COMESA : Joseph Kabila passe le relais à l’Ethiopien Hailemariam Desalegn

Le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a engagé toute sa crédibilité et celle de la RDC dans la bonne marche du 18ème Sommet du Marché commun de l’Afrique orientale et australe(COMESA). L’Organisation sous-régionale accostant en douceur qui se tient les 30 et 31 mars à Addis-Abeba, a porté sur le thème principal : « Pour une industrialisation inclusive et durable » où la RDC passe le relais à l’Ethiopie.

Le Président de la République Joseph Kabila Kabange, en sa qualité de Président en exercice du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) a procédé à l’ouverture du 18è Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de cette organisation régionale tenu, lundi, au Centre de conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie.

Plusieurs Chefs d’Etat et de gouvernement se sont succédés à la tribune, avant l’annonce par le Président Joseph Kabila de la composition du nouveau bureau du COMESA. Au cours de ce Sommet, le Président Joseph Kabila Kabange, Président sortant du COMESA a passé le flambeau à son successeur, le Premier ministre de la République fédérale démocratique d’Ethiopie, Hailemariam Desalegn, à qui il a aussi remis les symboles du pouvoir.

Dans son discours d’acceptation, le président entrant du COMESA a remercié ses pairs d’avoir jeté leur dévolu sur sa personne, avant de s’engager à ne pas s’écarter des objectifs que cette organisation régionale s’est fixés.

Le Président Joseph Kabila se félicite des progrès remarquables réalisés dans la mise en œuvre de la plupart des programmes du COMESA

Le Président Joseph Kabila Kabange s’est félicité des progrès notables accomplis dans la mise en œuvre de la plupart des programmes du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), durant la brève période des douze mois qu’il a passée aux commandes de cette organisation régionale.

Le Président Joseph Kabila Kabange qui s’exprimait, lundi, du haut de la tribune de la Conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, devant les Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres du COMESA, a cité en particulier l’engagement d’un nombre croissant d’Etats membres dans la mise en œuvre de la stratégie et des principes du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine.

Il a en outre fait état de l’obtention par six Etats de la région des financements auprès du Programme mondial pour la sécurité alimentaire se chiffrant à 254 millions USD, afin d’améliorer leur production agricole à travers le développement de l’irrigation et des chaines de valeur.

Le Chef de l’Etat s’est par ailleurs réjoui de constater que concernant le secteur des infrastructures et de l’énergie, la dépendance de la région du COMESA des partenaires bilatéraux et multilatéraux traditionnels est en train diminuer grâce aux nouvelles possibilités de mobilisation de financements offertes par les économies émergentes, aux propres marchés intérieurs et au marché obligatoire du COMESA.

« Ainsi, pour la seule année 2014, certains de nos Etats ont émis des obligations d’infrastructures d’une valeur totale de 12,4 milliards USD, obligations qui ont toutes été souscrites », a-t-il déclaré, estimant que l’appel destiné à imaginer des moyens innovants pour financer les infrastructures de la région a été entendu.

Au sujet de la Zone de libre échange, le Chef de l’Etat a soutenu que de 19 milliards USD en 2013, le commerce intra-COMESA a atteint 22 milliards USD à fin 2014, alors que qu’au lancement de la Zone de libre échange du COMESA en 2000, le commerce entre les Etats du COMESA ne représentait que 3 milliards USD.

De 2014 à 2015, les banques centrales des pays membres du COMESA qui utilisaient les chambres de compensation pour les paiements effectués par leurs importateurs sont passées de deux à cinq. « Il importe de noter qu’en 2014, la valeur totale des importations intra-COMESA s’élevaient à 10 milliards USD, tandis que les paiements effectués au titre de lettres de crédit se chiffraient à près de 450 millions USD », a-t-il noté.

Au sujet de l’harmonisation des règlementations et de normes en matière des transports, le Chef de l’Etat a donné l’exemple de la RDC où il a été lancé le système virtuel de facilitation du commerce du COMESA dans tous les corridors de commerce ayant ainsi entrainé une nette diminution de temps d’attente aux frontières et l’amélioration de la perception des recettes.

