Près de cinq cents étudiants de la République du Congo vivant à Kinshasa ont regagné leur pays d’origine samedi 26 avril dans l’avant midi à partir du Beach Ngobila. Ces retournés ont indiqué que c’est par crainte de représailles qu’ils ont choisi de retourner à Brazzaville. Visiblement, ce n’est pas de gaieté de cœur que ces étudiants quittent Kinshasa, en interrompant leurs études au cours de l’année. A leur entrée dans le bateau pour Brazzaville, ces étudiants ont demandé aux autorités des deux pays de » régler leurs problèmes politiques « . Pendant ce temps, un nombre important de Congolais ont regagné Kinshasa le même samedi par le Beach de la Sctp, où ils ont été accueillis par le Premier ministre Matata Ponyo, quelques membres de son gouvernement et le gouverneur de la ville de Kinshasa. Qu’est-ce qui se cache derrière ce fait que personne n’arrive à expliquer clairement ? S’agit-il d’un problème politique ou diplomatique ? S’agit-il d’un simple désamour entre deux peuples condamnés à vivre ensemble ? Des questions se posent au sein des populations, où la tension atteint déjà 45°C. Une température que les politiques de deux pays sont appelés à prendre au sérieux et dont il faut trouver des moyens pour la diminuer le plus rapidement possible.
D’aucuns le savent. La police de Brazzaville mène depuis plus de deux semaines l’opération « Mbata ya mikolo » (gifle des aînés) pour arrêter et expulser des étrangers présumés criminels. Plus d’un millier de ressortissants de la RD Congo ont été refoulés dans des conditions peu commodes dans le cadre de cette opération. Certains Kinois arrivés à Kinshasa déplorent des cas de viol et autres exactions dont ils sont victimes. Alors qu’à Kinshasa, pour ne pas favoriser des débordements lors du rapatriement des étudiants de Brazzaville, les autorités de la RD Congo ont encadré leur retour volontaire.
Un compatriote l’a si bien dit : Chassés comme des malpropres au Congo voisin sans ménagement avec une violence extrême qui n’a d’égal que la répugnance qu’ils inspirent auprès des frères de l’autre rive, les Kinois ont, le temps d’un éclair, côtoyé l’humiliation. Agglutinés dans des embarcations tels des animaux malades de la peste, ils ont appris à leurs dépens la formule chère aux sédentaires patentés : » On est mieux que chez soi « . Même spectacle désolant en Angola où la chasse aux Congolais tient d’une routine. En Centrafrique, ce sont les coups de canons des miliciens Anti-Balaka qui dissuadent nos compatriotes à rentrer au bercail transitant par des camps des déplacés où la précarité passe pour une seconde vie. Dans la sous-région, le Congolais passe pour le mal-aimé. En contrepartie de toutes les humiliations et de toutes les atrocités subies, nos gouvernants continuent à jouer une partition à demi-teinte, soufflant le chaud et le froid sur fond d’une diplomatie de conciliation là où il faut hausser le ton pour dire : » Non ça suffit » !
A l’observance, les expulsions, sans ménagement et dans le dénuement le plus total, des RD Congolais de Brazzaville s’apparentent à de la salive projetée vers le ciel alors que vous êtes couché; elle retombera sur vous… Tôt ou tard!
Quand on a à l’esprit que les bords du fleuve Congo représentent un endroit unique au monde où deux capitales se regardent d’aussi près face à face, partageant la même culture, le même courant d’air, le même pont qu’est cet impressionnant cours d’eau, il y a lieu de mettre de la manière dans les opérations de police de ce type!
Loin est de répercuter nullement ici, dans une réaction épidermique, les propos « va-t-en guerre » de plusieurs compatriotes, du politique à l’homme de la rue, contre les autorités de Brazzaville, car il faut continuer à croire que les peuples de deux rives n’ont pas d’autre choix que de vivre dans la paix et la concorde malgré tout ! Les populations de deux pays doivent donc puiser dans leur sagesse commune des images qui doivent les appeler, de part et d’autre du fleuve, à beaucoup plus de retenue ! La gémellité des Kinois et des Brazzavillois ne doit pas ressembler à celle de deux oreilles qui, pourtant nées le même jour, ne se rencontrent pas ! En outre, ces deux peuples doivent apprendre à regarder ensemble leur passé, leur présent et leur avenir, et éviter de connaitre l’ironie des deux yeux qui peuvent voir très loin, mais ne voient pas hélas le front !
Même si, selon la version officielle, Kinshasa a déversé le résidu de sa délinquance juvénile (prostituées et kulunas…) sur les rivages de Brazzaville, il fallait y aller avec beaucoup de tact ! C’est en effet quand un moustique se pose sur votre œil que vous vous rendez compte qu’il y a vraiment moyen de régler certains problèmes autrement que par la violence, autrement que par… « mbata ya mukolo » (le nom de code de cette opération d’expulsions des Kinois)!!