Environ 425 corps ont été, depuis deux semaines, enterrés dans une fosse commune au cimetière de Fula-Fula dans la commune de Maluku à Kinshasa, rapportent plusieurs sources concordantes. La découverte a été faite par la population de ce coin de la capitale, qui a tout de suite saisi la Monusco pour dénoncer les odeurs qui s’y dégageaient. La mission onusienne en RDC, à son tour a saisi, via le Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’homme (BCNUDH), le Procureur de la République lui demandant d’ouvrir une enquête sur ce dossier.
Comme de coutume ; pareille circonstance ouvre la voie à des conjectures, selon les intérêts des uns et des autres. C’est ainsi que certaines personnes soupçonnent que ce sont des corps des personnes mortes lors des événements survenus du 19 au 21 janvier 2015 dans la capitale. Pendant trois jours, l’opposition avait organisé des manifestations pour dénoncer la modification de la loi électorale alors en discussion au Parlement.
Cependant, dans son rapport publié vendredi 3 avril 2015 à Kinshasa, le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab qui a reçu dans son bureau de travail, une délégation des officiels de l’Onu et des organisations des droits de l’homme, a rejeté la version selon laquelle des corps enterrés dans cette fosse commune sont des victimes des émeutes survenues en janvier dans la capitale. Il a rappelé que le nombre des victimes de ces manifestations a été bien connu : 12 morts pour la source officielle et 42 selon la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Pour Evariste Boshab, il s’agit plutôt des indigents, gardés longtemps à la morgue centrale de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo, qui, sur une demande de la direction de la morgue, avaient été enterrés. Selon ce rapport du gouvernement, parmi les indigents, il y a des personnes ayant rompu le tissu social avec leurs familles, des corps abandonnés, les corps non identifiés et les mort-nés enregistrés en bonne et due forme à la morgue centrale de l’Hôpital général de référence de Kinshasa.
Evariste Boshab a, par ailleurs, indiqué que c’est en toute transparence et du devoir de vérité que le gouvernement a rendu public son rapport administratif en attendant le volet judiciaire. Le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, et Sécurité a également déclaré que le gouvernement était disposé à exhumer les corps, si la demande était faite au moindre doute persistant. Pour plus de transparence, il a promis de mettre son rapport à la disposition de tous !
Les délégués du représentant du Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’homme (BCNUDH), présents à cette rencontre de vendredi dernier, se sont félicités de cet échange et ont dit prendre bonne note des déclarations du gouvernement à ce sujet et attendent le rapport administratif promis pour se prononcer sur ce dossier.
Outre les membres du Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’homme (BCNUDH), d’autres organismes ont pris part à cette rencontre dont les ONG des droits de l’homme congolais, Humann Right Watch, les membres du gouvernement ainsi que les responsables des services de sécurité.
Certains politiciens de l’opposition réclament plutôt une enquête parlementaire pour apporter la lumière sur cette affaire qui défraye la chronique politique congolaise. Mais l’on est en droit de s’interroger sur l’efficacité d’une enquête des députés congolais devant le travail conjoint de l’ONU et des Ong des droits de l’homme.