Depuis que l’homme existe, il a toujours rêvé d’aller découvrir ce qui se passe de l’autre côté de l’horizon. Cédric Bakambu a hérité des explorateurs du passé la même soif d’aventure et de découverte. À seulement 24 ans, il a quasiment déjà épuisé toutes les pages de son passeport. Depuis Paris la cosmopolite jusqu’à l’électrique Kinshasa, de la bourdonnante Bursa à la relaxante Villarreal, l’attaquant à la mode de la Liga espagnole n’a jamais eu peur de l’exotisme depuis le début de sa courte carrière. « Dans la vie, il faut savoir prendre des risques », explique-t-il à FIFA.com.
Pour comprendre les rêves du buteur de Villarreal, il faut connaître ses origines. C’est par là que commence son récit. « Mes deux parents sont originaires de la République démocratique du Congo. Ils sont nés à Kinshasa, la capitale, mais ils ont émigré vers la France et je suis né à Paris. J’ai grandi avec les deux cultures et j’en suis très fier parce que c’est une richesse », estime-t-il.
Il démontre très vite un talent pour le football et c’est à 15 ans qu’il est repéré par le FC Sochaux Montbéliard. S’il séduit les recruteurs, c’est autant pour son comportement sur le terrain qu’en dehors. « Mes parents m’ont bien élevé et mes frères m’ont aussi donné de bons conseils. À l’école, j’étais toujours le premier de la classe. Je suis plutôt calme et ça se voit aussi sur le terrain », détaille-t-il.
En 2011, il marque un but sur les sept matches disputés à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA en Colombie, qui voit la France finir au quatrième rang. Mais cette sérénité cache un esprit de globe-trotter qui se fait jour quelques années plus tard. La descente en Ligue 2 de Sochaux en 2014 le pousse à changer de vie. Alors qu’il reçoit des offres de L1, d’Angleterre et d’Allemagne, il tente le grand saut en filant en Turquie. Toutefois, il n’atterrit ni à Istanbul, ni dans l’un des grands clubs du pays, mais à Bursa, ville de quatre millions d’habitants située au cœur du pays. Vingt et un buts en 39 matches plus tard, Bakambu ne peut que se réjouir de sa décision. « J’ai pris un risque, mais dans la vie, il faut savoir ce que l’on veut. J’étais motivé, déterminé. Je savais que ma carrière ne se terminerait pas en Turquie. J’avais besoin de rebondir quelque part et ça a marché », assure-t-il.
L’appel de ses racines
Cette belle saison à Bursa ne passe pas inaperçue et, un an plus tard, l’attaquant fait ses valises direction Villarreal. Mais il répond peu avant à un autre appel, celui de l’équipe nationale de la République démocratique du Congo, qui lui permettra de découvrir encore de nouvelles choses. « Je n’étais jamais allé au Congo avant cela, mais je n’ai pas hésité une seconde. C’est le pays de mes parents, donc le mien aussi. Il ne faut jamais oublier ses racines », souligne le buteur d’1m82.
L’arrivée à Kinshasa pour le match contre le Burundi, comptant pour les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018, s’avère une expérience déterminante dans la vie de Cédric. « C’était une énorme découverte, j’étais très surpris. C’est un pays assez pauvre, mais cela n’empêche pas les gens de garder le sourire », raconte l’ancien Sochalien. « Ça m’a beaucoup marqué. Et je me suis dit que si mes parents n’étaient pas partis en France, j’aurais pu faire partie de ces enfants qui rêvaient de me toucher ».
Cette proximité si différente des habitudes européennes le surprend encore aujourd’hui. « Les gens sont très tactiles. Ils nous reçoivent à l’aéroport comme si on était des chefs d’État », ajoute-t-il. « Ils sont très aimables avec les joueurs. Chaque rassemblement est une fête. C’est juste un peu compliqué pour les adversaires, parce que la passion est énorme. Mais c’est pareil quand on va jouer dans un autre pays d’Afrique. On ressent toujours cette pression ».
Pas de limites
Avec Bakambu, la RD Congo est déjà qualifiée pour la phase de groupes de la compétition préliminaire africaine. L’attaquant du Sous-Marin jaune est convaincu que le rêve est à portée de main. « Nous savons bien que le pays n’a plus joué la Coupe du Monde depuis 1974. C’est très long ! On a une équipe compétitive, avec un bon mélange de ‘locaux’ et ‘européens’. Si la mayonnaise prend, allez savoir jusqu’où on peut aller… », prévient-il.
Mais avant cela, l’objectif de Bakambu s’appelle Villarreal. Auteur de 12 buts en 24 matches, il est l’un des grands artisans du parcours réussi par la grande surprise de la Liga. « Ici, la vie est différente. C’est une petite ville, très tranquille. C’est décontracté. Mais je me suis bien adapté », savoure-t-il. « Mes coéquipiers m’aident beaucoup et les buts arrivent tout seuls ! Bon, j’aurais aimé en marquer davantage, c’est vrai (rires) ! Nous sommes quatrièmes maintenant. Peut-être qu’on finira le championnat à la même place… ».
Beaucoup de rêves dans la tête de Bakambu, presque autant que de coups de tampon sur son passeport. Quid de son horizon ? Prévoit-il de nouveaux voyages ? Sa réponse ne laisse aucune place au doute. « Bien évidemment ! La Ligue des champions et Russie 2018. Je suis ambitieux et j’aime bien me fixer des objectifs. Je fais confiance à la vie, il ne faut pas avoir peur ».