Autres innovations apportées en 2014 sous l’impulsion du Président Joseph Kabila sont notamment la mise au point du régime commercial simplifié, l’ouverture de 27 guichets d‘information sur le commerce transfrontalier fournissant des informations particulièrement utiles aux acteurs de ce commerce. « Cette innovation présente l’avantage additionnel d’aider à rencontrer la préoccupation d’autonomisation économique des femmes qui est centrale à la stratégie d’intégration et réduction de la pauvreté de notre région », a-t-il lancé.

Ci-après le discours de Joseph Kabila à l’ouverture du Sommet du Comesa

Monsieur le Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie,

Majesté,

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Distinguées Premières Dames,

Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine,

Monsieur le Secrétaire Général du COMESA,

Distingués Invités ;

Mesdames et Messieurs ;

Au nom des Chefs d’Etat et de Gouvernement ici présents, et en mon nom personnel, je tiens à m’acquitter d’un agréable devoir, celui de remercier notre Hôte, Son Excellence Monsieur HAILEMARIAM DESALEGN, Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie, le Gouvernement et le peuple frère de ce beau et grand pays, pour avoir accepté d’abriter les présentes assises.

Je salue l’accueil chaleureux et fraternel réservé à toutes les délégations,  ainsi que toutes les marques d’attention  dont celles-ci sont l’objet  depuis leur arrivée dans cette historique ville d’Addis-Abeba.

Je tiens également à être l’interprète fidèle du peuple congolais et de son Gouvernement qui m’ont chargé de transmettre, tant aux frères de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie qu’à ceux de tous les autres pays membres du COMESA, un message de fraternité, d’amitié, de paix, de stabilité, de solidarité et de prospérité, aspirations légitimes des populations de l’ensemble de notre Communauté Economique Régionale.

Majesté,

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Il y a un peu plus d’un an, lorsque vous avez fait à mon pays l’honneur d’assumer la présidence tournante de notre Organisation, je m’étais engagé à œuvrer pour la mise en œuvre de nos programmes prioritaires et à faire avancer le processus d’intégration de notre Région, en veillant à ce que se poursuive la réflexion entamée, lors des assises de Kinshasa, sur le thème « Consolider le commerce intra-COMESA à travers le développement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises ».

En choisissant ce thème, nous voulions mettre l’accent sur les voies et moyens d’améliorer la compétitivité de nos économies ; d’inciter nos concitoyens à faire montre de créativité ; de susciter l’émergence, à plus ou moins court terme, d’une classe moyenne performante et des hommes d’affaires capables de piloter toutes sortes d’unités de production, de transformation et de distribution de nos ressources naturelles ; de créer ainsi localement de la valeur et des emplois ; bref de faire de chacun de nos pays, et par ricochet de notre Région et de notre continent, un espace de progrès, de croissance et de développement.

La réflexion amorcée à Kinshasa, ainsi que le programme d’action qui en a découlé, vont être prolongés et complétés à la faveur des discussions que nous allons avoir au cours de la présente session dont le  thème : « Industrialisation durable et inclusive », est d’une évidente pertinence en ce moment de l’histoire, tant de notre région que de l’ensemble de notre continent.

Nous sommes, en effet, à la croisée des chemins. En ayant le courage d’engager nos économies dans un processus de transformation et d’opérer les réformes structurelles et institutionnelles que cela requiert, nous pouvons mettre fin au paradoxe d’un continent à la fois le mieux nanti en ressources naturelles de la planète et champion toutes catégories en termes d’indices de pauvreté.

C’est le sens de notre présence à tous ici ce jour.

Nous sommes convaincus que la région COMESA, en particulier, et l’Afrique en général, peuvent et doivent devenir des acteurs déterminants dans l’économie mondiale ; qu’ils peuvent et doivent le devenir en dépit de l’évolution de l’environnement économique international qui, depuis le Sommet de Kinshasa, n’a pas été de nature à permettre la pleine réalisation de nos objectifs.

En 2014, la faible reprise de l’économie mondiale et le ralentissement de la croissance des économies émergentes, entrainant la chute tant de la demande que des cours des produits de base, ont sensiblement affecté la performance des économies africaines en général, et des économies COMESA en particulier. Ainsi, la croissance du produit intérieur brut moyen pour 2014, au sein du COMESA, n’a été que de 5,5 %, alors qu’une moyenne de 7 % est requise pour juguler la pauvreté.

La vulnérabilité et la fragilité de la croissance de nos économies, à la fois faiblement diversifiées et excessivement extraverties, ont donc été, une fois encore, éloquemment démontrées.

