« Dans beaucoup de pays africains, les footballeurs professionnels n’ont pas de statuts clairement définis ou même pas de statut du tout », déplore la star ivoirienne Didier Drogba jeudi, jour de la mise en ligne d’une carte interactive sur les conditions de travail dans le foot.
C’est la FIFPro – le syndicat mondial des footballeurs – qui a réalisé cette carte édifiante sur la situation des joueurs dans le monde, deux semaines après avoir publié une étude approfondie sur le sujet.
« Beaucoup de footballeurs africains n’ont pas droit aux vacances et n’ont pas accès aux soins dont ils ont besoin pour travailler. Cela doit changer », souligne encore Drogba (38 ans), ancienne vedette de la sélection ivoirienne et président d’honneur de la division Afrique de la FIFPro.
Sur la carte mise en ligne jeudi, on découvre ainsi que plus de 85% des footballeurs professionnels de République démocratique du Congo n’ont pas de contrats écrits. 57% n’ont aucun jour de pause dans la semaine, pour un salaire compris entre 300 et 600 dollars par mois.
Selon la FIFPro, le pays d’Afrique centrale est aussi l’un des plus dangereux pour exercer son métier avec près d’un joueur sur quatre victime de violences et 35% menacés par des supporters.
En Côte d’Ivoire, le pays de Drogba, le syndicat explique que « les clubs manquent souvent d’argent et que les joueurs ne sont payés qu’occasionnellement au bon vouloir de leurs dirigeants ».
67% des joueurs professionnels ivoiriens n’ont pas de copie écrite de leurs contrats et 55% affirment se sentir dans une situation d’insécurité professionnelle.
Au Gabon, là où doit se tenir la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (14 janvier-5 février), les footballeurs qui évoluent dans les championnats locaux sont ceux qui subissent le plus de retard de paiements dans le monde, selon cette enquête.
« Les joueurs endurent des conditions précaires et indignes », s’offusque le syndicat local, cité par la FIFPro.
La carte permet d’explorer la situation dans d’autres pays du monde comme le Venezuela touché de plein fouet par une grave crise économique. « C’est difficile de vivre, à la fin du mois, on est à court d’argent », témoigne José (le nom a été changé), un joueur de 30 ans qui perçoit 200 dollars par mois et préfère signer des contrats courts à cause de l’hyperinflation. « Après six mois, ton salaire ne vaut plus rien », confie-t-il.
Fin novembre, la FIFPro avait publié une étude réalisée avec l’Université de Manchester et qui se base sur le témoignage de près de 14.000 joueurs évoluant dans 54 pays.