L’occupation de la RDC par l’Ouganda de 1998 à 2OO3 avec pillage systématique des richesses congolaises a valu pour la partie plaignante la RDC la reconnaissance par la cour internationale de justice le payement des indemnités compensatoires de l’ordre de quelque 8 milliards de dollars que les autorités ougandaises bafouent royalement.
C’est en 2005 que la Cour internationale de justice (CIJ), basée à La Haye, a rendu son verdict dans l’affaire opposant la Rdc à l’Ouganda. Le plaignant, la Rdc, accusait l’Ouganda d’avoir occupé son pays pendant cinq ans, de 1998 à 2003 et de s’y être livré à un pillage économique systématique. Kinshasa exigeait de fait des dédommagements en termes de milliards Usd, près de 8 milliards. La Rdc a eu gain de cause.
Dans l’Arrêt définitif, car il n’y a pas de recours, la Cour condamne l’Ouganda à payer des dédommages et intérêts à la Rdc pour tous les préjudices subis par l’occupation des troupes ougandaises (UPDF) sur le territoire congolais. Mais, cette instance internationale ne fixe cependant pas la fourchette des dédommagements.
Elle laisse plutôt aux deux parties, Kinshasa et Kampala, le soin de négocier à l’amiable la hauteur du dédommagement. Erreur monumentale avec un rusé comme Kaguta Museveni, le Président ougandais. Depuis 2005 jusqu’à ce jour, il ne fait que tirer les choses en longueur pour fatiguer Kinshasa, le rouler dans la farine et ne pas délier les cordons de la bourse. En clair, il ne veut du tout rien verser à la Rdc…Il ne voudrait donc pas concéder pas un seul iota de l’Arrêt de la CIJ. C’est cela la stratégie de l’Ouganda. Ce dernier est resté sur la même ligne, droit dans ses bottes au cours de la dernière réunion bipartite, Rdc-Ouganda, tenue samedi dernier à Pretoria, en Afrique du Sud (RSA).
Un cinglant renversement des choses
Sur les 8 milliards Usd réclamés par la Rdc, Kampala propose de payer tout au plus 20 millions Usd, en plusieurs tranches. Pas un dollar de plus. Et là où les choses se sont en plus corsées, c’est lorsque les Ougandais exigent à la RDC de leur payer rubis sur ongle la facture de la guerre de l’AFDL pour chasser le Maréchal Mobutu du pouvoir. Cinglant retournement des choses. La Rdc qui doit à l’Ouganda. L’agresseur devient la victime. Ce n’est plus du droit international.
Heureusement que pour cette cause, l’Ouganda ne se risquera jamais devant la CIJ pour y être débouté. En voici les raisons. En 1996, lorsque l’Ouganda fait pénétrer ses troupes en Rdc, en soutien à la rébellion de l’AFDL, c’est le gouvernement du Maréchal Mobutu qui est le pouvoir constitué de l’époque, le seul reconnu par la Communauté internationale.
Kampala s’est comporté en agresseur
En appuyant des rebelles de l’AFDL contre un gouvernement légal, Kampala s’est comporté en agresseur. A ce titre, il ne peut prétendre à rien. Les Fardc peuvent-elles accompagner les rebelles islamistes des ADF/NALU jusqu’à Kampala, renverser le pouvoir légal de Museveni et exiger par la suite d’être payées ?
C’est ce qu’ont fait les Ougandais à Pretoria lorsqu’ils exigent la facture de la guerre de l’AFDL. Alors que même pour cet épisode de 96-98, l’Ouganda devrait aussi verser des dédommagements à la Rdc pour agression et pillages de la même manière que de 1998 à 2003. Dans les deux cas, les soldats ougandais n’étaient pas invités par le gouvernement légal de Kinshasa, mais étaient là de leur propre chef. A ce sujet, on sait faire des évaluations, en termes des pillages des ressources naturelles commis par les Ougandais.
Tout ce que l’Ouganda tente de faire en ce jour, c’est de chercher divers stratagèmes pour contourner le versement des dédommagements consécutifs à la condamnation par la CIJ. Ils continueront à aligner des argumentaires farfelus et décousus comme celui du payement de la facture de la guerre de l’AFDL.
Mais pourquoi, diantre ; n’ont-ils pas fait valoir ce moyen devant la Cour lors du procès afin d’éviter leur condamnation à payer des milliards de dollars ? Comme on le voit, la mauvaise foi de l’Ouganda à ne pas exécuter l’Arrêt de la CIJ est manifeste. Pendant dix ans, on vole de réunion en réunions. Comme si les Congolais étaient des moutons de Panurge. Aucune réunion n’a abouti à une suite attendue : l’accord sur le montant et l’échéancier du payement. Rien de tout cela.
A quoi bon continuer à prendre part à ces rencontres de vaudeville ? Question sans appel qui doit conduire Kinshasa à y mettre un terme et à rentrer, toutes affaires cessantes, à la CIJ. Reviendra alors à celle-ci de fixer d’autorité le montant du dédommagement, les deux parties étant incapables de s’accorder.