Le président tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete depuis vendredi à Kinshasa en visite d’amitié de 24 heures

Pour sa 1ère visite officielle en RDC depuis qu’il est à la tête de son pays en 2005, le président de la République unie de Tanzanie, Jakaya Mrisho Kikwete, dont le rôle devient déterminant dans la région des Grands Lacs est vivement attendu à Kinshasa pour un message fort auprès des dirigeants congolais auxquels s’est adressé le Secrétaire d’Etat John Kerry une semaine auparavant.

Le président tanzanien, Jakaya Mrisho Kikwete, est arrivé hier soir à Kinshasa, en visite officielle de 24 heures. Sa première visite depuis qu’il a pris les commandes de la Tanzanie en décembre 2005. Nouvel enfant chéri des Etats-Unis, Kikwete arrive à Kinshasa juste après le passage du secrétaire d’Etat américain.

Très engagée dans la stabilité des Grands Lacs où elle prend une part active au sein de la Brigade d’intervention des Nations unies, la Tanzanie prend de plus en plus de l’ampleur dans la région. Le bref séjour de Jakaya Mrisho Kikwete à Kinshasa ne devait pas rester sans effets.

Porté à la tête de la République unie de Tanzanie en décembre 2005, Jakaya Mrisho Kikwete n’a jamais fait le déplacement de Kinshasa, avec lequel il partage pourtant une frontière naturelle de plus de mille kilomètres. Longtemps entretenu comme un mythe, le déplacement du président tanzanien est devenu une réalité depuis hier vendredi. C’est dans la soirée que l’avion transportant Jakaya Mrisho Kikwete s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de N’Djili.

Le chef de l’Etat tanzanien a été accueilli au bas de la passerelle par le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon.

Pour une visite officielle aussi courte, soit à peine 24 heures, les spéculations sont allées dans tous les sens. Cependant, des sources proches de la présidence congolaise annoncent que Jakaya Kikwete devait s’entretenir incessamment avec son homologue congolais, Joseph Kabila. « Le président Jakaya Kikwete vient à Kinshasa juste pour une visite officielle de 24 heures, il rentrera demain samedi dans son pays », ont déclaré les même sources, reprises notamment par l’Agence Chine nouvelle. Les mêmes sources rapportent que la visite du président tanzanien s’inscrit dans le cadre de la coopération entre les deux pays.

Ce déplacement intervient au moment où dans certains cercles d’analystes, on présente désormais la Tanzanie comme le nouvel enfant chéri des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs. On en donne pour preuve le récent passage à Dar es-Salaam du président américain, Barack Obama. Des indiscrétions rapportent que Washington a gratifié Dar es-Salaam d’un nouveau rôle dans la région des Grands Lacs. Ce qui explique dans une certaine mesure sa forte implication dans la Brigade spéciale d’intervention des Nations unies déployée dans l’Est de la RDC pour traquer et neutraliser tous les groupes armés et milices qui pullulent dans la partie orientale de la RDC.

La Tanzanie passerait-elle alors pour le nouveau gendarme de la région des Grands Lacs, dûment mandatée par les Etats-Unis ? Nombre d’observateurs n’excluent pas cette hypothèse. Le Rwanda, pays rendu responsable de l’instabilité dans les Grands Lacs, n’a jamais digéré le leadership tanzanien dans la Brigade d’intervention des Nations unies. Un nuage épais couvre toujours les rapports, pour le moment tendus, entre Kigali et Dar es-Salaam.

L’appel du président tanzanien

A ce propos, dans une interview exclusive accordée le 14 avril 2014 à notre confrère Saleh Mwanamilongo de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), le président tanzanien avait minimisé la brouille entre son pays et le Rwanda. « Je ne pense pas que nos relations avec le Rwanda aient atteint un niveau qui peut préoccuper les gens jusqu’à ce point. Je ne vois pas là où il y a le problème », avait-il déclaré.

Quant aux relations de la Tanzanie et la RDC, Jakaya Kikwete les avait jugées « très bonnes ». A la réplique de notre confrère, « Et pourtant, depuis que vous  êtes au pouvoir ni lui, ni vous, personne n’a jamais effectué officiellement une visite chez l’autre à Dar es-Salaam ou à Kinshasa ? », la réponse du président tanzanien a été sans détours : « Effectuer une visite officielle ne signifie pas que nous n’avons pas de bonnes relations. Nos relations sont très bonnes.

Le Congo est un pays avec lequel nous entretenons de très bonnes relations de coopération et nous nous entraidons mutuellement. Nos relations n’ont  aucun  problème. Ce n’est même pas important qu’on effectue une visite officielle pour démontrer le degré de notre coopération. Mais comme tu le dis, c’est vrai que les visites raffermissent les liens de coopération, mais nous nous rencontrons à plusieurs fois. Le Congo c’est parmi les pays avec lesquels nous entretenons de très bonnes relations ».

Poussé à s’adresser à la population congolaise à cette occasion-là, le chef d’Etat tanzanien a privilégié la voie du dialogue, seule voie, selon lui, pour mettre fin au cycle de violences dans lequel s’est enfermé la RDC depuis plus d’une décennie. « La population de l’Est, et de la RDC, en général, doit comprendre que la guerre ne construit pas. La guerre ne va pas résoudre leurs problèmes…, mais s’ils peuvent se mettre ensemble et parler de ça, ils vont y mettre fin.

La guerre amène la destruction, la guerre amène la souffrance. Je pense c’est le plus grand message que je peux leur adresser. Si eux-mêmes se rendent compte que le dialogue peut résoudre leurs problèmes, j’estime qu’il n’y aura plus de guerre car, si prendre les armes était la solution aux problèmes du Congo, il n’y en aurait plus ! Mais malheureusement, c’était le cycle de rébellions ».

Est-ce le même message qu’il se prépare à transmettre à son homologue congolais. Sans doute, Jakaya Kikwete ne manquera pas d’évoquer avec Joseph Kabila les pistes de sortie du bourbier de l’Est. Très engagé dans la Brigade spéciale d’intervention des Nations unies, la voix de la Tanzanie pèse énormément dans le processus de paix et de stabilité de la région des Grands Lacs. Le réchauffement de l’axe Kinshasa-Dar es-Salaam devait vraisemblablement faire bouger les lignes dans la résolution des conflits qui créent une instabilité permanente dans l’Est de la RDC et dans la région.

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