Expulsions sauvages des RD Congolais de Brazzaville: Des possibles crimes contre l’humanité

Les expulsions collectives de ressortissants de la République démocratique du Congo par les autorités du Congo-Brazzaville voisin en 2014 pourraient constituer des « crimes contre l’humanité », affirme Amnesty international dans un communiqué publié aujourd’hui. « Les violences policières, persécutions, détentions arbitraires et viols survenus dans le cadre d’une opération de sécurité visant à expulser hors de la République du Congo des dizaines de milliers de ressortissants de la RDC l’an dernier relèvent d’attaques généralisées susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité », écrit cette organisation de défense des droits de l’Homme.

« La République du Congo a l’obligation claire de traduire en justice les responsables présumés de crimes de droit international », ajoute l’organisation, qui demande « la suspension de l’ensemble des projets d’expulsions collectives d’étrangers hors de la République du Congo, ainsi que l’autorisation pour toutes les personnes ayant fait l’objet d’une expulsion illégale de revenir si elles le souhaitent ».
Flashback. En avril 2014, les autorités de Brazzaville ont lancé une vaste opération policière dénommée « Mbata ya bakolo » (« La gifle des aînés », en lingala). En quelques semaines, sous couvert de traquer les clandestins accusés de crimes ou délits, les autorités de la République du Congo ont alors expulsé ou poussé au départ près de 250.000 ressortissants de RDC, dans un climat de xénophobie latente à Brazzaville. Selon l’ONU, de nombreuses violations graves des droits de l’Homme ont été commises pendant ces retours forcés.

Cependant, Bienvenu Okiemy, porte-parole du gouvernement congolais, dénonce ce rapport à charge, qui s’apparente à une croisade contre son pays. Il réfute d’abord l’organisation d’expulsions systématiques. L’opération policière dénommée « Mbata Ya bakolo » n’a été qu’une opération de sécurisation des grandes agglomérations, affirme-t-il. « La République du Congo n’a jamais envisagé de politique systématique ou spécifique visant à expulser de son territoire national une quelconque communauté étrangère que ce soit. Il s’agissait simplement d’une opération de police, de sécurisation des agglomérations de Brazzaville, insiste Bienvenu Okiemy au micro de RFI. Au cours de cette opération de sécurisation, on a constaté qu’un certain nombre d’étrangers étaient en situation irrégulière. La police nationale, obéissant au droit interne congolais, leur a demandé de rentrer chez eux, conformément aux règles applicables entre les différents pays concernés. »

Des policiers sanctionnés

Pour le porte-parole du gouvernement congolais, « quand on parle ici et là de crimes contre l’humanité, non seulement c’est une insulte à l’interprétation de la règle de droit, mais encore, c’est une atteinte forte aux faits, rien qu’aux faits. » Il reconnaît cependant que « quelques faits » se sont déroulés à Brazzaville, mais que les autorités ont réagi avec fermeté à l’encontre des responsables. « Nous avons eu à sanctionner un certain nombre de policiers – 18 – pour atteinte à la déontologie qui gouverne le corps de la police nationale. Nous avons été intransigeants à l’égard de ceux qui avaient attenté à la règle de droit », plaide le porte-parole du gouvernement congolais.

Kinshasa  « poursuivra jusqu’au bout des pourparlers avec la République du Congo », avant de prendre une décision responsable, a affirmé vendredi 3 juillet le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Celui-ci a reconnu qu’il s’est passé « des choses inacceptables lors de ces expulsions. Nous en avons parlé avec nos voisins lors de toutes les commissions mixtes qui nous ont mis ensemble à Kinshasa et à Brazzaville. Nous avions même annoncé la mise en place d’une structure au ministère de l’Intérieur qui devrait recevoir des plaintes des victimes pour nous permettre de diligenter des actions auprès de la justice, congolaise (Brazzaville), d’ici et même internationale. Les procédures qui ont commencé vont se poursuivre jusqu’au bout. Amnesty international n’est pas une structure officielle du gouvernement de ce pays. Nous avons déjà mis en marche des procédures. Nous n’avons pas attendu Amnesty international pour cela. Plusieurs témoignages ont fait état des violences que les Congolais de la RDC auraient subies pendant cette opération d’expulsion initiée par Brazzaville en 2014.

Il importe de noter que le gouvernement de la RDC avait exigé l’ouverture d’une enquête sérieuse sur ces allégations de violations de droits de l’homme. Brazzaville a toujours nié ces allégations, estimant que les expulsés font « de faux témoignages ».​

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