On peut l’aimer ou le détester, l’ancien président de la CENI a dit des vérités dans sa dernière sortie publique. Dans une tribune intitulée « Elections 2023 : le bon et le mauvais pas au regard de l’expérience », Corneille Nangaa, fort de son expérience, avise sur la survenance encore aujourd’hui des facteurs qui ont failli mettre à feu et à sang le pays à cause d’une mauvaise approche du processus électoral. Il s’agit, essentiellement de l’exclusion, de l’absence de consensus sur les grandes de même que la méfiance quasi morbide entre parties prenantes au processus électoral.
A peine sortie dans les médias et les réseaux sociaux, la tribune de Corneille Nangaa a suscité un tollé général dans l’opinion. Les commentaires sont allés dans tous les sens selon l’obédience de chacun. Pour Martin Fayulu, l’ancien président de la CENI devrait se taire car il serait complice de l’insécurité actuelle en Rdc. Poussant le bouchon plus loin le candidat malheureux de la présidentielle de 2018 a traité Corneille de pervers narcissique. Il a été suivi par d’autres commentateurs qui ont vu dans ladite tribune une façon pour Corneille Nangaa de se jeter des fleurs sur sa prestation pourtant controversée à la tête de la Centrale électorale.
Notre confrère Kileba Pok-a-Mes parle d’une sorte de plaidoyer pro domo ». Malgré toutes les critiques acerbes lancées a son encontre, Corneille Nangaa révèle des faits irréfutables. « Il s’observe que les facteurs sujets à inquiétude lors du processus électoral de 2018 sont en train de se reconstituer », avertit-il avant de citer la querelle sur le manque de consensus dans la désignation/nomination des acteurs clés devant intervenir dans l’organisation des scrutins, l’annonce des résultats provisoires, le traitement du contentieux électoral et la proclamation des résultats définitifs.
Corneille Nangaa constate également que l’opposition, comme hier, peine à se structurer et proposer une alternative crédible. Il estime que c’est la méfiance foncière entre acteurs politiques qui est à la base de ce positionnement en ordre dispersé des partis et regroupements politiques. Cette instabilité rend les acteurs politiques vulnérables et manipulables à souhait. Aussi le vagabondage politique devient-il un comportement au nom du dynamisme de la politique lequel ne serait en réalité qu’une recherche de la satisfaction des intérêts égoïstes des uns et des autres. Cela au grand dam du souverain primaire placé dans une situation d’assujettissement.
Grande gueule ou pas, Corneille Nangaa insiste sur la nécessité du consensus politique sur les grandes options à lever par toutes les parties prenantes au processus en cours. Il cite un rapport du CEPPS qui note que « l’absence de consensus politique sur la préparation des élections demeure le grand obstacle à l’organisation des élections en Rd-Congo. Daté de 2016, ce rapport est toujours d’actualité. « C’était vrai hier, c’est toujours vrai à ce jour », dit l’ancien président de la CENI qui est d’avis qu’un minimum de consensus dans une approche inclusive serait indispensable pour garantir des élections libres, transparentes, crédibles, inclusives et apaisées ; cela dans le strict respect de la constitution et des lois de la République.
Ne serait-ce pas là une manière de se repentir de la part de celui qui est accusé d’avoir falsifié les résultats des scrutins de 2018 ? Ne met-il pas en garde contre les manœuvres dont pourrait se rendre coupable le leadership actuel à la tête du pays ? C’est un coup de gueule qui peut être interprété selon l’entendement de chacun.
LR