Les pétroliers brandissent le spectre de la hausse du prix du carburant qui menace la surchauffe des marchés

Il n’y a pas vraiment de cartes. Rares sont les rues qui ont la chance de posséder un nom. Même Google Maps est déboussolé. Parmi les mégapoles africaines

Comme chat échaudé, il a suffi que les stations services accusent une perturbation de leurs services depuis vendredi à Kinshasa pour que le public entrevoie le retour des envolées du prix du carburant dont on connaît les néfastes effets d’entraînement sur la surchauffe des marchés en RDC, ce qui demande un sursaut de clarification du gouvernement pour éviter la panique qui ferait tout basculer.

La raréfaction volontaire du carburant est l’orage qui annonce l’augmentation du prix du litre à la pompe. Le modus operandi est connu par cœur par les usagers. La surenchère succède à la rareté pour finalement aboutir à une révision à la hausse. Jeudi 10 juillet, de longues files d’attente des véhicules agglutinés devant les quelques rares stations-service encore ouvertes. Les pétroliers distributeurs ont ainsi décidé de faire monter la pression d’un cran pour faire plier le gouvernement.

Sur tous les marchés de Kinshasa, excepté jusque-là celui de change, la surchauffe est perceptible. Les prix des biens de consommation de base ont pris de l’ascenseur. Une augmentation d’environ 15% est constatée depuis un temps, sans une justification plausible sur la structure intrinsèque des prix. La seule explication qui tienne est celle de la loi de l’offre et de la demande consécutivement à la fermeture décidée de la filiale importation des vivres d’Orgaman.

La rareté a provoqué la surchauffe au point que le panier de la ménagère s’est sensiblement allégé. Le pouvoir d’achat des agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi que de tous les Congolais a subi un sérieux coup. Faudrait-il s’attendre à une accalmie voire à un retour au prix d’avant la surchauffe ? Difficile de répondre par l’affirmative. De tradition, les prix haussent sans retomber quelle que soit la tendance. Ce n’est donc pas maintenant qu’un terme sera donné à cette tradition.

Matata bloque les pétroliers distributeurs

Comme si cela ne suffisait pas et malgré les assurances de la Troïka stratégique dans un compte-rendu fait à la presse par le ministre délégué aux Finances, une nervosité a fait jour auprès des pétroliers distributeurs. Après plusieurs conciliabules auprès de locataire de l’immeuble de l’Onatra, ils sont tombés d’accord sur une nouvelle structure du prix du carburant à la pompe. Selon des indiscrétions, la hausse se situerait dans la proportion de 50 francs congolais. Face à ce que les pétroliers considèrent comme un blocage de la part du Premier ministre, ils ont décidé de mettre suffisamment de pression afin d’obtenir ces 50 francs congolais supplémentaires qui font cruellement défaut à leurs marges bénéficiaires.

A ce jour, le litre de l’essence se négocie à 1 400 francs congolais à la pompe, environ 1,5 dollar américain. Quant au gasoil, le prix à la pompe s’affiche jusque-là à 1 380 Fc. La guerre de nerf provoquée par les managements des pétroliers distributeurs de Kinshasa vise donc à faire fléchir la position du Premier ministre Matata Ponyo qui « étudierait » minutieusement la proposition des pétroliers à travers le ministère de l’Economie nationale qui a chargé de la fixation des prix sur le marché congolais. L’argument des pétroliers distributeurs a comme base le prix moyen frontière, qui aurait subi une augmentation de l’ordre de 6%, selon la radio onusienne. Cette augmentation daterait du mois de février 2014.

C’est donc à la demande du gouvernement que les pétroliers ont accepté de bloquer la machine, espérant une embellie entre-temps. La digue ne tient donc plus. Les pétroliers ne voudraient plus supporter, seuls, ce poids sans que le gouvernement participe à l’effort. L’un des pétroliers distributeurs s’est confié à radio Okapi, il s’agit de Emery Mbantshi Bope, qui déclare : « Depuis le mois de février nous sommes en train de geler les prix, c’est-à-dire le prix n’est pas le prix réel qui devait être appliqué à la pompe.  Il fallait réviser la structure des prix,  mais le Premier ministre  avait demandé qu’on gèle  jusqu’au mois de juin. Nous sommes au mois de juillet, nous avons enregistré des pertes et ces pertes dépassent l’ordre des 5 millions de dollars américains. Alors, pour arrêter l’hémorragie,  nous avons pris l’option de rationaliser la vente du carburant ».

Le calvaire des usagers

L’autre versant de cette perspective est le calvaire que subiront les usagers. L’impact du carburant sur la vie au quotidien ne touche pas qu’au transport. Cette augmentation influera notablement sur le niveau de la vie des populations. Des surcharges qui viennent s’accumuler sur le poids déjà porté par les populations. L’onde de choc de cette pression exercée sur le Premier ministre Matata Ponyo touche directement la population qui a effectué de longues distances à pieds, après de longues attentes devant les arrêts de bus et autres taxis.

C’est ici le lieu de fustiger l’insouciance des dirigeants lorsqu’il s’agit de livrer l’information au public. Les pétroliers, qui ont opté pour la manière forte, savent qu’ils obtiendront gain de cause à la suite de la pression. Au gouvernement d’intégrer la vérité des prix en cette matière stratégique lorsque l’un des éléments de la tarification de carburant subit une variation notable. L’effet de surprise avec sa cohorte d’incertitudes qui a hanté les Kinois jeudi 10 juillet sur les artères de la capitale congolaise sous le froid de la saison sèche. Cette arme fatale peut aussi se retourner contre les pétroliers, s’ils ne s’avisent pas à orienter autrement leur pression sur le gouvernement. Quant à l’Exécutif national, il a l’obligation de pratiquer la vérité des prix au risque d’être accusé de maquillage des chiffres.

Le Potentiel

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