L’accord politique signé mardi à Kinshasa, entre la majorité et une frange de l’opposition, ne satisfait pas une bonne partie de la société civile, et notamment l’organisation Lutte pour le Changement (Lucha), basée à Goma. L’ONG Human Rights Watch, de son côté, reste sceptique quant à un avenir plus apaisé en RDC.
Pour Serge Sivya, militant de la Lucha, l’accord néglige l’aspiration des Congolais à avoir une alternance démocratique à la fin de l’année comme l’énonce la Constitution.
« Cet accord est une provocation parce que la population depuis longtemps a demandé qu’il y ait alternance. C’est un accord qui répond seulement aux intérêts des politiciens et laisse le président de la République dépasser son mandat constitutionnel et qui donne à d’autres, et notamment aux opposants, le pouvoir [de] se replacer dans la politique pour leurs intérêts personnels, individuels. Mais [cet accord] ne tient pas compte des aspirations de la population qui, depuis janvier 2015, a demandé mordicus qu’il y ait alternance à cette année 2016 », estime Serge Sivya.
La Lucha prévoit donc de lancer un appel à toutes les forces vives de la nation pour constituer un front qui continuerait de demander l’organisation d’élections au plus vite, bien avant 2018.
Crainte de nouveaux troubles
Autre réaction celle de l’ONG Human Rights Watch. L’organisation de protection des droits de l’homme s’inquiète que l’accord politique signé à Kinshasa ne permette pas d’apaiser les tensions en RDC. HRW appelle à ce que de nouvelles négociations plus inclusives s’ouvrent et que le président sortant donne un signal clair qu’il va quitter le pouvoir à la fin de son mandat.
« C’est un accord qui a été trouvé sans la participation de la plupart des partis politiques de l’opposition, rappelle Ida Sawyer, chercheur sur la RDC pour HRW. Donc ce n’est pas vraiment le résultat d’un dialogue inclusif. Ça, c’est une inquiétude. L’accord qui a été trouvé, selon plusieurs analystes, ne respecte pas la Constitution et ne donne pas assez de garanties qu’il y aura une alternance et que les élections seront organisées le plus vite possible. D’autres calendriers avant n’ont pas été respectés, donc je pense que beaucoup de gens posent la question : quelles sont les garanties qu’un nouveau calendrier sera respecté si le président reste au pouvoir après la fin de son mandat constitutionnel le 19 décembre ? »
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