Majesté,

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Lors de notre dernier Sommet, nous nous étions individuellement et collectivement engagés à approfondir notre coopération.

Je suis heureux de constater que, durant la brève période des 12 derniers mois, nous avons réalisé des progrès notables dans la mise en œuvre de la plupart de  nos programmes.

Il en est ainsi du programme « Agriculture, Sécurité alimentaire et nutritionnelle ».

Un nombre croissant d’Etats membres se sont en effet engagés dans la mise en œuvre de la stratégie et des principes du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine.

Entre autres retombées positives de cette évolution, six pays de notre Région ont obtenu des financements auprès du Programme Mondial pour la Sécurité Alimentaire se chiffrant à 254 millions de dollars, afin d’améliorer leur production agricole à travers le développement de l’irrigation et des chaines de valeur.

Bien plus, des projets pilotes, conçus pour assurer la résilience de l’agriculture et la sécurité alimentaire et nutritionnelle menacée par le réchauffement planétaire, sont en cours d’exécution dans 14 pays. Cela  a permis à ces pays de doubler leurs récoltes de maïs et de riz par hectare, et à 10 Etats membres, de mobiliser deux milliards et demi de dollars en appui à leurs interventions liées aux changements climatiques auprès de plusieurs sources, dont le Fonds Mondial pour l’Adaptation au Climat.

A propos du chantier des infrastructures et de l’énergie, la Région COMESA a des besoins en financement de l’ordre de 67 milliards de dollars pour des projets dont la mise en œuvre est cruciale pour la libre circulation des biens et services et pour l’intégration régionale et continentale.

Contrairement aux années précédentes où la mise en œuvre de nos projets dans ces deux secteurs vitaux dépendait essentiellement de la coopération financière avec nos partenaires bilatéraux et multilatéraux traditionnels, cette dépendance est en train de diminuer grâce aux nouvelles possibilités de mobilisation de financements qu’offrent les économies émergentes, nos propres marchés intérieurs et le marché obligataire. Ainsi, pour la seule année 2014, certains de nos Etats ont émis des obligations d’infrastructures d’une valeur totale de 12,4 milliards de dollars, obligations qui ont toutes été souscrites.

Il est, par ailleurs encourageant de noter que plus de soixante-dix pourcents de ces obligations ont été souscrites par les citoyens des Etats membres de notre Région.

C’est dire que l’appel des Chefs d’Etat et de Gouvernement du COMESA  à imaginer des moyens innovants pour financer nos infrastructures a été entendu.

S’agissant de notre Zone de libre échange, de 19 milliards de dollars américains en 2013, le commerce intra-COMESA a atteint 22 milliards de dollars à fin 2014. La performance en ce domaine est encore plus remarquable si on se réfère au fait qu’au moment du lancement de la Zone de libre échange du COMESA en 2000, le commerce entre nos pays ne représentait que 3 milliards de dollars.

Par-delà l’augmentation des échanges, d’autres améliorations ont été enregistrées grâce à la chambre de compensation du COMESA, mécanisme de paiement et de règlement qui a pour rôle de faciliter le commerce entre les Etats membres.

Au moment de notre rencontre à Kinshasa, seules deux de nos banques centrales utilisaient la Chambre de compensation pour les paiements effectués par leurs importateurs. Depuis lors, cinq banques centrales ont rempli les conditions requises pour que leurs importateurs canalisent leurs paiements à travers la Chambre de Compensation du COMESA, portant ainsi à 7 le nombre total des pays bénéficiant de la Chambre.

Il y a lieu d’encourager les pays qui ne l’ont pas encore fait, à prendre les dispositions requises pour être en droit d’utiliser le système régional de paiement et de règlement du COMESA, ce système permettant à nos importateurs et à nos économies d’épargner et de pouvoir réinvestir dans nos pays, des sommes importantes qui, présentement, sont plutôt versées aux grandes banques commerciales européennes et américaines au titre de provisionnement des lettres de crédit.

A ce sujet, il importe de noter qu’en 2014, la valeur totale des importations intra-COMESA s’élevait à 10 milliards de dollars américains, tandis que les paiements effectués au titre de lettres de crédit se chiffraient à près de 450 millions de dollars. Si nous avions pleinement mis à contribution la Chambre de Compensation pour tous nos échanges, nous aurions épargné 300 millions de dollars aux entrepreneurs et aux économies de notre Communauté.

