Election des gouverneurs : Boshab Court-circuite la CENI et l’OPR plaide pour l’accélération du processus entier !

Elle a indiqué que ce processus est suspendu dans la province du Kasaï Central faute de candidatures

L’appel au dialogue politique lancé par le Président de la République est le fruit d’un constat du retard accumulé dans la mise en œuvre du processus électoral dans le strict respect de la Constitution, dixit OPR.

Le Vice-Premier ministre et Ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, a annoncé, samedi 11 juillet à Kinshasa, l’organisation des élections des gouverneurs de nouvelles provinces entre le 27 et le 31 juillet prochain. Il a précisé, à cet effet, que les anciens gouverneurs restent en fonction et continuent à expédier les affaires courantes jusqu’à l’installation de nouvelles autorités.

L’annonce d’Evariste Boshab a surpris plus d’un et cela à plus d’un titre. D’abord parce que, mises à part les provinces de l’Equateur et celle de la Province Orientale, les quatre autres qui doivent être découpées ne l’ont pas encore été. Le processus électoral en général a connu un retard.

Ensuite, parce que les élections constituent la raison même de l’existence de la CENI, la Commission électorale nationale indépendante. C’est cette structure qui annonce, prépare et organise les élections à tous les niveaux. Que vient donc faire le Ministre de l’Intérieur dans cette affaire? Enfin, le calendrier annoncé par Evariste Boshab semble difficile à réaliser ou à mettre en œuvre. D’ici le 31 juillet 2015, il ne reste que deux petites semaines.

L’organisation d’un processus électoral exige du temps pour la transparence du scrutin dépôt des candidatures, traitement des dossiers, publication des listes des candidats retenus, campagnes électorales, organisation proprement dit du scrutin, compilation des résultats et leur publication. Cela fait au minimum trois mois nécessaires pour que la centrale électorale arrive à organiser les élections des gouverneurs, en supposant que toutes les autres conditions sont réunies.

Inquiétude

Le Ministre de l’Intérieur a voulu rassurer la communauté nationale et internationale à cette occasion en affirmant qu’on n’a pas du tout à s’inquiéter. Mais, force est de reconnaître que l’inquiétude subsiste. D’abord parce que la CENI n’a pas prévu ces élections maintenant. Et, visiblement, elles ont été décidées sans l’avis de cette institution d’appui à la démocratie parce qu’elle est totalement engagée dans l’organisation d’une autre élection, celle des députés provinciaux.

Ensuite, parce que nul ne sait si les moyens financiers nécessaires à l’organisation du scrutin sont disponibles. On se souviendra que depuis la mort de Louis Koyagialo, gouverneur élu de la Province de l’Equateur, il y a de cela plus de sept mois, la CENI n’a pas été à mesure d’organiser l’élection du nouveau duo à la tête de la province, tout simplement parce que le gouvernement n’avait pas mis à sa disposition les fonds nécessaires pour financer les différentes opérations électorales. La loi exige pourtant que cette élection soit organisée endéans les 90 jours.

L’autre raison de s’inquiéter est le nombre de scrutin. Si, avec le budget 2014 et celui du premier semestre 2015, il n’a pas été possible d’organiser une élection dans une seule province, avec quels moyens va-t-on tenir le coût de 21 scrutins ? La RDC va passer de 11 à 26 provinces. Seuls les gouverneurs du Bas-Congo, de Kinshasa, du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu ne seront donc pas concernés par cette élection car leurs entités n’ont pas fait l’objet de découpage. Une question demeure, cependant, non  résolue: à quel moment l’élection de gouverneur sera organisée dans ces cinq circonscriptions épargnées par la décision d’Evariste Boshab ? Nul ne le sait. Et cela ne peut qu’accroître l’inquiétude.

Calendrier

Compte tenu de cette décision prise par le Ministre de l’Intérieur, la CENI va devoir se mettre en mouvement et élaborer un calendrier acceptable pour la tenue de ces élections qui doivent respecter la procédure prévue par les lois en vigueur. La démarche ne paraît pas aisée, en ce moment où des pans de l’opposition politique et de la Société civile demandent que soit revu l’agenda électoral publié en février dernier par la CENI. Ceci parce qu’il apparaît de plus en plus certain qu’il ne sera pas possible d’organiser tous les scrutins prévus aux dates mentionnées dans la feuille de route de la CENI, à cause du temps qui fait défaut et du manque de moyens financiers indispensables au bon déroulement du processus électoral.

Mais, si la CENI venait à revoir son agenda juste pour l’élection des gouverneurs de nouvelles entités décentralisées, il y a à craindre un tollé général de cette frange des forces politiques et sociales qui se sentiront frustrées, pour ne pas dire trahies. La CENI elle-même, dont on respecte l’indépendance vis-à-vis d’autres institutions, risque de se retrouver en mauvaise posture et se fragiliser.

Inconnue de taille

Il subsiste, dans tous les cas de figure, une inconnue de taille : les électeurs. Quel sera le corps électoral de ces nouveaux gouverneurs? La question mérite d’être posée. Par le passé, c’est-à-dire depuis 2007, ce sont les députés provinciaux qui élisent les gouverneurs et les sénateurs. Or, ces nouvelles provinces ne sont pas encore dotées des Assemblées provinciales. L’élection des députés provinciaux est prévue en octobre.

Logiquement donc, les gouverneurs ne peuvent pas être élus avant février 2016. Par ailleurs, les députés provinciaux actuels ne peuvent plus constituer le corps électoral, puisque leurs circonscriptions  électorales ont disparu et que les Assemblées des provinces découpées expédient, comme les gouvernorats, les affaires courantes. Dans ces conditions, il va donc falloir que soit le Ministre de l’Intérieur, soit la CENI donne plus d’éclairage sur cette élection qui suscite déjà des commentaires dans tous les sens.

L’OPR plaide pour l’accélération du processus électoral en général !

De son côté, la plate-forme Opposition patriotique et républicaine (OPR) voit les choses autrement. Selon elle, d’aucuns se livreraient à croire que le dialogue en question viendra trancher différentes questions liées au partage du pouvoir, aux conflits interpersonnels, à la construction des chemins de fer et des ponts, etc.

La Classe politique et la Société civile congolaises se doivent de saisir cette occasion, selon l’Opposition patriotique et républicain, pour qu’en toute franchise, responsabilité et sincérité, ces assises puissent accoucher d’une feuille de route patriotique, républicaine et contraignante pour une alternance apaisée et sans compromission aux prescrits de la Constitution sur la matière ici visée.

L’OPR fait remarquer également que certains Partis politiques importants de l’opposition qui, à l’époque des Concertations nationales, avaient préféré et exigé la tenue d’un dialogue politique, tiennent désormais un discours qui ne contribue pas du tout à la tenue immédiate de ces assises qui, pour l’O.P.R, sont actuellement le seul et unique cadre de dialogue et de vérité en vue d’un engagement et une solution politique responsables face au dangereux retard électoral précité et dont les responsables sont connus de tous et que l’O.P.R met sur les épaules du Gouvernement et des représentants du Peuple au Parlement.

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