Le Fonds mondial pour la nature (WWF) s’est inquiété vendredi 5 février à Kinshasa de la dégradation des aires protégées provoquée par l’activité humaine en République démocratique du Congo.
« Le constat n’est pas encourageant, on est plutôt dans une logique de dégradation et de déclin », aussi bien « en terme de faune que de flore et d’équilibres écologiques », a déclaré à l’AFP Cyril Pélissier, chef de Programme d’appui aux aires protégées (Parap) du WWF en RDC, en marge d’une conférence sur l’avancement de ce projet.
Le réseau des aires protégées de la RDC (parc nationaux, réserves naturelles, etc) couvre environ 11% du territoire de la RDC, et l’objectif est d’atteindre 17% du territoire national d’ici à 2020.
Une des tâches du Parap consiste à fournir au gouvernement des données fiables et actualisées sur ces aires protégées dont beaucoup sont encore assez mal cartographiées.
La RDC compte cinq sites naturels classés par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, mais tous dans la catégorie « en péril ».
Grand comme cinq fois la France, le Congo abrite plus de 60% des forêts denses du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l’Amazonie, et abrite une biodiversité très riche, encore loin d’avoir été totalement répertoriée.
Selon M. Pélissier, la RDC est le pays d’Afrique qui compte le plus grand nombre d’espèces de mammifères.
L’absence de développement, de services publics dans de nombreux coins du territoire et les conflits armés qui continuent dans la moitié Est du pays sont à l’origine d’une forte pression sur les ressources naturelles.
« De nombreuses aires protégées n’ont de protégé que le nom », reconnaît M. Pélissier : on y braconne, et on y coupe du bois ou on y pêche illégalement.
Ces pratiques sont « destructives mais la réelle difficulté qu’éprouve le paysan congolais [dans sa vie quotidienne, NDLR] explique en partie cette dégradation », estime M. Pélissier.
L’expert du WWF trouve néanmoins « des raisons d’espérer » dans de « nombreuses aires protégées » du fait de la prise de conscience par les communautés locales de l’importance de protéger leur environnement proche.
Dans ces zones, dit-il, « les communautés se sont elles-mêmes emparées de ce thème et ont elles-mêmes cherché à apporter des réponses face à ces dynamiques assez inquiétantes de déclin, même si très peu d’entre elles ont de véritables leviers d’actions pour changer les choses à l’heure actuelle ».