Par ailleurs, et toujours dans le cadre de la facilitation du commerce, les efforts d’harmonisation des règlementations et des normes en matière des transports ont, en 2014, porté en priorité sur la mise en œuvre du Système virtuel de facilitation du commerce, permettant notamment l’intégration de la Carte jaune et du Système régional de garantie sous douane du COMESA et, partant, aux marchandises et aux moyens de transport de circuler librement parmi les Etats membres.

Comme en témoigne l’expérience de mon pays, où nous avons lancé le Système virtuel de facilitation du commerce du COMESA dans tous nos corridors de commerce, le temps d’attente aux frontières a nettement diminué et la perception des recettes s’est améliorée.

Par ailleurs, pour rendre le régime commercial inclusif et non discriminatoire, un régime commercial simplifié a été mis au point en faveur des commerçants transfrontaliers, vu que, au début des opérations de la Zone de libre échange, le régime commercial était essentiellement conçu pour des entreprises formelles et non pour les commerçants transfrontaliers, dont la plupart sont des femmes et des jeunes.

Dans ce cadre, 27 guichets d’information sur le commerce transfrontalier ont été ouverts et fournissent des informations particulièrement utiles aux acteurs de ce commerce, notamment sur les marchandises pour lesquelles, au terme des conventions entre nos Etats, les petits commerçants ne doivent payer ni taxes ni droits.

Cette innovation présente l’avantage additionnel d’aider à rencontrer la préoccupation d’autonomisation économique des femmes qui est centrale à la stratégie d’intégration et de réduction de la pauvreté de notre Région.

Du fait de la prochaine participation de la RDC, de l’Ethiopie et de l’Ouganda à la Zone de Libre Echange du COMESA, il y a lieu d’espérer des résultats plus significatifs encore que ceux mentionnés ci-haut.

Ces résultats s’amplifieront davantage lorsque, en juin prochain, nous lancerons la Zone de Libre Echange Tripartite COMESA, EAC, SADC. Cette grande zone de libre échange, du Cap au Caire, qui regroupera 26 pays, sera la plus grande zone de libre échange en Afrique.

Avec une population combinée de 656 millions d’habitants et un produit intérieur brut combiné de 130 milliards de dollars, elle permettra de drainer plus d’investissements tant de l’intérieur de notre région que du reste du monde.

Majesté,

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Le survol que je viens de faire des résultats de la mise en œuvre de nos programmes au cours de l’année écoulée confirme le bien-fondé de notre stratégie globale basée sur l’intégration des marchés, le développement des infrastructures, l’industrialisation, la facilitation du commerce, la promotion des investissements, ainsi que de la micro, petite et moyenne entreprise. Le COMESA a donc des beaux jours devant lui et ma conviction profonde est que, petit à petit, tous les objectifs que s’étaient fixés ses pères fondateurs seront atteints. A condition cependant que nous tenions résolument le cap des réformes et que chaque Etat membre soit et demeure un espace où règnent la paix et la sécurité.

A ce sujet, en dépit de substantielles améliorations, en certains endroits, comme dans l’est de mon pays, la situation sécuritaire dans la Région continue d’être une source de préoccupations. Au cours de ce Sommet, nous en débattrons donc, afin de prendre les mesures qui s’imposent. Individuellement et collectivement, nous devons et pouvons arriver à neutraliser toutes les forces négatives, à combattre efficacement la piraterie maritime, et à mettre fin au terrorisme et à la violence sous toutes ses formes en traduisant leurs auteurs en justice.

Je ne doute pas que, sous la présidence de mon frère le Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie, nous enregistrerons des grandes avancées sur ce chantier de la paix et de la sécurité, comme sur celui plus large de l’intégration économique, de la transformation de nos économies, de la croissance inclusive et de l’amélioration des conditions de vie de nos populations.

Je tiens à l’assurer de mon soutien le plus total, ainsi que de celui de chacun de nos pairs Chefs d’Etat et de Gouvernement ici présents ou représentés.

Acceptez, une fois encore, Majesté, Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, mes remerciements les plus sincères pour m’avoir permis, ainsi qu’à mon pays, de servir notre Communauté, en tant que Président en exercice, pour la période 2014-2015.

Que vive le COMESA !

Je vous remercie de votre aimable attention.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *