein des institutions. En témoigne, le schisme enregistré à l’issu des élections législatives de 2011 aux termes desquelles des élus de l’opposition radicale – ceux de l’UDPS compris – ont foulé au pied le mot d’ordre de boycott lancé par Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Comme tous les autres jeunes, Martin Fayulu est présent sur tous les râteliers, voguant de cartel en cartel, de plate-forme en plate-forme, de prise de position en reniement de position… Mais personne ne soupçonnait jusque-là l’écart pris par le président de l’ECIDE vis-à-vis de la personne d’Etienne Tshisekedi. L’homme, à la surprise générale, bat désormais campagne pour Denis Mukwege, le médecin du Sud-Kivu, connu pour ses interventions, parfois risquées, au profit des femmes endommagées par le viol en vogue dans les Kivu. Doublé de casquette d’activiste des droits de l’homme, Denis Mukwege jouit d’une audience incontestable dans la sphère internationale. Fayulu a le flair de dénicher ainsi une pièce probablement forgée en sourdine par des puissances occidentales pour jouer à un certain moment une partition déterminante dans la gestion politique de la RDC. C’est donc pour ce médecin que Fayulu consacre toute son énergie afin de le voir conduire ne fut-ce que la transition que les opposants appellent de tous leurs vœux actuellement.
Opportunisme ? Ce ne serait pas un défaut, en politique. Fayulu sait faire la lecture des situations politiques et diplomatiques afin de se positionner au carrefour du partage du gâteau. D’où des invectives décochées par les fideles du patron de l’UDPS énervés de voir Fayulu s’arroger le pouvoir d’exclure Etienne Tshisekedi de la transition à naitre du dialogue réclamé à grand renfort de « vuvuzela ». Evidemment Fayulu n’est pas le seul a faire une croix sur Tshitshi ; Albert Moleka, son ancien directeur de cabinet, ne voit plus de place pour le président de l’UDPS dans la gestion du pays. Il soutient que l’homme est bon désormais pour servir de Patriarche du parti. Des vérités que des exaltés de l’UDPS ne voudraient point entendre ; pourtant le sphinx de Limete est fortement trahi par sa santé.
Il faut relever cependant que les politiciens congolais, ceux de l’opposition surtout, ont une peur bleue des élections. Que l’on bascule de la revendication, sur fond de mort d’hommes, du calendrier électoral global et du respect strict des prescrits de la Constitution vers la quête d’un dialogue devant mener inéluctablement à une nouvelle transition, cela relève de la haute trahison. D’autant que cette période de gestion, quelle que soit sa forme, mettra en sourdine la Loi fondamentale ou, à tout le moins, l’égratignera, ne fut-ce que pour retarder l’échéance de la tenue des élections présidentielle et législatives.
Que voudrait l’opposition, au finish ?