Diversification économique, comme levier pour le développement à long terme, selon l’agence de développement des Nations Unies.
Les Gouvernements en Afrique devraient mettre en place des règles budgétaires, des fonds souverains d’investissement et d’autres mécanismes pour atténuer la fluctuation de leurs économies, selon un nouveau rapport publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
«Des produits comme le pétrole et l’or ne doivent pas être associés à une malédiction », a déclaré Abdoulaye Mar Dieye, Directeur du PNUD pour l’Afrique. Le Directeur a poursuivi sa déclaration en précisant que «Pour aider l’Afrique à réaliser son ambitieux programme d’éradication de la pauvreté, nous devons mobiliser toutes nos ressources productives pour avoir un impact réel dans la vie des pauvres, s’assurer que personne ne soit laissé pour compte et de mettre des mécanismes en place afin que les personnes vulnérables puissent résister aux chocs pour ne pas retomber dans la pauvreté. »
Le rapport du PNUD, « Primary Commodity Booms and Busts: Emerging Lessons from sub-Saharan Africa », a été lancé lors de la 10ème Conférence Economique de l’Afrique, qui a ouvert ses travaux aujourd’hui à Kinshasa.
« C’est comme le conte du cricket et de la fourmi, où un insecte tourne au ralenti tout l’été tandis que l’autre se prépare pour l’hiver. Si les pays n’épargnent pas et ne gèrent pas leurs revenus de manière adéquate pendant les périodes d’expansion, lorsque les prix des matières premières baissent, il y’a très peu de chance autre que l’austérité et un arrêt accablant de développement », a déclaré Ayodele Odusola, économiste en Chef au Bureau Régional du PNUD pour l’Afrique.
Les recettes d’exportation de l’Afrique ont augmenté de six fois entre 2001 et 2011, grâce à une forte demande des économies à revenu intermédiaire comme la Chine, le Brésil et l’Inde. Entre 2011 et 2014, en raison d’une forte baisse des prix des matières premières, la croissance par habitant sur le continent a diminué de moitié par rapport aux dix années précédentes.
« Il y a eu une tendance à augmenter les dépenses en période d’expansion et à les réduire au cours des baisses de prix, plutôt que d’assurer des niveaux stable et durable des dépenses au cours du cycle de prix des matières premières, » a ajouté Odusola.
En outre, le rapport montre la sur-dépendance des économies aux matières premières, en particulier les ressources minières et le pétrole souvent associés à des niveaux les plus élevés de corruption et même de conflits, l’inégalité des revenus, ainsi que des indicateurs sociaux tels que la prévalence des maladies, les taux de mortalité plus élevés et un accès inégal à l’éducation.
Afin d’éviter ces ralentissements, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour le développement, les pays peuvent initier un certain nombre d’options qui peuvent réellement stimuler la croissance économique à long terme et le développement au fil du temps. Les fonds souverains, par exemple, peuvent constituer une épargne pour les générations futures et être utilisés pour gérer rationnellement les investissements au fil du temps. Pour atteindre cet objectif, les fonds souverains doivent cibler simultanément la stabilisation et l’objectif d’épargne à long terme.
D’autres mesures comme la fiscalité, le taux de change et les politiques monétaires pourront améliorer les économies de sorte que des ressources suffisantes soient disponibles pour maintenir les dépenses suite à une baisse des prix des matières premières.
Le rapport fournit des analyses détaillées sur l’impact du cycle de prix des matières premières sur les dix économies africaines tributaires des matières premières et qui gèrent avec succès l’impact de la baisse des prix sur leurs économies.
Au Botswana, par exemple, le « Fonds Souverain Pula » a conduit à une meilleure gestion macroéconomique et une croissance rapide, et semble avoir été associée à une meilleure gouvernance et à la qualité des institutions.
Au Nigeria, la politique locale est orientée pour relier le secteur pétrolier avec le reste de l’économie.
En Ethiopie, la politique budgétaire a conduit à une accélération de la collecte des impôts, tout en augmentant les dépenses en faveur des pauvres, y compris dans l’infrastructure physique.
Au Ghana, des mesures sont prises par le « Ghana Cocoa Board » (Cocobod) pour émettre des obligations sur l’énergie et le cacao pour financer ses immobilisations et ses besoins en infrastructure à long terme.
Sur le long terme, les économies africaines devraient être diversifiées de manière à minimiser les risques, indique le rapport. Les produits de base représentent plus de 60 pour cent des exportations de marchandises dans 28 des 38 pays Africains avec des données récentes. Chaque économie africaine avec des données, sauf l’Afrique du Sud, a un indice de concentration des exportations supérieure à la moyenne pour les pays en développement, à l’exception de la Chine.