Les « Samouraïs » de l’UDPS suspendent Tshisekedi

RDC: l'opposant historique Étienne Tshisekedi est mort mercredi à Bruxelles

En se mettant dans les rangs de ceux qui souhaiteraient un dialogue national, en vue de vider les questions de l’heure, nous avions indiqué dans notre dernière édition que l’UDPS avait validé le « glissement » projeté par le pouvoir et fustigé par l’opposition. Cette allégation n’a pas du tout laissé de marbre les combattants de cette formation politique, qui nous ont tout de go atteint au téléphone. Pour ces Udpsiens intraitables, dialoguer avec le pouvoir actuel serait de la haute trahison. Comment ? Pour eux, il ne faut pas aller dans le vent pour chercher la réponse à cette question. Opposée diamétralement au régime en place, l’UDPS ne se mettra jamais autour d’une table avec son adversaire et avaler le reste du pot de vin lui tendu.

A l’observance, les mauvaises nouvelles se multiplient à l’UDPS depuis un paquet de temps. Plus précisément depuis que Etienne Tshisekedi a été évacué d’urgence a Bruxelles pour raisons de santé. Sa fiche de santé aura agité ses proches collaborateurs, dont son fils Felix Tshisekedi qui semble agir en qualité de l’autorité morale du parti. Chose qui fâche ceux qui auront trop milité pour le parti depuis les années sombres du régime dictatorial du Maréchal Mobutu. Des rumeurs de tous genres circulent à cet effet à tous les niveaux du castel UDPS, où personne n’ose élever la voix, sachant tardivement qu’à l’UDPS c’est bien chez Etienne et famille.

Cependant, l’engagement de l’opposant en chef pour un dialogue négocié en catimini avec la majorité est considéré, pour certains combattants du parti, comme une preuve grandeur nature que l’autorité morale du parti s’est résolue à quitter la ligne de défense pour se faire « kabiliser », kabilisant ainsi l’UDPS. Une option considérée comme un cheveu tombé dans la soupe, et qui aura fâché les combattants. Les dernières manifestations organisées dernièrement à Bruxelles portent à noter que le parti est rongé de l’intérieur, à tel point que cette formation politique présente de plus en plus une mine de papier mâché.

En effet, les combattants pro-dialogue estiment qu’il est temps de se mettre autour d’une table pour discuter avec la majorité sur le respect de la Constitution, du calendrier électoral et de rien d’autre. Ce, par un intermédiaire étranger tel que mentionné dans l’accord-cadre d’Addis Abeba. Cependant pour les opposants à tout dialogue, il s’agit de manœuvres de couloirs qui aboutiront à la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale et à une période transitoire qui permettrait au pouvoir d’aller au-delà du mandat constitutionnel.

A considérer les discours des uns et des autres, l’UDPS est à un pas d’éclatement. Face à cette situation, Etienne Tshisekedi brille par un silence radio qui soulève bien des questions : la faim a-t-elle chassé le sphinx hors du bois ? Est-il rassuré de succéder à Joseph Kabila en 2016, Félix Tshisekedi ayant récemment déclaré que « le futur président de la République sortira de l’UDPS » ?

La volte-face du président national de l’UDPS après les affrontements sanglants des combattants à Bruxelles n’aura pas convaincu les plus durs des combattants surnommés « Samouraïs » qui tiennent à son éviction pour haute trahison. Ces combattants, qui exigent un congrès extraordinaire du parti, voudraient double-cliquer à droite pour renvoyer l’« icône » à la corbeille, simplement parce que vieillot et mal en point. « Nous ne sommes plus dans l’ancien testament », entend-t-on parler dans les milieux udpsiens, où les jeunes combattants tiennent à ranger les « vieilles casseroles dans les placards ».

Ainsi, les frondeurs, cadres et membres de l’UDPS, vivant en exil en Europe et au Canada ont organisé un « conclave » à Bruxelles du 18 au 20 septembre dernier, qui a clôturé ses travaux dimanche, en désignant André Kalonzo Ilunga, comme président provisoire du parti, « après avoir fait le constat d’une vacance de leadership à la tête du parti, sur base de nombreux éléments et faits », selon un communiqué adressé à l’agence Belga. Ce président provisoire a pour mission de « préparer un congrès extraordinaire du parti » qui aura lieu en novembre prochain.
Les participants ont également accepté, de manière consensuelle, de proposer au congrès extraordinaire la candidature du docteur François Tshipamba Mpuila comme candidat UDPS à l’élection présidentielle prévue en 2016 en République démocratique du Congo, ajoute le texte.

A tout prendre, l’UDPS est au bord d’une énième explosion. Une explosion qui pourrait toucher fatalement l’âme du parti. Les « Samouraïs » indiquent haut et fort qu’ils sont porteurs des charges explosives. Ils sont prêts à monter sur les chevaux et refusent tout dialogue avec la majorité, de peur de glisser dans la falaise où beaucoup de partis pourraient laisser leurs vies.