Afrique: La CPI à l’épreuve de sa légitimité

Les couacs observés lors du procès Gbagbo-Blé Goudé cette semaine ont ravivé les accusations contre la légitimité de la Cour pénale internationale (CPI) à rendre une justice équitable. Revue de presse.

Un peu plus d’un demi-millier de « preuves à décharge » ont été divulguées à la procureure Fatou Bensouda le 25 janvier 2016, soit deux jours avant l’ouverture du procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, révèle L’inter.

Cette action de la défense de Laurent Gbagbo est intervenue, précise le journal, conformément au règlement de la Cour qui permet au procureur de « prendre connaissance » des éléments de preuves de la défense.

Guerre autour des preuves

À La Haye comme à Abidjan, la guerre autour des éléments de preuves est déjà engagée. À commencer par « la vidéo de Soro diffusée par la défense de Gbagbo » à l’audience de la veille.

Dans cet extrait, « l’on voit Soro Guillaume donner des instructions à son armée de l’ex-rébellion MPCI nouvellement rebaptisée Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) », raconte LG infos.

« Un véritable acte de guerre qui cache difficilement la réelle intention de cette marche dite pacifique », s’offusque le quotidien.

Cette vidéo, rétorque L’Intelligent d’Abidjan, « n’est pas du camp Ouattara ». Elle « avait même suscité la suspicion dans le camp RHDP sur les personnes qui auraient pu filer les images », car « c’est après les évènements et la marche du 16 décembre 2010, que la RTI a diffusé la vidéo », affirme le journal.

À la CPI, soirinfo a aussi assisté à une autre « grosse bataille » des preuves entre la procureure et la défense à propos d’une présentation par son bureau d’une photo d’enfant au témoin P547, rapporte le quotidien. Requête finalement rejetée par le juge Tarfusser, rejoignant la position de la défense.

Faux pas et excuses de la CPI

« Amateurisme », « gros ratés », « mensonges », « contradictions », « méconnaissance » de la Côte d’Ivoire, « longue suite de défaillances », « des témoins insolites », « une défense de connivence », de « grands absents ».

Bref, pour la journaliste française Leslie Varenne, le procès en cours est « un désastre », « une farce judiciaire », rapportent LG infos et L’inter.

« Si ce procès arrive à son terme, ce qui n’est pas certain, il n’y aura que des vaincus », car « aucune vérité ne peut sortir de cette Cour », fustige la directrice de l’Institut de veille et d’études des relations internationales et stratégiques (Iveris).

Côté CPI, l’heure est au mea-culpa après la divulgation accidentelle de l’identité de certains témoins, relaie L’inter.

Après les excuses publiques du juge-président, Marc Dubuisson – du service d’Appui judiciaire de la Cour – s’est voulu rassurant quant à la sécurité des témoins, via une vidéo rendue publique sur le site de l’Institution, confie Le Sursaut.

Cette revue de presse hebdomadaire est publiée en partenariat avec l’agence Infopresse.