Sur fond d’incompréhension ou de mauvaise foi… Bras de fer entre Kinshasa et Washington

Qui ne dit mot consent, dit un adage. Depuis environ un mois des diplomates occidentaux, particulièrement américains, rivalisent de locutions pour tenter d’orienter le fonctionnement de la politique et des institutions de la République démocratique du Congo. Le ton s’est clairement défini lors du passage à Kinshasa du Secrétaire d’Etat américain John Kerry qui a déclaré l’hostilité de son pays à la modification d’un moindre détail de la Constitution congolaise. Comme il était attaché à l’organisation absolument de l’élection présidentielle à l’échéance de 2016.
Comme à l’accoutumée, les politiciens congolais se sont saisi de l’opportunité pour enfler et donner valeur de Parole de Seigneur à la prestation oratoire de l’homme d’Etat américain. Le silence du gouvernement congolais à ce sujet donne du tonus à des personnalités de l’opposition extrémiste et des diplomates étrangers qui multiplient les festins au quotidien. Le pouvoir est dans la rue – pardon aux Etats-Unis – se seraient-ils dit. Ainsi, succédant à son ministre des Affaires étrangères, Russ Feingold, sénateur américain et Envoyé spécial des Etats-Unis dans les Grands Lacs, se devait de répéter la rengaine : pas de modification de la Constitution, pas question d’un nouveau mandat pour Joseph Kabila…
La ballade s’est poursuivie par des politiciens congolais en quête de pouvoir dans les chancelleries occidentales. Excédé, Joseph Kabila rompt le silence le samedi 31 mai en rappelant à l’ordre, sur un ton ferme, les diplomates en poste dans la capitale congolaise. Toujours pas de position solennelle des Etats-Unis dans la suite de la protestation déclenchée par la prestation de ses diplomates. Tel que souligné ci-haut, le silence observé par Washington insinue l’idée du soutien de l’administration Obama aux différents propos de ses diplomates. 
D’où l’estocade du Ministre congolais des Médias, également Porte-parole du gouvernement. Au cours d’un échange avec la presse, le samedi 07 juin dernier, Lambert Mende s’est insurgé contre le jeu mesquin de certains diplomates nostalgiques de l’époque coloniale. « Il doit être bien entendu que nous ne faisons pas aux diplomates le reproche de recevoir et d’échanger avec des Congolais quels qu’ils soient. Ce que nous réprouvons, c’est l’interventionnisme débridé de certains dans les domaines relevant des prérogatives des institutions congolaises. Il n’est pas admissible qu’un émissaire étranger se permette d’enjoindre à notre CENI de revoir la nomenclature du cycle électoral en considérant que les élections locales sont moins importantes que les autres », a signifié Lambert Mende. 
Le Ministre congolais s’interdit d’enfourcher des gants dans ce duel.  » Il appert assez clairement que l’Envoyé spécial américain fait chorus avec une frange de l’opposition connue pour ses thèses extrémistes et nihilistes (…) Ce n’est pas parce que le Président de la République exige, conformément à la Constitution, que tout le monde, y compris nos partenaires extérieurs respectent l’indépendance de la Commission électorale qu’il s’apprête à manipuler la constitution », désigne-t-il le diable et ses séides qui s’apprêtent à mettre le feu en la demeure. Avant de prévenir :  » Nous ne nous tairons plus à ce sujet car les Ambassadeurs et les Envoyés accrédités auprès de la RDC n’ont jamais été gratifiés d’un mandat de tuteur desdites institutions qui sont le fruit du choix démocratique des Congolaises et des Congolais. 
Visiblement, le gouvernement congolais affiche sa ferme désapprobation de la tentative de certains diplomates entreprenant de jouer les premiers rôles dans la politique intérieure d’un Etat souverain.  » On en vient à croire que toutes ces saillies expriment l’agacement de ceux qui ne se satisfont plus de n’être que des émissaires de leurs pays ou organisations internationales en RDC et qui voudraient s’offrir un rôle de proconsuls en RDC, déplore Mende Omalanga.
Il en est de même du chantage orchestré sur fond de promesse de financement des élections prétendument réclamées à cor et à cri par la communauté internationale. Déterminé à déloger l’hypocrisie de ces partenaires ; pour lui ces partenaires « ramènent à la surface la problématique des promesses non tenues en 2011 par les mêmes. Une attitude de mauvaise foi qui avait contraint le gouvernement congolais à prendre en charge la quasi-totalité du financement des élections législatives et présidentielle d’alors pour lesquelles l’apport de la communauté internationale fut marginal ». Inutile donc de nous flaquer au visage ce chantage maintes fois répété car l’idée que sans l’apport des partenaires paternalistes, la RDC cesserait d’exister a été bel et bien démentie en 2011, a craché Lambert Mende. 
A la lecture du ton adopté par le Ministre congolais des Médias et de la Communication, la tentation est forte de croire à l’expression d’un ras – le – bol devant les incursions des pays étrangers dans la gestion de la RDC. Incursions empreinte de dédain, de dénigrement de l’autorité de ceux qui tiennent les brides et qui sont réduits à des simples commis au service des « seigneurs » nichés outre-Atlantique. Reste à savoir si les autres vont s’incliner devant le poids de la vérité ou entreprendront de laver l’affront pour convaincre le monde de la prépondérance de leur autorité au Congo démocratique.

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