Les ambassadeurs de l’Onu redoutent une dégradation possible de la crise au Burundi. A l’issue de leur réunion, vendredi 23 janvier, avec le président Pierre Nkurunziza, ils ont estimé que solution aux tensions actuelles dans le pays est le dialogue.
«On redoute effectivement toujours une dégradation possible. Et c’est la raison pour laquelle on est venue ici pour échanger avec les autorités burundaises. Le Conseil de sécurité estime qu’il n’y aura pas de solution par la force à la crise actuelle», a affirmé l’ambassadeur de la France au conseil de sécurité de l’Onu, dans une interview accordée à la presse.
La délégation onusienne dit avoir terminé sa mission avec satisfaction après avoir fait passer son message de paix à toutes les parties impliquées au conflit burundais.
De son côté, le président Nkurunziza a rejeté devant ses hôtes les appels pour un dialogue inclusif.
« Nous avons déjà pris notre position et avons envoyé notre délégation dans ce dialogue (à Arusha). Notre position est de respecter la constitution et l’accord d’Arusha », a déclaré le chef de l’Etat Burundais.
Il a également refusé l’idée de l’envoi d’une force d’intervention internationale au Burundi.
« Entre nous et la communauté internationale, il y a des principes à respecter pour que de telles décisions (sur l’envoi d’une force internationale au Burundi) soient prises », a ajouté Nkurunziza.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a décidé mi-décembre l’envoi d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5 000 hommes, pour tenter d’enrayer la crise.
Ce que le président Pierre Nkurunziza a prévenu qu’elle serait considérée comme une « force d’invasion et d’occupation » et combattue comme telle.
La délégation onusienne a dit être attentive à cette perception du président Burundais qui exerce un troisième mandat sous haute tension dans son pays.
La visite des membres du Conseil de sécurité est la deuxième en moins d’un an au Burundi. Le pays est plongé dans une grave crise depuis l’annonce fin avril de la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat controversé.
Ce déplacement marque l’inquiétude internationale d’une nouvelle spirale incontrôlable dans ce pays d’Afrique des Grands Lacs, à l’histoire postcoloniale jalonnée de massacres entre majorité hutu et minorité tutsi.
Les violences actuelles ont déjà fait plus de 400 morts et contraint à l’exil plus de 200 000 personnes, selon l’Onu, citée par l’AFP.