2015 a été la quatrième année la plus chaude depuis 1880, date de début des relevés météorologiques. Les températures moyennes ont augmenté de 0,73°c, un record jamais inégalé. Le seuil de + 1°c de réchauffement a même été franchi dans l’hémisphère Nord.
Ce record s’explique en partie par les actions de l’Homme, mais les météorologues y ajoutent une explication naturelle : le phénomène El Niño, un courant d’eau chaude au large de l’Amérique du Sud qui réchauffe la planète entière et dérègle le climat mondial.
Débuté en mars 2015, «le phénomène El Niño en cours sur le Pacifique équatorial est l’élément majeur de l’état actuel du système climatique planétaire», a expliqué Météo France dans sa prévision saisonnière publiée le 18 décembre 2015.
Signifiant littéralement « l’enfant Jésus », El Niño est un phénomène climatique naturel «dont on retrouve des traces au XVIIIe siècle», explique Dominique Raspaud, prévisionniste à Météo France. Il désigne le réchauffement des eaux de surface au large de l’Amérique du Sud, associé à des variations de l’atmosphère entre l’Est et l’Ouest du Pacifique.
Ce phénomène peut alors avoir des conséquences directes sur les conditions climatiques des régions qui bordent le bassin Pacifique.
Il occasionne, entre autres, des hausses de températures, des vents violents, des inondations, des sécheresses. Il apparaît d’une manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans, et atteint son intensité maximale entre novembre et janvier.
L’épisode en cours pourrait durer jusqu’au premier trimestre de 2016 avant de s’affaiblir. L’épisode El Niño actuel est comparable à celui de 1997-1998, qui était le plus puissant à avoir été observé depuis 1950.
Cet épisode avait engendré près de 34 milliards de dollars de pertes économiques directes et fait 24 000 victimes, selon les évaluations du Bureau des programmes mondiaux de la ‘’National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) », l’agence américaine qui étudie l’océan et l’atmosphère.
Pour l’organisation humanitaire Oxfam, l’épisode actuel d’El Niño constitue «une crise de dimension mondiale» qui «risque d’avoir des conséquences tragiques».
L’ONG appelait, en novembre 2015, à un «soutien international urgent» pour aider les régions les plus touchées, notamment l’Amérique du Sud, l’Asie, le Sud de l’Afrique et le Pacifique.
Un appel qui n’a apparemment pas été entendu alors que El Niño n’est pas prête de s’arrêter et avec elle, ses conséquences désastreuses.
Selon le Met Office, l’agence britannique de prévisions météorologiques, la température mondiale devrait dépasser en 2016 le niveau record atteint en 2015.
De ses prévisions publiées le 17 décembre 2015, il ressort que cette année, la température se situerait entre 0,72°C et 0,96°C au-dessus de la moyenne observée pendant la période 1961-1990 avec une prévision centrale de +0,84°C soit une hausse de 0,95° par rapport à la moyenne du 20e siècle.
Au regard de ce tableau sombre, il est impératif que toutes les parties signataires de l’Accord de Paris sur la COP21 respectent ses engagements pour contenir le phénomène de réchauffement climatique qui a des conséquences drastiques sur la santé et le développement.